Canyon en quelques mots et pour rappel à ceux qui vivraient dans une grotte, c’est le leader européen si ce n’est mondial de la vente de vélos par correspondance. Ils ont été les pionniers de la démarche et font aujourd’hui référence en proposant des rapports prix/équipements toujours très bons et des vélos souvent aboutis. La marque allemande entend aujourd’hui renouveler son modèle iconique : le Spectral. Si ce n’est pas une mince affaire de renouveler un best-seller, l’ambition est grande puisqu’à entendre le communiqué de presse, Canyon entend tout bonnement redéfinir le genre ! Voyons maintenant si ce nouveau Canyon Spectral est à la hauteur de ses ambitions.
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CANYON SPECTRAL CF9
VTT Trail débattement de 140/150mm Poids 15,4 Kg | Prix 5049€ € Testé par Arthur et Hugo
Au catalogue depuis 2014, Le Spectral évolue au fil du temps pour rester à la pointe et se positionner au mieux dans la gamme de la marque. Ce qui n’est pas si simple quand vous êtes le couteau suisse d’une gamme. En effet, il peut vite vous être reproché de grignoter du terrain sur vos voisins. Ce fût le cas du modèle précédent, sorti en 2020. Du haut des ses 150mm de débattement arrière et 160mm devant, il empiétait un peu sur les terres du Strive au débattement assez proche. Idem pour le Spectral 125 qui venait s’infiltrer au côté du Neuron. Canyon a voulu trancher et l’enduro à proprement parler restera désormais l’affaire du Strive. Quand au Spectral, un vaste programme lui est prédestiné : retrouver le segment All-mountain (qu’on appelle aussi Trail de nos jours).
La marque s’est focalisée sur la rigidité du cadre. Le vélo perd 10 mm de débattement et passe en 140mm de arrière et 150mm devant. Le triangle avant s’élargit massivement pour optimiser sa rigidité et également faire rentrer le nouveau système KIS breveté par Canyon. Le cadre est en carbone et les formats de roues Mullet 29/27,5 et 29 pouces interchangeables. Le cadre se voit paré d’un flipchip au niveau de l’amortisseur mais également au niveau de la roue arrière pour adapter le format de roue car le vélo est roulable dans les deux formats.
Fidèle à son image de marque, Canyon propose des tarifs plutôt attractifs. La gamme commence à 3 449€ avec le CF7 en suspensions Fox Rythm/Perf et groupe Shimano SLX. Elle culmine à 6999€ avec le CF LTD en full Fox Factory, groupe XX AXS et roues carbone DT Swiss. Notre modèle d’essai, le Spectral CF9, n’a pas trop à rougir avec ses 5049€ au garrot et un équipement digne de ce nom comme nous allons le voir ci-dessous. La gamme alu ne comporte que 2 modèles, une entrée de gamme à 2199€ et une un peu mieux équipé à 2699€ et reste l’ancien modèle du Spectral.
Les chiffres
Nous avons reçu le vélo en taille L. La géométrie nous aura laissé un peu bouche bée au premier abord. Ceci en lien avec les proportions XXL de ce bike. On est sur un trail, rappelons le, et on dispose de pas moins de 500mm de reach. Pour un taille L c’est du jamais vu pour nous. L’empattement est lui aussi assez grand avec 1272mm dans cette version mullet. Heureusement, les roue en 27,5′ et les bases arrières de 437mm (fixes quelque soit la taille), vont sûrement nous permettre de manier correctement le bestio. Reste l’angle de chasse de 64° plutôt timide presque comparé au reste et le tube de selle assez relevé avec 76,5° et suffisamment long en L pour ne pas avoir besoin d’une tige de selle trop grande. Tout cela augure d’un vélo original et plutôt moderne !
L’équipement
Canyon Spectral CF9
Fourche RockShox Lyrik Ultimate RC3
Amortisseur RockShox Super Deluxe Ultimate
Dérailleur SRAM GX AXS T-TYPE
Shifter SRAM AXS ancienne gén.
Cassette SRAM T-TYPE 10-52
Pédalier SRAM GX Eagle
Roues DT SWISS XM1700
Pneus Maxxis Minion DHR II 2.5
Freins Sram Code RSC
Disques Sram HS2 200/200mm
Tige de selle Canyon
Selle Ergon
Cintre Canyon G5
Potence Canyon G5
1 de 6
Le Spectral CF9 est un must niveau équipement. Il n’y a vraiment pas grand chose à lui repprocher. Bon ok, la version LTD pousse le bouchon encore plus loin mais disons que nous sommes déjà bien lotis avec cette version. Tout d’abord avec des suspensions de premier rang de chez Rock Shox. Le choix est pertinent pour le segment. Les freins sont des Codes RSC, eux aussi largement suffisants pour le programme. On a une bonne paire de roues prête à toutes les épreuves avec les DT XM1700, solides et durables. La transmission GX AXS T-Type vient parachever ce beau montage avec un choix pertinent à mon sens sur la commande AXS. Canyon a laissé l’ancienne qui rend le T-Type un chouillat plus réactif. Enfin pour chipoter un peu, le poste de pilotage Canyon G5 s’il est technologique et bien pensé, est un peu avare niveau look. Enfin, vu le prix du vélo, il est clair et net que le rapport prix/équipement est canon, même parmi les marques en ligne.
Look et Finition
Look
Le nouveau Canyon n’impressionne pas tellement quand on le voit sur le site web de la marque. Mais quand on l’a devant les yeux, on prend pleine mesure des nouvelles cotations. Les tubes sont quasiment aussi larges que sur un e-bike et ça lui donne un côté gaillard que j’ai personnellement beaucoup apprécié. On dirait un gros enduro. Le choix de l’amortisseur horizontal est plus original et lui va toujours aussi bien ! A vélo atypique, couleur atypique ! Le coloris No Neon est engagé et divise pas mal. C’est original et pas vraiment répandu mais on aurait apprécié un travail en plus sur la peinture. La partie jaune est gloss et le reste matte, ce qui ne met pas vraiment en valeur le vélo. Nous avons préféré le coloris de la version Collective qui à l’air d’en jeter grave !
Les différences en comparaison de l’ancien sont discrètes mais entre la largeur des tubes et ce triangle avant qui semble ne jamais s’arrêter, on ne s’y trompe pas. Si vous aviez un doute, l’ajout du KIS sur le top-tube et de la box en bas de triangle avant viendront trahir le nouveau rejeton.
Finition
La finition a fait un sacré bon en avant chez Canyon. Le Spectral 2020 était déjà très réussi mais la c’est encore mieux. Le vélo n’a rien à envier aux meilleurs de la catégorie. La peinture est propre et solide. Le cadre dispose de belles protections au niveau de la boîte de pédalier et de la base arrière côté chaîne. L’ajout de deux pads au niveau du raccord inférieur entre les 2 triangles est bien vu car c’est un endroit où les petits cailloux ont vite fait de se loger et abîmer la peinture. Le passage interne par la douille de direction est réussi et respire la qualité. Le câblage est guidé dedans, ce qui facilitera les opérations de maintenance. Au global, que du bon sur toute la ligne.
L’intégration du KIS est, elle aussi assez clinique. Niveau visuel, certains penseront que c’est la console d’un VTTAE mais le bouton est bien fait et n’abîme pas la peinture à l’usage. Petit point qui peut être un poil moins sympa, la différence d’aspect de peinture. En effet, on passe du jaune en gloss à du noir matte. Si vous achetez un kit de protection de cadre pour votre vélo, il faudra faire un choix encore l’une de ces deux finitions pour recouvrir votre cadre. A moins d’acheter les deux…
CANYON SPECTRAL CF9 – Place à l’action
En piste ! Nous avons pu rouler ce Canyon avec Maître Hugo de son prénom sur différents spots et sur nos pistes de prédilection. Je le roulais personnellement avec mes 78kg à des pressions pneumatique de 1,6 et 1,8 bars AV/AR et des pressions de suspension à 70psi avant et 30% de sag à l’arrière sans retoucher les tarages de token d’origine.
Position
Au premiers abords, le bike est « huuuuuge ». Un vrai vélo de montagne dans ses proportions. Il impressionne quand on entame le ride avec. Et puis on s’y habitue assez vite. J’ai tout de même avancé la selle au maximum sur cette taille L au reach de 500mm car les côtes raides commençaient à me tirer un peu sur les lombaires. Autrement, les 170mm de la tige télescopique d’origine sont suffisants. Le tube de selle assez droit nous met en bonne posture et ce triangle avant assez long nous force à rider dans le bike. Le mode Mullet paraît bien étudié car on a pas du tout l’impression d’être sur l’arrière en montée.
Ergonomie
L’ergonomie est en progrès en comparaison du millésime précédent grâce à cette boîte de rangement interne qui fait son apparition ! C’est top pour les adeptes du roulage sans sac. A noter également les points d’ancrage sur la potence pour le multi outil canyon spécifique et l’ancrage supplémentaire sous le top tube. L’emplacement pour le bidon est assez généreux et Canyon a même poussé le vice à un niveau supérieur. Ils ont développé un bidon qui épouse la forme du cadre pour optimiser la quantité d’eau que l’on peu embarquer. Malin ! En revanche, le porte bidon est assez bas et n’est pas le plus pratique à utiliser, on ne peut pas tout avoir !
Le Flipchip est accessible et facile à utiliser. Il vous faudra simplement 2 clefs pour le changer sans grande complexité. Celui sur les bases arrière vous permettra de choisir le format de roue que vous souhaitez. L’amortisseur dispose d’un blocage très accessible grâce à la géométrie. Du coup on s’en sert aisément.
La box est spacieuse et comprend une housse de rangement pour embarquer le nécessaire de réparation. La trappe quand à elle offre une ouverture assez simple à manipuler mais pas aussi qualitative que celle d’une box SWAT de chez Specialized (la référence en la matière).
Le Canyon Spectral CF9 dans le D+
Si le Spectral a des airs de gros enduro, la vocation de la marque pour ce nouveau bike est le segment trail. Qui dit trail dit D+, et à ce petit jeu, voyons ce que ce Spectral coupe mullet a dans le bide !
Tout d’abord, rappelons que ce bike de trail fait plutôt parti des gaillards du segment avec un poids conséquent. Ce poids ce sent un peu dans les montées. Le vélo ne paraît pas collé au sol mais on n’est pas au niveau du top des vtt trail. Il est moins dynamique que la précédente version que nous avions pu tester. Effet mullet ou pas, il conserve moins la vitesse et demande plus d’effort pour conserver un bon rythme de croisière.
La motricité est bonne pour un bike en petite roue arrière. Franchement, il passe partout sans trop broncher. La belle longueur de triangle avant garanti de ne pas cabrer même quand c’est très raide. J’ai même pu grimper notre montée impossible locale que je n’avais jamais réussi auparavant. C’est dire !
Lenouveau Canyon Spectral dans le D–
Si le bilan est un peu mitigé à ce stade, il est temps de voir si ce Spectral en a sous les crampons en ce qui concerne le D-. On lit à la largeur de ses tubes une forte appétence pour la poignée dans le coin…
Confort
Soyons franc et honnête, le confort n’est vraiment pas son fort. Le vélo est très rigide et cela se ressent dès les première spéciales. Le châssis est moins tolérant que l’ancienne version et le travail des suspensions, bien qu’efficace, ne donne pas l’impression de rouler sur un canapé. La petite roue arrière n’aide pas forcément sur ce point. Si Hugo n’aura pas trop aimé son côté rigide, j’ai personnellement apprécié ce dernier qui le rend assez typé race avec beaucoup de précision.
Freinage
Le freinage est aux petits oignons sur ce Spectral. J’adore les freins progressifs et dosables et ces Code RSC couplés à des disques de 200mm forment un combo parfait à mon sens, surtout sur un bike de trail. On a un feeling très précis et tant mieux car le bike l’est tout autant. Les DHR II suffisent pour passer la puissance de freinage au sol et le travail de la suspension est efficace. On freine tard et il en redemande.
Grip
J’avais personnellement quelques aprioris sur la monte pneumatique mais je dois dire que j’aurais été rabiboché avec le DHR II suite à cet essai. Ce pneu initialement développé pour l’arrière se débrouille bien en monte avant et procure un sentiment de lisibilité intéressant malgré que ce ne soit pas le plus rivé au sol. On sent précisément la perte du grip et ça permet de rouler, même dans la boue, avec un bon rythme. La roue arrière en 27,5 ne vient pas trop perturber l’ensemble et on dispose vraiment d’un niveau de grip global intéressant.
Maniabilité / Dynamisme
Avec un vélo aussi grand, on craignait l’aspect maniabilité. Et le bike nous aura assez surpris grâce notamment à son train arrière assez court. Il permet de virevolter facilement entre les arbres. Sa coupe mullet lui va également bien en ce qui concerne la mise sur l’angle. Le vélo y va tout seul et on le sent vraiment facile sur cet exercice.
Le dynamisme est bien présent sur le Spectral 2024. Le vélo a du pop et permet de tirer des bunny-up là où on le souhaite. Il a une bonne propension à prendre de la vitesse et rend bien l’énergie que le pilote investi dans une courbe pour sortir plus fort. Ceci grâce notamment à sa grande rigidité du châssis.
Stabilité / Franchissement
Le Spectral sur son segment est un modèle de stabilité. Il garde le cap presque comme un enduro. Notamment grâce à son empattement bien grand. En revanche, l’aspect franchissement est un peu moins rassurant. Le manque de confort et de sensation de débattement des suspensions n’en font pas un vélo ultra rassurant pour attaquer des portions très engagées. Le top-tube large et l’avant haut rassurent un peu mais ça ne fait pas tout.
Fun / Accessibilité
Le Canyon Spectral nouvelle génération m’aura assez séduit avec son côté relativement fun et plein de pop de suspension pour sauter partout. On est pas sur le même créneau que les bikes canadiens mais la marque a vraiment évolué en ce sens. Canyon propose sa version du bike de trail, un vélo orienté descente et avec un vrai châssis enduro. C’est une vision assez atypique et nous avons apprécié la prise de risque. Néanmoins en version carbone, cette philosophie n’en fait pas un vélo super accessible. Il faudrait voir si une version alu un peu plus souple et sûrement plus confortable viendra améliorer ce point. En l’état, l’accessibilité n’est pas son point fort.
Canyon spectral CF9 – C’est l’heure du bilan !
Moi qui ai eu possédé le tout premier Spectral et rouler le modèle d’avant, j’avais hâte d’essayer ce nouveau millésime pour juger de l’évolution du best seller Canyon. Canyon a pris un risque en dessinant ses propres codes du vélo de trail. Avec son bon rapport qualité/prix et une finition toujours en hausse, ce Canyon Spectral est fait pour les riders armés physiquement qui recherchent un vélo de caractère capable d’encaisser gros. Le vélo m’aura bien plu avec son caractère atypique et cette « coupe mullet » qui lui va bien. D’autres pourraient le trouver un peu trop exigeant et pas assez polyvalent pour la catégorie. Une chose est sûre, il a de la personnalité.