Après quelques années difficiles (une sombre histoire de COVID paraît-il), la grande messe californienne du vélo est de retour en grande forme. J’ai parcouru les allées du salon de la Sea Otter Classic pour vous dénicher les dernières nouveautés, les plus beaux vélos et les plus belles pièces exotiques.

Le renouveau de la gamme gravity Continental

Après plus de quatre années de développement, la marque allemande a entièrement remis à plat sa gamme gravity. C’est bien simple, tout change ! C’est sûrement la plus grosse nouveauté de ce salon et c’est pour cette raison qu’on vous a préparé un article dédié qu’on publiera dans la foulée. Pour les impatients sachez que cette nouvelle gamme se compose de 4 modèles de pneus (dont un modèle différencié avant/arrière, soit 5 profils), 3 carcasses et 3 gommes. Le tout disponible (à terme) en 2 largeur (2.4 et 2.6) et 2 tailles (27.5 et 29).

Nouvelle gamme Continental

FOX PROFRAME RS

Pour ouvrir le bal des nouveautés présentes sur le salon, Fox nous a présenté le successeur du Proframe, l’un des premiers casque intégral d’enduro à proposer une grande ventilation. Si le nom et la ligne globale restent proches, ce Proframe RS est plus proche du nouveau casque que de la simple évolution.

Le premier axe de travail a été axé sur l’ergonomie et le confort. Désormais le Proframe RS est doté d’un réglage occipital boa, de plusieurs épaisseurs de mousse sur les joues et d’une boucle magnétique. La visière possède désormais trois positions, dont une suffisamment relevée pour mettre son masque. Il est possible de verrouiller la visière à l’aide d’une petite vis afin d’empêcher tout mouvement parasite lors de l’utilisation de la fixation gopro intégrée.

Le deuxième axe de travail concerne la sécurité et plus précisément une nouvelle génération de MIPS. Ici finit la petite couche plastique jaune entre les mousses de confort et le casque. A la place on retrouve une construction à deux coques articulées. La coque externe est en EPS comme sur la plupart des casques. La coque interne, elle, est en EPP, une mousse plus souple qui permettrait au casque de pouvoir absorber plusieurs impacts de faible intensité. Une bonne chose quand on sait qu’il est recommandé de changer un casque traditionnel après chaque impact. La technologie MIPS intervient sous forme de plusieurs plots qui relient les deux coques et leurs permettent une meilleur articulation que le MIPS classique. Pour finir, ce nouveau Proframe RS sera disponible en 6 coloris, d’un jaune fluo bien flashy au discret noir mate.

661 Recon et Percept

La plus anglaise des marques californiennes présentait sur son stand sa nouvelle gamme de protections Recon. Présentée il y a déjà quelques temps, cette gamme de genouillères et coudières se compose des Recon, protections légères pour le trail et des Recon Advanced pour l’enduro. Les Recon utilisent une protection D3O ghost extrêmement ventilée et une construction en lycra et mesh très légère. Elle passent tout de même la certification CE 1621-1 et garantissent donc une vrai protection de l’articulation. Les Recon Advanced utilisent quand à elles un pad D3O classique, plus couvrant et plus épais. Pour offrir plus de protection, les genouillères sont dotées de multiples petites mousses sur les cotés et le haut de la protection principale. Pour finir, il est possible d’installer une protection plastique en plus pour augmenter encore le niveau de protection. Il est intéressant de noter que, contrairement à certains concurents, cette coque plastique n’est pas nécessaire pour passer les certifications. Enfin tous les modèles Recon sont compatibles avec les padlocks des shorts et gilets Evo. Il s’agit de petits liens à pression qui permettent d’attacher les différents éléments de protection entre eux pour éliminer le risque de glissement.

Avec la gamme de masques premium Precept, 661 présentait sa grande nouveauté. La qualité de la finition se remarque au premier coup d’oeil. En particulier le modèle bleu marine et or. Par rapport à leur gamme actuelle, ces masques seront un peu plus couvrants et le strap plus large. De cette façon, ces masques seront aussi compatibles avec une pratique MX. Au delà du design et du plus grand champ de vision, ces Precept se voient aussi dotées d’un système de changement rapide au moyen de deux petits leviers sur le coté.
Ces Precept devraient être disponibles un peu plus tard dans l’année dans les trois coloris présentés et avec un choix entre vitre transparente ou miroir.

Five-Ten

Au stand Five Ten, j’ai pu admirer la récente Freerider mid pro VCS. Il s’agit d’une version montante et étanche de la freerider pour permettre aux fans des pédales plates de rouler au sec même dans les pires conditions. Le détail qui fait mouche se retrouve à la cheville avec un petit pad D3O pour protéger nos malléoles.

La vraie nouveauté s’adresse au bikepackers et autres fans de raid où il faudra bien marcher. En effet, avec la nouvelle TrailCross CL (pour clip-in) Five Ten propose une chaussure adaptée à la marche qui manquait à son offre. La construction est légère et très aérée et la semelle rigide pour aider au pédalage ne couvre que la moitié de la longueur totale. La semelle externe suit cette construction avec la partie centrale au dessin « DOT » qu’on retrouve sur les modèles vélo et des parties pointe et talon avec un dessin plus proche des modèles de randonnée. A titre de comparaison, une hellcat possède une semelle renforcée sur trois quarts de sa longueur et sur une Kestrel, c’est toute la longueur qui est rigidifiée.

DVO

Du côté des suspensions, la marque américaine avait son nouveau TOPAZ 2 en présentation. L’amortisseur a subit une grosse cure de jouvance. Au programme augmentation des diamètres de tige en interne pour améliorer la fiabilité face à des pratiques plus engagées. La tête de l’amortisseur a aussi été revue, comme sur les nouveaux Jade, afin d’améliorer la compatibilité avec les différents cadres et la demande grandissante de bidons dans le cadre.
Ce qui ne change pas, c’est le packaging ultra premium avec une mallette dure et une mousse découpée sur mesure.

J’ai aussi pu glaner quelques informations sur le futur amortisseur « inline » de la marque. On a déjà le nom: Opal et il serait presque prêt à être présenté officiellement. Je n’ai pas plus d’information, mais on m’a annoncé qu’en interne il y aurait du « jamais vu » qui lui permettrait de jouer à armes égales avec des amortisseurs comme le cane-creek inline.

EXT Aria et Storia

La petite marque italienne n’était pas venue les mains vides sur le salon. La grosse nouveauté, celle que l’on attendait depuis que les images du prototype avaient fuitées, c’est le premier amortisseur à air de la marque qui répond au doux nom de Aria. Du côté de l’hydraulique, on retrouve la nouvelle plateforme de chez EXT avec 15 clicks de réglage pour les compressions haute et basse vitesse et le rebond basse vitesse. Contrairement aux anciens Storia, cet Aria intègre un réglage de la butée hydraulique qui permet de contrôler la fin de course et donc d’éviter les talonnages. Enfin le levier de « blocage » fonctionne sur son propre circuit et permet de choisir le type de fonctionnement.
La grande particularité de cet Aria est de proposer deux chambres positives. On retrouve cette technologie sur quelques modèles de fourche mais à ma connaissance aucun amortisseur actuel (en tous cas chez les grandes productions) ne possède ce système. L’idée est simple, en jouant sur la différence de pression entre les deux chambres, il est possible de modifier la courbe de raideur du ressort. On peut donc facilement passer d’un comportement progressif à linéaire (possible aussi grâce à une volumineuse chambre négative). Pour simplifier, vous pouvez imaginer qu’il s’agit d’un token réglable.

Il ne s’agit pas vraiment d’une nouveauté, mais EXT avait aussi le joli E-Storia en présentation. Si l’amortisseur à ressort est marketté comme e-bike spécifique, en réalité il peut convenir à toutes les pratiques. Il partage la même hydraulique que l’Aria avec cette nouvelle tête qui favorise le dégagement du triangle avant et donc une meilleure compatibilité avec les cadres modernes. Un travail a aussi été réalisé sur les valves pour réduire le bruit de fonctionnement de l’hydraulique qui était régulièrement reproché aux précedentes versions. La tige principale est désormais en acier pour offrir une meilleure résistance (d’où l’appellation e-bike).
Ce Storia se voit doté d’un ressort négatif en interne. Le but est d’avoir la plus grande sensibilité possible en prenant en compte le poids de la roue arrière dans le réglage de la précontrainte du ressort.

Pour finir EXT avait ce petit Aria caché parmi les amortisseurs auto et moto. Il s’agit d’un amortisseur destiné au XC et à la première monte pour une marque italienne. Il sera probablement possible pour d’autres compagnies ou peut être même pour des particuliers de se procurer cet amortisseur dès qu’il sera mis sur le marché.
Ce qui est sûr, c’est que ce modèle sert de base de travail pour un amortisseur à air nettement plus évolué qui posséderait un réservoir externe et donc une hydraulique plus travaillée et probablement plus de réglages.
Le but est clairement de s’attaquer au segment trail/all-mountain et venir concurrencer le cane creek double barrel inline ou l’ohlins ttx22.

Polygon Mt.Bromo et proto

Lancé assez discrètement il y a déjà un an, le Polygon Mt.Bromo est le dernier né de la marque taiwainaise. Cet e-bike cache bien son jeu puisque sa silhouette pour le moins classique cache une suspension 6-bar linkage. Sans être une révolution en soit (ce design est connue depuis longtemps) ce type de cinématique reste assez confidentiel dans le milieu du vtt. Le seul autre vélo à utiliser ce type de cinématique est un certain Yeti 160E… En théorie ce genre de design permet de mieux dissocier le travail sur la courbe de ratio et celui sur la trajectoire de roue arrière. On devrait donc obtenir des suspensions encore plus efficaces.

En pratique il semble surtout que ce soit une bonne solution pour proposer une suspension convaincante pour les e-bikes tout en tenant compte de l’encombrement du moteur. Chez Polygon on m’a aussi glissé que ce genre de suspension est bien moins coûteuse à entretenir que leur cinématique phare R3ACT qui semble être définitivement abandonnée.

Sur le stand Polygon se cachait aussi ce prototype de vélo d’enduro. Aucune information spécifique ni date de sortie ne m’a été communiquée mais le vélo avait l’air très proche du stade de commercialisation et est utilisé par les pro de la marque, y compris sur les épreuves de la Sea Otter. On retrouve là encore une cinématique 6-bar et au vu de l’équipement installé je parierai sur un débattement de 160-170mm. Ce qui est sûr, c’est qu’il s’agit du successeur du Siskiu N.

Orange Switch 7

Comment moderniser ses vélos sans renier ses origines lorsque l’on s’appelle Orange ? La marque anglaise est mondialement connue pour ses vélos encore fabriqués outre-manche, au look adorablement rétro et particulièrement reconnaissable et surtout pour leur conception ultra-simple en mono-pivot basique. Si cette cinématique permet de limiter le nombre de points de pivot et de les dimensionner largement, gage de fiabilité, elle limite aussi grandement la liberté des ingénieurs et les performances de la suspension arrière.
Face à une concurrence toujours plus pointue, la réponse des anglais s’appelle le Switch 7. Au menu le mono-pivot et la ligne globale des vélos de la marque sont conservés, mais un système de biellette est venu se cacher dans le bras arrière massif. Résultat la courbe de ratio a pu être travaillée librement.
Au delà de ces considérations, cet enduro propose une géométrie bien agressive, 170mm de débattement et un montage mullet uniquement.

We Are One

La marque canadienne présentait deux nouvelles versions de son vélo fabriqué « in-house » (comprendre fabriqué dans leurs locaux) comme toute leur gamme. En réalité il s’agit d’un kit de biellettes pour modifier leur Arrival. Actuellement leur vtt 29″ développe 152mm de débattement arrière. En changeant la biellette supérieure et en réduisant la course de l’amortisseur de 5mm (ajout d’une simple cale à l’amortisseur déjà installé) vous obtenez un Arrival 130. En changeant l’amortisseur (pour un modèle à entraxe et course plus longue) et les deux biellettes vous obtenez un Arrival 170. Pour le moment ces kits ne seront disponibles qu’au détail et pas sur des montages complets.

Les prémices d’une nouvelle gamme de jantes. Pour le moment 3 modèles sont prévus en 28-30-33mm de largeur interne et seulement 17mm de haut. Si les employés de la marque m’ont annoncé une grosse augmentation de la solidité tout en améliorant la souplesse et le confort grâce à une nouvelle fibre (ou du moins son tissage), le détail de la recette reste secret.
La petite révolution des ces jantes se distingue au premier coup d’œil sur la forme. En effet l’intérieur de la jante n’est pas arrondi comme on en a l’habitude, mais prend une forme polygonale. L’idée ici est d’aller plus loin que la simple orientation des trous de rayons en ayant l’ensemble de la jante qui pointe en direction des flasques de moyeux. De cette façon l’écrou de rayon appui mieux sur le fond de la jante et la jonction est bien plus solide.

Kenda Karma 2

Pour finir ce round de nouveautés de la Sea Otter, passage par le stand Kenda. La marque de pneus, en plein renouveau depuis quelques années, présentait une toute nouvelle version de son Karma. Le pneu se destine au down-country et all-mountain avec un profil polyvalent. L’absence de carcasse renforcée l’exclu des pratiques enduro engagées mais pas d’une pratique randuro plus douce. Avec ses crampons assez bas et nombreux, l’objectif est d’offrir un bon compromis entre grip et résistance au roulage.

Juste à côté on retrouvait le pneu enduro/DH de la marque, le pinner. Le pneu développé avec Aaron Gwin lors de son cours passage dans les effectifs de la marque existe en de multiples gommes et carcasses et propose un profil bien plus agressif.

Rémi Poulain
Je suis le mécano fetichiste d'outillage de la team. Baroudeur dans l'âme, quand je ne suis pas derrière mon guidon à l'aventure sur les plus beaux trails, vous risquez de me trouver à l'atelier, une clé à la main et une petite mousse jamais loin.