Forbidden c’est la toute jeune marque canadienne gravity reconnaissable à leur cinématique à point de pivot haut sur l’ensemble de leurs VTT. Nous avons eu l’occasion d’avoir en essai le modèle iconique de Forbidden : le Druid. C’était le tout premier vélo commercialisé par la marque « interdite », un vélo typé Trail/All-mountain avec une cinématique dérivée de la DH. Pour les fondateurs de la marque, c’est le vélo parfait pour rouler leurs trails locaux. Alors que vaut-il sur nos sentiers alpins ? On vous dévoile la recette magique du Druid !
Forbidden Druid
VTT Trail/All-mountain
Débattement 130 / 150mm
Poids 14.6 kg
Prix 10 799€
Testé par Max et Mattis
Forbidden
Comme annoncé en introduction, Forbidden est une toute jeune marque canadienne fondée en 2019. Elle dénote de la concurrence en proposant des vélos construits autour d’une cinématique particulière à point de pivot haut : Trifecta. La marque canadienne se positionne sur un segment plutôt haut de gamme avec seulement 3 modèles au catalogue : le Druid qui est le plus petit des trois ; le Dreadnought, l’enduro ; le Supernought, le DH. Forbidden est une marque qui casse les codes autant au niveau ingénieurerie pure et dure que sur le design.
Le Druid XO RS U

Le nom fait mal à la tête, mais pourtant, rien de plus simple. Druid : le nom du modèle, XO : la transmission, RS : RockShox, U : Ultimate pour la gamme des suspensions. Nous avons donc eu le modèle le plus haut de gamme que propose la marque. Le Druid se positionne entre deux mondes et est assez difficile à catégoriser. Si on regarde purement et simplement son débattement (130/150), il se situe parmi les petits All-mountain. Pourtant, il embarque une cinématique qui nous vient tout droit de la DH avec des a priori bien ancrés et pas forcément à son avantage sur le secteur trail. Le rendement et la maniabilité seraient moins convaincants qu’une cinématique avec un point de pivot « bas », et au contraire, le point de pivot haut offrirait des performances extraordinaires en franchissement et dans le technique. On reviendra sur ce double visage dans la partie terrain !

L’équipement
Le Druid XO RS U a un équipement premium. Comme son nom l’indique, on retrouve une transmission Sram électrique XO T-Type et un duo de suspension haut de gamme de chez Rockshox, une Lyrik Ultimate et un Super Delux Ultimate. Pour le freinage, on reste chez Sram avec des Code Ultimate. Sur ce montage, Forbidden ont mis du carbone à tous les endroits possibles. On retrouve des roues Crankbrother Synthesis 11 Carbon avec un ensemble de périphériques Burgtec en carbone également. Et pour parfaire ce montage, on retrouve des roulements Cane Creek.
Forbidden Druid XO RS U
- Fourche RockShox Lyrik Ultimate Charger 3 150mm
- Amortisseur RockShox Super Deluxe Ultimate 130mm
- Dérailleur Sram XO T-Type
- Shifter Sram Pod axs
- Cassette Sram XO T-Type 10/52
- Manivelles Sram XO T-Type 32T 165mm
- Roues Crankbrother Synthesis 11 Carbon
- Pneus Maxxis Assegai EXO / Forekaster EXO+
- Freins Sram Code Ultimate
- Disques Sram HS2 180mm
- Tige de selle OneUp Dropper Post 150mm
- Selle Fizik Terra Alpaca X5
- Cintre Burgtec Ride Wide Enduro Carbon 800mm
- Potence Burgtec OE MK3 Enduro 42.5mm
La Gamme
La gamme de ce Druid se compose de 3 modèles et d’un kit cadre, tous en carbone. L’entrée de gamme est disponible au tarif de 7 399€ avec le GX AXS RS S et le modèle le plus haut de gamme, celui que nous avons eu à l’essai, le XO AXS RS U proposé à 10 799 €. Enfin, il faudra débourser 4 099€ pour acquérir le kit cadre.

Druid GX AXS RS S – 7 399€
- Cadre : Carbone
- Fourche : RockShox Lyrik Select, 150mm
- Amortisseur : RockShox Super Deluxe R
- Transmission : SRAM GX AXS T-type
- Freins : SRAM Code Bronze 180mm
- Roues : Crankbrothers Synthesis Enduro – Alloy
- Pneus : Maxxis Assegai/Forekaster
Druid GX AXS RS S PLUS – 8 699€
- Cadre : Carbone
- Fourche : RockShox Lyrik select+ 150mm
- Amortisseur : RockShox Super Deluxe Select+
- Transmission : SRAM GX AXS T-type
- Freins : SRAM Code Silver 180mm
- Roues : Crankbrothers Synthesis Enduro – Alloy
- Pneus : Maxxis Assegai/Forkaster


Druid XO AXS RS U – 10 799€
- Cadre : Carbone
- Fourche : RockShox Lyrik Ultimate 150mm
- Amortisseur : RockShox Super Deluxe Ultimate
- Transmission : SRAM XO AXS T-type
- Freins : SRAM Code Ultimate 180mm
- Roues : Crankbrothers Synthesis Enduro – Carbon
- Pneus : Maxxis Assegai/Forkaster
Druid Framekit – 4 099€
- Cadre : Carbone
- Amortisseur : RockShox Super Deluxe Ultimate

La géométrie du Forbidden Druid
Le Druid est disponible en 4 tailles allant de S1 à S4, équivalent d’un S à XL. Forbidden propose une version 29 pouces que nous avons eue à l’essai, mais également un Mullet avec une roue de 27.5″ à l’arrière. À noter, il n’y a ni Flipchip ni différence sur les bases entre les deux montages. Il est donc possible de passer de l’un à l’autre en changeant uniquement de roue arrière. Attention toutefois, la géométrie change considérablement, le vélo sera plus radical en mullet.
Chez Forbidden, l’objectif est de proposer la meilleure expérience de ride possible. Pour ça, ils ont opté pour une homogénéité particulièrement poussée sur leurs vélos. Ils proposent, comme certaines autres marques pointilleuses, une déclinaison de base arrière adaptée à chaque taille pour garder un vélo équilibré. En S2, les bases font 437mm, tant dis qu’en taille S3, elles font 452mm.

29 pouces

En 29″, la géométrie du Druid est assez soft. On retrouve un angle de direction loin d’être extrême ouvert à 65°, un tube de selle bien redressé à 77°, des bases et un reach dans la moyenne de ce qui se fait en All-Mountain. Ce qui donne un empattement global en S2 de 1218mm qui peut paraître assez court mais qui vient s’allonger quand on rentre dans le débattement, grâce à la cinématique. En version mullet, comme je l’ai dit plus haut, il n’y a ni changement de base ni flip chip pour compenser la petite roue arrière. Ça influence donc directement l’angle de fourche qui devient un peu plus agressif, ouvert à 64,5°. Mais également l’angle de tube de selle qui tombe à 76.6° et la hauteur du boitier de pédalier qui s’abaisse de 5mm.
Mullet

Look


Du côté look, ce Druid nous a fait tomber sous son charme. La peinture Lilac Summer Daze est juste magnifique. Elle s’est montrée vraiment résistante, et pour une peinture mat, on a trouvé que la terre ne restait pas trop incrustée. Des petits dessins sur le top tube et le tube selle qui ajoutent une petite touche d’exotisme à ce cadre. Le triangle avant est très fin et donne un style fluet et très esthétique en rupture complète avec le triangle arrière bien plus massif et imposant avec ses tubes larges et son gros galet de renvoi. Quand on le voit, on est partagé entre un sentiment de légèreté, une impression de vélo ultra-polyvalent et un sentiment de gros descendeur capable d’avaler tous les cailloux qui se présentent à lui.

Finition
Niveau finition, il n’y a pas grand-chose à redire. Comme je viens de l’annoncer, la peinture est très bien réalisée. Le vélo est très bien protégé avec une protection de chaine au niveau de la base et du hauban ainsi que derrière le galet de renvoi. On retrouve également une belle protection sous le boitier de pédalier qui sert également de trappe pour accéder à la box ainsi qu’un prolongement sur le bas du down tube. Le passage des gaines est très réussi avec une durite de frein arrière traversant le top tube et le hauban, chose assez inhabituelle.


On retrouve également un poste de pilotage intégralement Burgtec qui donne un rendu sacrément sexy. Et pour couronner le tout, des roulements de direction Cane Creek. Pourquoi faire sobre quand tu peux en mettre plein la vue à tout le monde !

À noter également, un petit garde-boue vient protéger l’amortisseur des projections de boue. Tant qu’on parle de boue, on en vient au gros point négatif de ce vélo : la largeur du passage de roue. En condition humide avec une roue en 29″ ce n’est pas le meilleur compagnon de route : la boue s’accumule très vite au niveau des haubans qui vient bloquer la roue. En version Mullet, il ne devrait pas y avoir ce problème, la roue passant plus loin du renfort des haubans.

Praticité


Le Forbidden Druid s’avère plutôt pratique. On retrouve une box sous l’amortisseur assez volumineuse qui se manipule facilement. Il y a également de quoi fixer un porte-outil sous le top tube et la place pour un grand bidon. Un sans-faute.

L’essaie terrain
Forbidden Druid : la cinématique

Forbidden se démarque sur ce Druid en lui affectant une cinématique à point de pivot haut qu’on a l’habitude de voir sur les vélos de DH. Rapidement, une cinématique en point de pivot haut, c’est une cinématique qui tourne autour d’un point de pivot plus haut que l’axe de roue arrière, ce qui a pour conséquence de donner une trajectoire de roue arrière qui recule en même temps qu’elle monte lorsque l’on rentre dans le débattement.

Si Forbidden est l’un des seuls à proposer un trail en point de pivot haut, c’est que cette cinématique est souvent associée à un manque de rendement. En effet, une chaine plus longue avec un point de friction supplémentaire (avec le galet de renvoi), mais également un anti-squat généralement très faible amoindrissent l’efficacité au pédalage. Cependant, sur ce Druid, on retrouve une très bonne gestion de l’anti-squat qui permet de garder un vélo assez dynamique en montée tout en essayant de garder l’avantage de cette cinématique en descente avec un effet kick-back faible.
Le Druid en montée
Malgré les efforts faits par la marque, ce n’est pas son point fort. Pour un vélo en 130mm de débattement, on ne peut pas le qualifier de flèche. Au train, il monte plutôt bien, mais sur les chemins forestiers et routes, il faudra penser à fermer l’amortisseur pour éviter de dépenser trop d’énergie pour rien. Par contre, sur sentier technique, le Druid s’est montré assez impressionnant. Sa suspension reste active au pédalage, ce qui apporte un grip de folie.

Lorsque la pente s’accentue, ce Forbidden Druid est également assez bon. En plus de son grip, c’est un vélo équilibré qui ne cabre pas. Pas besoin de casser les coudes de façon excessive pour garder l’avant au sol. De plus, l’avant du vélo est léger et son centre de gravité est bas, ce qui le rend très maniable dans les passages sinueux. Il est facile de soulager l’avant pour le replacer dans les épingles. C’est un vélo passe-partout en montée avec lequel il ne faudra pas s’attendre à pulvériser des chronos, mais qui fera largement le taf pour des sorties plus ou moins longues entre potes.
Le Druid en descente
Dans le technique
En descente, ce Druid est assez particulier. Pour commencer, ce n’est pas le vélo le plus confortable que l’on ait essayé. Sur les premiers tours de roues, on a la sensation d’avoir une cinématique raide. De plus, ce Forbidden est particulièrement rigide : le modèle que nous avions était équipé de cintres et de roues en carbone, ce qui accentue cet aspect. Pour ne rien vous cacher, je pense que je n’avais jamais roulé un vélo si rigide malgré toutes les années de cross-country que j’ai derrière moi.

Passé cette première impression sur le parking et une fois un peu de vitesse prise, on découvre le vrai potentiel de ce vélo. Dans les sections défoncées, c’est un réel plaisir. La cinématique prend tout son sens et vient véritablement lisser le terrain. Que ce soit dans des passages avec des marches ou des grosses pierres, le fait que la roue recule en entrant dans le débattement vient véritablement diminuer la sensation de buter sur les obstacles.
Stabilité
Ce qui est impressionnant dans ces sections techniques, c’est la stabilité du vélo. Comme je le disais précédemment, l’avant est pourtant très maniable et semble fluet, ce qui est rarement synonyme de stabilité dans les pierriers. Et pourtant ce Druid et ses 130mm de débattement nous montre que c’est possible. Cette cinématique à point de pivot haut limite les impacts et, couplée à un kick-back assez faible, elle donne cette sensation de survoler les champs de racines et de cailloux. Cependant, pour arriver à ce ressenti, il ne faut pas avoir peur de lâcher les freins. Plus tu vas vite, meilleur sera le vélo. Il faudra juste faire attention à une chose : rester dans les limites de la Lyrik à l’avant.

Pour ne pas vous mentir, j’ai pris rapidement la confiance avec ce Druid, mais je me suis fait quelques belles frayeurs en demandant peut-être un peu trop à la fourche. Son diamètre de 35mm, loin d’être extrême, monté avec un angle de 65° pas très ouvert, le tout sur un vélo ultra rigide avec une cinématique faite pour encaisser, vient mettre la Lyrik fortement en contrainte. Elle s’avère parfois un peu trop souple et, à haute vitesse, on peut se faire surprendre.
Freinage
Pour arrêter ce Druid, Forbidden a fait le choix de l’équiper de Sram Code avec des disques de 180mm. Ce n’est pas énorme, mais pour nos poids plumes avec Max (-65kg), ça suffit amplement. Il est possible que pour des gabarits un peu plus imposants que l’ensemble se mettent à chauffer dans les longues descentes. Ceci étant dit, le Druid a une puissance de freinage de folie. Le grip conféré par la cinématique fait coller le vélo au sol et, lorsque l’on freine, elle continue de travailler parfaitement, rendant le freinage véritablement efficace.

Virages et Sauts
Dans les sections sinueuses avec des épingles, l’avant du Druid est léger et se place facilement. Cependant, dans les virages relevés, ce n’est pas le plus facile à faire tourner. Il vient légèrement s’écraser et n’est pas très dynamique. Mais surtout, il s’allonge quand on appuie dessus, ce qui le rend un peu plus difficile à manœuvrer.

Quant aux sauts, le Druid s’en sort comme un chef. Il est sain et maniable dans les airs. Il donne envie de sauter partout, mais attention, il reste très rigide, il ne pardonnera pas. Si tu commences à atterrir en crabe, il va vite te rappeler à l’ordre et t’éjecter du vélo. Il est possible également de ressentir un petit déséquilibre entre la fourche qui va subir sur les gros impacts et la cinématique de suspension qui ne va pas broncher. Je suis persuadé qu’une petite Zeb en 160mm rendrait ce vélo démentiel et inarrêtable.
Le Forbidden Druide : Le Verdict

+ Finition, Esthétique, Praticité
+ Encaissement
+ Freinage, Grip
+ Polyvalence

– Rendement
– Accessibilité