Test | Rockrider E-FEEL 900S Team Edition : Enfin un vrai VTTAE !

Nous avons pu rouler les Rockrider E-EXPL 520S pendant la réalisation de nos tutos pilotage VTTAE. Ce sont les VTTAE destinés à la pratique loisirs et découverte. A l’essai aujourd’hui, un modèle bien plus affûté : le Rockrider E-Feel. C’est le nouveau VTTAE dédié à la pratique sportive du catalogue de la marque française. Avec un cadre made in Canada et un rapport prix/équipement bien placé, on se demande ce qu’il a vraiment dans les tripes ! Réponse dans cet essai du Rockrider E-FEEL 900S Team Edition…

Le Rockrider E-FEEL c’est le tout premier « vrai » VTTAE (comme on l’entend dans l’équipe) développé par Rockrider. Certains pourraient nous citer le Stilus mais ce modèle n’était pas un VTTAE développé par la marque française. Le E-FEEL a été mis au point par les équipes Rockrider basées à Passy proche de Chamonix. Un spot plutôt judicieux pour concevoir et tester des VTT !

Le cadre du E-FEEL est intégralement en aluminium et est fabriqué au Canada. Sa cinématique de type Horst Link développe un débattement arrière de 150mm avec une fourche en 160mm et un montage de roues 29 pouces. Pour faire tourner la machine, Rockrider a fait appel au géant nippon Shimano. Sur les Rockrider E-Feel, nous retrouvons donc un moteur EP6 sur le modèle 700S et EP801 pour les deux modèles plus haut de gamme (900S et 900S TE), alimentés par une batterie de 630Wh sur tous les modèles. Le moteur Shimano EP801 fait parti des moteurs références sur le marché. Il développe un couple maximal de 85Nm et une puissance en crête de 600W. Des valeurs que l’on retrouve chez son concurrent numéro 1 : le Bosch Performance CX.

La gamme Rockrider E-FEEL

Au catalogue, 3 E-FEEL sont donc disponibles : le 700S, le 900S et le 900S Team Edition. Comme à son habitude, Rockrider propose des tarifs très attractifs. Il faudra débourser 3 499€ pour s’offrir le modèle entrée de gamme, 4 499€ pour le 900S et 5 499€ pour la version Team Edition et son équipement premium. Passons en revue les 3 modèles :

L’équipement du 900S TE

Nous avons testé le Rockrider E-FEEL dans sa version la plus haut de gamme : le 900S Team Edition. Son équipement est plutôt alléchant. Suspensions RockShox Ultimate, dérailleur électrique Shimano XT Di2, roues Mavic E-DEEMAX S et freins TRP Trail Evo. Tout y est, il n’y a rien a jeter ! Ah si… le seul reproche que nous avons trouvé à l’égard de ce Rockrider E-FEEL, c’est sa potence un poil longue et son cintre au galbe assez particulier.

Géométrie du ROCKRIDER E-FEEL 900S TE

Le ROCKRIDER E-FEEL hérite d’une géométrie aux gouts du jour pour son segment All-Mountain. Il est assez compact et taille petit. Par exemple, Adrien qui mesure 1,78m s’est senti à la limite supérieure du VTTAE. A l’inverse, avec mon 1,68m, je me suis senti parfaitement à l’aise à son guidon alors que je suis souvent sur la limite inférieure sur la plupart des tailles M que j’ai à l’essai. En taille M, son Reach est de 445mm, c’est assez court. Pour vous donner une idée, le Reach du Moustache Game 7 dans la même taille est de 461mm. Son empattement global est compact (1240mm) et son angle de direction s’ouvre à 65° degré ce qui est dans la moyenne pour ce type de machine. Enfin, l’angle de tube de selle est bien redressée puisqu’il affiche 76.5°.

Aspects pratiques et finition

Dans l’ensemble, la finition de ce Rockrider E-Feel 900S Team Edition est correcte mais assez basique. La peinture noire brillante de notre modèle d’essai est bien réaliséemais s’est montrée fragile. Dans nos conditions boueuses de ce printemps en Rhône-Alpes, elle s’est très vite rayée. Le cadre est couvert de micro rayures. Un kit de protection sera judicieux si l’on veut garder un bel aspect.

Le cadre du E-FEEL est Made In Canada. L’équipe Rockrider nous a confié vouloir s’implanter sur le territoire nord américain et la conception sur place serait un vrai avantage. Les soudures au niveau de la douille de direction sont massives mais plutôt propres. Ce qui n’est pas le cas des soudures au niveau du tube de selle et sur la partie inférieure du triangle arrière qui sont assez voyantes. Elles sont assez grossières avec de gros bourrelets peu esthétiques.

Les protections du E-FEEL sont sommaires, un premier pad est positionné au niveau du passage de la chaine sur les bases arrières. Celui-ci n’est pas très généreux et nous avons constaté quelques traces de chaine sur le cadre proche du pédalier. Il n’y a pas de protections sur les haubans. Sur le triangle avant, le sabot moteur du Shimano EP801 et le cache batterie font office de protection pour le tube diagonal. Le cache batterie est donc facilement remplaçable en cas de casse sur un impact.

En parlant de praticité, ROCKRIDER intègre un support pour GPS dans la potence. Il offre une bonne fixation et un parfait maintien du compteur et GPS. Pour accéder au support c’est assez simple, il suffit d’enlever le cache en plastique sur le haut du té de la fourche et d’y clipper son appareil. Ce support ne modifie pas le fonctionnement du jeu de direction avec un serrage par étoile.

Le point fort du E-FEEL c’est sa batterie facilement démontable. Un vrai plus pour ceux qui n’ont pas la chance d’avoir un stockage avec une prise à portée de main. La manipulation se fait facilement. Vous avez seulement besoin d’une clé Allen de 4mm qu’il faut insérer dans l’orifice situé sur le haut du cache batterie et tourner. Ensuite, la batterie bascule légèrement (elle ne peut pas tomber) et il faut faufiler ses doigts entre le cadre et la batterie pour déverrouiller la sécurité. Il ne vous reste plus qu’à faire coulisser votre batterie vers le haut et le tour est joué !

ROCKRIDER E-FEEL 900S TE – L’essai Terrain

Avec Adrien, nous avons roulé le ROCKRIDER E-FEEL 900S TE pendant plus de deux mois afin de le tester sur un maximum de terrains possible. Du Vercors à la Chartreuse en passant par les pistes des 7 Laux et celles du Trail Center d’Echirolles, une chose est sûre : notre E-FEEL a vu du pays !

Le Moteur Shimano EP801

Avant de partir directement sur les sentiers, on vous propose un petit point sur la motorisation Shimano EP801, son écosystème et son fonctionnement.

Sur le marché des solutions d’assistance VTT, Shimano et Bosch dominent clairement les parts de représentativité. Le moteur EP801 est le concurrent direct du Bosch Performance CX. Concurrent sur le papier, mais selon nous, avec une approche très différente. Pour être honnête, cela faisait un moment que nous n’avions pas roulé le moteur Shimano et nous avons été agréablement (re)surpris.

L’EP801 propose 5 modes d’assistance différents qui sont tous intégralement paramètrable sur l’application E-TUBE disponible sur iOS et Android. Vous pouvez par exemple, régler la puissance d’assistance, le couple maximal, la réactivité de chaque mode… L’application est très complète voir trop car attention à ne pas s’y perdre. Sur le terrain, avoir 5 niveaux d’assistance s’avère très utile car cela permet d’adapter finement son assistance aux types de de terrains, à l’itinéraire et à l’intensité de sa sortie. Friand d’un usage sportif du VTTAE, nous avons essentiellement utilisé le mode Boost pour s’amuser pendant minimum 3h !

L’EP801 est couplé à une commande déportée et son écran d’affichage de la gamme EN600. La commande permet de sélectionner son niveau d’assistance, d’activer l’aide à la marche et de switcher entre les différentes infos affichées sur l’écran. La commande se manipule correctement mais nous sommes unanimes : nous préférons largement la version EM800 plus ergonomique. La commande EN600 est assez plate, et tombe moins naturellement sous le pouce. L’écran est positionné à côté de la potence, ce qui lui permet d’être très peu exposé en cas de chute. Les informations disponibles sont très complètes. En revanche, il a tendance a se rayer facilement et la lisibilité devient alors plus délicate au soleil.

Avec sa (petite) batterie de 630Wh, le E-FEEL 900S TE offre une bonne autonomie. Dans le niveau d’assistance le plus élevé et sans se soucier une seconde de ma consommation, j’ai parcouru facilement 1400m de dénivelé positif à chaque sortie. En étant moins gourmand sur l’assistance moteur, j’aurais facilement atteind les 2000m de d+. Il faut tout de même rappeler que je suis un petit gabarit pesant 63 kg et plutôt affuté physiquement, ce qui joue évidemment sur la consommation moteur.

Comment grimpe le ROCKRIDER E-FEEL 900S TE ?

Lorsqu’on parle d’un VTTAE All-Mountain, on attend qu’il soit polyvalent dans les 2 sens de la pente. Boone surprise en montée, le bilan général du E-FEEL est assez positif. C’est un vélo avec lequel on peut partir à la journée pour réaliser de belles sorties ! La position est confortable et on est bien installé à son guidon. Le moteur Shimano EP801 offre une assistance au pédalage naturelle et douce. Selon nous, il est plus facile à prendre en main et doser que son concurrent allemand. Revers de la médaille, on ressent moins cette sensation d’être poussé et de piloter une mini-moto.

Le Rockrider E-FEEL se prend facilement en main et on se sent direct à la maison. Il se montre très stable et donne confiance. Sur les pistes forestières et sentiers roulants, aider par ses grandes roues en 29″, le ROCKRIDER offre un rendement très correct. Les Mavic E-DEEMAX S y sont pour quelque chose ! Lorsque le sentier devient plus technique et demande des changements de rythmes plus brutaux, on ressent un manque de dynamisme. Le triangle arrière est très souple et lorsqu’on le sollicite pour prendre appuie et franchir un obstacle, on sent que le E-FEEL 900S TE est assez mou et ne renvoi pas toute l’énergie. Cette souplesse vient compense une cinématique qui n’est pas la plus sensible que nous ayons pu avoir à l’essai. Les Grip 500 aidés par la souplesse du cadre offrent une bonne motricité.

Sur notre E-FEEL haut de gamme, nous avons pu découvrir le dérailleur Shimano XT Di2 alimenté par la batterie du moteur. Sur le papier, le Di2 permet de pouvoir passer les vitesses automatiquement. Sur le 12 vitesses, le mode automatique en montée n’est pas disponible pour préserver la santé du dérailleur arrière. C’est un peu dommage mais tout à fait logique pour éviter les changements de vitesses en pleine charge. Adrien et moi avons par contre adoré la réactivité que le Di2 offre sur ce dérailleur XT. Les changements de vitesse sont précis, rapides et bien francs. Le freeshift (passage automatique et sans pédaler des vitesses en descente) fonctionne plutôt bien en mode manuel où l’on vient shifter pour anticiper un coup de cul. Le système actionne le moteur pour faire tourner le plateau et passer la vitesse. On moins convaincu par le mode automatique qui peut être utile quand on a besoin de relancer mais pas dans les changements de dénivelé ou l’œil et l’anticipation du pilote sont bien plus efficaces.

Lorsque la pente s’accentue, l’E-FEEL propose une position assez neutre. Il ne cabre pas et donne l’envie de grimper chaque raidard que l’on croise. D’ailleurs, dans cet exercice, on ressent que le moteur Shimano EP801 a quand même des watts sous le capot et on peut compter sur lui pour réaliser des franchissements. Dans les épingles et virages serrées, on peut même s’amuser à ressortir sur la roue arrière grâce à l’agrément de la motorisation et la répartition des masses qui est bien étudiée.
Dans le D+, le Rockrider E-FEEL 900S TE se distingue par son confort, sa stabilité et sa facilité. C’est un VTTAE idéal pour partir à la journée sur une randonnée à la cool entre copains. Il n’est pas fait et n’a pas la prétention de performer en prenant le départ d’une Power Stage de coupe du monde. Son manque de dynamise serait un handicap.

Comment descend le ROCKRIDER E-FEEL 900S TE ?

En descente, le ROCKRIDER E-FEEL 900S TE demeure fidèle à ses atouts en montée. Il se montre confortable et accessible. Sa prise en main se fait très facilement et on se sent direct en confiance. Pas besoin de faire 2 ou 3 descentes pour le cerner, on ressent rapidement que c’est un délicieux caramel mou ! Avec Adrien, nous nous sommes rendus compte dès les premières sorties, que nous réglions l’amortisseur arrière avec bien plus de rebond qu’à notre habitude. Sur le parking, le réglage de détente de l’amortisseur parait rapide mais sur le terrain il s’avère bon. La souplesse du triangle arrière a tendance à absorber l’énergie des appuis qu’on fournit au ROCKRIDER.

Cette souplesse est un vrai avantage. Le triangle arrière se déforme et offre un très bon grip dans les virages. A son guidon, l’angle se met naturellement et on prend plaisir à découper les virages relevés. Il est aussi à l’aise sur des traces plus naturelles comportant des enchainements de virages serrés et de nose-turns où cette souplesse permet d’offrir de la tolérance et du grip. Ce grip aurait pu être sublimé par un choix de pneumatiques de meilleure qualité. Si les Grip 500 offrent de bonnes prestations sur un VTT, la carcasse est peu light sur un gros VTTAE. On trouve rapidement la limite lorsqu’on élève le rythme. Peut-être que des Grip 900 auraient été plus judicieux au vu des capacités en descente de ce E-FEEL 900S TE.

Cette grande souplesse du triangle arrière a des avantages mais aussi des (gros) inconvénients. Comme dit plus haut, lorsque l’on pousse sur les pédales, on ressent que l’arrière du vélo est mou et peu dynamique. En réalité, ce qui nous inquiète c’est les contraintes latérales que subit l’amortisseur arrière. C’est impressionnant ! L’amortisseur est monté en Trunnion (vis de fixation au sein de la tête d’amortisseur) avec un énorme bras de levier partant de son pied jusqu’à l’axe arrière du VTTAE. Rien qu’en poussant sur la roue arrière à la main, le plongeur de l’amortisseur se décalent de presque 1 cm par rapport à l’axe de la tête de l’amortisseur. L’amortisseur travaille donc en contrainte ce qui peux questionner sur sa durée de vie.

J’ai donc décidé de pousser à l’extrême notre essai en emmenant notre Rockrider E-FEEL 900S TE en station, aux 7 Laux. Pour ceux qui ne connaissent pas, c’est une petite station sur les hauteurs de Grenoble réputée pour ses champs de racines ! Le spot idéal pour enchainer les rotations et pousser le Rockrider dans ses retranchements. C’est simple, après mes calculs je prenais 1% de SAG par descente de 280m de dénivelé. Autant vous dire qu’après une matinée de ride, je suis passer de 27% de SAG pour revenir au camion avec 37%. Adrien qui est bien moins énervé n’a pas constater de perte de pression sur le SuperDeluxe. Il faudra tout de même bien pensé à surveiller l’amortisseur et être assidu sur l’entretien des suspensions.

Outre cette de souplesse du triangle arrière, j’ai été franchement étonné par les capacités du E-FEEL ! Malgré des petits défauts que je vous détaille de suite, c’est un vrai VTTAE que j’ai apprécié rouler ! J’ai été surpris de prendre la roue des locaux, en toute confiance, sur les pistes les plus engagées de la station.
Il se montre globalement très stable et hyper rassurant. La RockShox ZEB aux avant-postes fait un sacré boulot. Elle permet d’avoir confiance et de charger l’avant sans crainte ! Lorsque le rythme s’intensifie, on ressent le manque de précision du vélo. On doit alors batailler avec lui pour essayer de conserver une trajectoire propre. Lorsque les contraintes latérales sur l’amortisseur deviennent trop intenses, celui-ci se fige et le confort en pâtit… ça tape fort dans les chevilles.

Je ne pense pas que ce E-FEEL soit conçu pour être mis sur siège alors revenons à une utilisation plus adaptée.
Sur les sauts, nous avons été agréablement surpris par sa bonne répartition des masses. Il demande un petit peu d’effort pour décoller mais une fois en l’air il se montre très maniable et équilibré. On prend confiance et on essaye toujours de tirer plus !
Ce E-FEEL 900S TE nous a également offert la découverte des freins TRP Trail Evo que nous n’avions jamais eu l’opportunité de rouler. C’est une bonne découverte ! Nous avons apprécié leur ergonomie, le toucher est super agréable et ils sont progressifs et facilement dosable. Avec les deux disques en 203mm et la ZEB, le freinage du Rockrider est assez bon. Il pourrait être encore meilleur sur les gros freinages où l’on sent la cinématique se figer légèrement.

Il manque un peu de caractère et de répondant mais sa docilité, son confort et sa stabilité sont des vrais atouts pour un VTTAE All-Mountain. Son domaine n’est clairement pas la vitesse et la performance mais plutôt chiller sur les sentiers et s’amuser entre copains ! Avec le Moustache Game c’est sans aucun doute l’un des VTTAE les plus accessibles que nous avons eu en essai. Pour finir, la comparaison avec le Game, le E-FEEL 900S TE est un très bon VTTAE All-Mountain plus facile à manier pour prendre du plaisir que le Game qui lui est un gros VTTAE Enduro plus enclin à partir sur des sentiers plus accidentés. Dans le global, Adrien et moi avons pris du plaisir au guidon du Rockrider.

ROCKRIDER E-FEEL 900S TE : C’est l’heure du bilan !

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Test du ROCKRIDER E-FEEL 900S TE en vidéo :