Test | Rockrider FEEL 700 S : Le plaisir au juste prix ?

Portée par le géant du sport en France — Decathlon —, Rockrider est une référence bien ancrée dans l’univers du VTT. Son histoire remonte à l’époque de B’Twin, dès 2006, avant que Decathlon ne décide, en 2019, de répartir ses gammes sous différentes marques pour mieux coller aux pratiques spécifiques du vélo.
Aujourd’hui, on a reçu un VTT trail affiché à 1 599 €, soit l’un des modèles les moins chers du marché dans cette catégorie. Peut-on vraiment s’aventurer sur nos plus beaux sentiers avec un vélo sous la barre des 1 600 € ?
Et surtout, le plaisir de ride est-il au rendez-vous malgré les compromis imposés par ce tarif serré ? On l’a testé pendant 2 mois pour vous apporter une réponse dans cet essai…

Le FEEL 700 S, C’est quoi ?

Le Rockrider FEEL 700 S, c’est l’entrée de gamme Trail de la marque française. Nous avions déjà eu l’occasion de tester le FEEL 900 S Team Edition (retrouvez notre article et notre vidéo), le modèle le plus haut de la gamme FEEL S.
Avec le 700 S, Rockrider propose une version bien plus accessible, pensée pour maximiser le plaisir sans exploser le budget : 1 599 € contre 3 999 € pour le haut de gamme. On ne parle donc pas ici de performance pure, mais d’un vélo fun, capable et polyvalent, taillé pour explorer les sentiers sans se prendre la tête.
Côté specs, on est sur un trail 130/140 mm de débattement, monté en roues de 29 pouces, avec une géométrie moderne qui promet un bon équilibre entre maniabilité et stabilité. Bref, sur le papier un VTT pour s’amuser, progresser, et partir à l’aventure.

Le FEEL 700 S est simple. Oubliez les Flip Chip dans tous les sens… Le matos à régler avec des calculs savants et des heures de test pour en extraire l’essence… Ici, vous recevez le vélo préassemblé. Vous gonflez l’amortisseur et la fourche à votre poids, le rebond, et c’est parti pour profiter sur les sentiers !

On commence par la Géo ? Let’s go !

Le FEEL 700 S affiche des cotes plutôt classiques pour un VTT trail de 2025. Nous l’avons testé en taille M, et c’est sur cette base que je vous présente ses chiffres.
On retrouve un reach de 450 mm, des bases courtes de 435 mm (généralement synonymes de fun et de vivacité), et un angle de direction de 65° : pas extrême, mais bien positionné dans la catégorie. L’empattement total atteint 1206 mm, ce qui en fait un vélo plutôt compact.
Reste maintenant à voir si cette géométrie colle aux sensations terrain. Parce que sur le papier, c’est une chose… mais sur les sentiers, c’en est parfois une autre !

La gamme des FEEL S

Chez Rockrider, la gamme se veut simple et lisible. En haut de l’échelle, on retrouve les modèles FEEL, pensés pour un usage All-Mountain/Enduro, avec deux sous-familles bien distinctes :

🔹 Les LT (Long Travel), orientés enduro, avec 150/160 mm de débattement.
 • Le FEEL 700 LT, modèle d’entrée de gamme à 1 999 € — (qu’on a d’ailleurs testé, lien vers la vidéo et l’article ici 👇).
 • Le FEEL 900 LT, plus haut de gamme, à 2 999 €.

🔹 Les S, avec une plateforme plus « trail » et des débattements réduits : 130/140 mm à de débattement.
 • Le FEEL 700 S, modèle à l’essai ici, se démarque par un excellent rapport prix/équipement, à 1 599 €.
 • Vient ensuite le FEEL 900 S à 2 999 €, en position de milieu de gamme.
 • Et enfin, le FEEL 900 S Team Edition, version ultime de la série, à 3 999 €.

Comment il est équipé ?

L’équipement du Rockrider FEEL 700 S est forcément raisonné, compte tenu du tarif affiché. Ici, pas de miracles, mais des choix cohérents pour rester sous la barre des 1 600 €.
Le poste de pilotage, signé Rockrider, reste assez basique. Le cintre, avec un galbe légèrement orienté vers le bas, m’a semblé un peu rigide pour un diamètre en 31,8 mm. Côté grips, en revanche, mention spéciale : Hugo les a particulièrement appréciés pour leur forme ergonomique avec empreintes pour les doigts, et leur diamètre assez fin, agréable en main.
Les commandes de tige de selle et de dérailleur font un peu cheap avec leur plastique apparent, mais fonctionnent parfaitement sur le terrain. Les compromis se ressentent surtout sur la transmission, avec un dérailleur qui a tendance à trop bouger dans les descentes engagées.

Côté roues, pas de surprise : on reste sur de l’entrée de gamme, avec un ressenti un peu lourd et flou en descente. Rien d’alarmant, mais ça limite un peu la vivacité générale du vélo.
Bonne surprise côté tige de selle télescopique, également signée Rockrider : elle fait le job sans sourciller.
Et gros point positif pour moi : la selle Decathlon Short Nose. Très bien pensée, avec une assise confortable et une forme qui m’a parfaitement convenu.
En résumé : un montage simple mais cohérent, avec quelques concessions inévitables à ce niveau de prix, mais aucun gros faux pas. Un vélo bien équipé pour se faire plaisir sans exploser son budget.

Finition et Look

Avant même de parler de ce que le vélo vaut sur les sentiers, arrêtons-nous d’abord sur ce qui saute aux yeux dès le déballage : le look.
Et là, bonne surprise : ce FEEL 700 S est plutôt flatteur visuellement.
La peinture est de très belle qualité. Aucun éclat ou rayure à signaler sur toute notre période de test. À nuancer légèrement : nous l’avons roulé dans des conditions globalement sèches, hormis une sortie un peu plus boueuse. Et malgré quelques impacts de pierres durant nos sorties, le cadre n’a quasiment pas marqué.

Mention spéciale pour la couleur : ce vert profond, aux reflets changeants au soleil, m’a vraiment séduit. C’est bien sûr subjectif, mais j’ai adoré ce coloris — et je n’étais pas le seul : j’ai été interpellé plusieurs fois sur les sentiers pour qu’on me demande le nom du modèle !
Côté design, la forme du cadre reste sobre, et pour une fois sans la fameuse “bosse” sur le top tube (oui, c’est un détail, mais je ne suis pas fan de cette bosse sur d’autres modèles). La biellette apporte une jolie touche de caractère à l’ensemble. Le vélo a une silhouette compacte, dynamique, presque « sloppy », qui donne envie de sauter dessus pour aller rider dès le premier regard.

Côté finitions, ce FEEL 700 S n’a franchement pas à rougir, même face à des modèles parfois bien plus haut de gamme.
Les câbles sont entièrement intégrés, et lorsqu’ils passent du triangle avant au triangle arrière, des guides astucieux au niveau des roulements viennent les canaliser proprement. Une solution simple et efficace, qu’on ne retrouve même pas toujours sur des vélos à plusieurs milliers d’euros !
Autre point d’amélioration notable : les soudures. Historiquement, c’était un petit bémol sur les cadres alu Rockrider — elles étaient solides, certes, mais assez brutes visuellement. Ici, les soudures sont légèrement retravaillé afin de les rendre le moins visible possible, ce qui apporte un vrai plus à l’aspect du vélo.

Côté protection, c’est un peu en demi-teinte. Les bases arrière sont bien protégées par une pièce vissée, et les haubans bénéficient aussi d’une petite protection bien vue. En revanche, aucune protection sur le down tube. Ce n’est pas dramatique pour un vélo de cette catégorie, mais même une petite pièce de caoutchouc ou un film adhésif aurait été la bienvenue. Cela dit, le cadre a pris un bon impact de caillou lors de mon test… et aucune marque à signaler. Solide et bien conçu, même sans protection spécifique à cet endroit.

Côté praticité, pas de miracle signé Rockrider.
On retrouve bien des plots de fixation classiques pour accueillir un porte-bidon ou un accessoire, mais rien de plus sophistiqué ou innovant à signaler. Petit détail à noter : pour aller chercher votre bidon, mieux vaut être souple ou accepter de mettre pied à terre. L’accès n’est pas des plus pratiques, surtout en pleine sortie. Cela dit, ce n’est qu’un détail, car vous l’aurez compris : ce FEEL 700 S nous a clairement convaincus par sa finition soignée et son look vraiment réussi !

Place au terrain !

Avant de kiffer, il faut grimper

Pas de descente sans montée (sauf en station), alors voyons comment ce petit trail se comporte lorsqu’il faut appuyer sur les pédales. Franchement, je m’attendais à sentir l’amortisseur, d’entrée de gamme, pomper dans les grimpettes… eh bien pas du tout ! Que ce soit en danseuse ou assis, aucun phénomène de pompage excessif : le vélo reste bien posé, même si l’on se met à relancer vigoureusement.
Côté transmission, le dérailleur 11 vitesses pouvait laisser craindre un manque de polyvalence, mais il n’en est rien. Associé à un plateau de 30 dents et à une cassette 11-50, l’étagement est homogène et permet de monter sereinement, même sur les sentiers les plus pentus.

En revanche, le poids des roues se fait sentir. Le vélo donne l’impression d’être bien vissé au sol, et cela peut freiner un peu sa vivacité, surtout en montée. Ce ressenti est sans doute accentué par le passage en tubeless avec les pneus GRIP 500, plus costauds que les GRIP 100 montés d’origine.

Malgré tout, le vélo reste joueur et réactif lorsqu’on le sollicite. C’est juste que les roues d’entrée de gamme manquent un peu de dynamisme, on le sent quand on veut relancer ou grimper rapidement. Rien de rédhibitoire cela dit : le plaisir est bien là, mais il faudra accepter de monter un peu moins vite, ou d’y mettre plus d’énergie que sur un vélo mieux équipé à ce niveau.

Et alors, en descente, ça donne quoi ?

Précision importante avant d’entrer dans le vif du sujet : le vélo a été testé une première fois avec sa monte d’origine, à savoir les pneus GRIP 100 avec chambres à air. Et s’il y a bien une modification à envisager dès l’achat, c’est le passage en tubeless avec les GRIP 500. C’est une transformation qui change littéralement le comportement du vélo. Avec les GRIP 100, le grip est limité, surtout dans les virages ou les passages techniques. Le vélo a tendance à rebondir sur les obstacles et à perdre de l’adhérence dès qu’on commence à l’engager sérieusement. Une fois monté en tubeless avec les GRIP 500, le FEEL 700 S révèle un tout autre visage : plus de grip, plus de confort, plus de contrôle. Le vélo devient beaucoup plus agréable à rouler et profite pleinement du potentiel des pneus (on vous en parle d’ailleurs plus en détail dans notre article dédié).

Parlons maintenant de l’amortissement. Le Rockrider FEEL 700 S est équipé d’une RockShox Psylo Gold RCN à l’avant et d’un amortisseur RockShox Deluxe Select à l’arrière.
Commençons par la fourche : surprenante pour une entrée de gamme, elle offre un début de course moelleux, avec un bon ressenti du terrain et un rebond bien géré. À haute vitesse, elle atteint ses limites, et il faudra alors compenser physiquement ce qu’elle ne peut plus encaisser. Mais dans l’ensemble, elle fait le job, surtout dans cette gamme de prix.

Côté amortisseur arrière, c’est un peu moins flatteur. Il consomme rapidement le débattement et donne la sensation de buter sur les obstacles. Pour atteindre un SAG à 30 %, j’ai dû pas mal le gonfler, alors que je ne pèse que 70 kg – un poids pourtant standard. C’est donc l’arrière qui montre ses limites en premier. À haute vitesse, on ressent même une certaine désolidarisation entre l’avant et l’arrière.
Cela dit, tant que vous restez dans le programme du vélo, c’est un vrai plaisir. Le FEEL 700 S est maniable, joueur et réactif, surtout si on le « travaille » un peu dans les appuis. Lors des sauts, le comportement est sain et prévisible : il ne vous catapulte pas et absorbe correctement les réceptions, sans donner l’impression de s’écraser. Attention toutefois : si vous le poussez en dehors de ses limites ou sur de gros jumps, il faudra alors y mettre du physique pour garder le contrôle.

« Les Rockrider sont des machines à wheeling », dixit Hugo. Et il faut avouer qu’il n’a pas tort : l’avant se soulage très facilement, ce qui donne un caractère joueur et étonnant à ce vélo dans cette gamme de prix. Un vrai bonus pour s’amuser sur les sentiers ! Les roues, quant à elles, apportent un petit flou dans le pilotage, mais elles ont au moins le mérite d’être robustes. Durant tout notre test, aucune faiblesse n’a été constatée de ce côté-là, ce qui est rassurant.

En revanche, le vrai point faible, ce sont les freins. Équipé de TRP Slate Evo – des freins à 4 pistons pourtant pensés pour le trail – on reste sur notre faim. Malgré un disque de 203 mm à l’avant et 180 mm à l’arrière (sans doute un peu juste selon votre gabarit), le ressenti est clair : il faut vraiment appuyer fort sur le levier pour obtenir un freinage efficace. Les freins donnent plus l’impression de ralentir que de stopper net la machine. Personnellement, j’ai réussi à obtenir un bon freinage, mais au prix d’un effort marqué sur le levier. Et même après avoir prévenu Hugo, il a été surpris dès la première descente par le manque de mordant. À nuancer tout de même : le levier TRP est bien pensé. Il propose un réglage de garde et une ergonomie qui permet de freiner à un doigt — chose assez rare sur des freins d’entrée de gamme.

A qui s’adresse ce VTT ? D’abord à un pratiquant débutant ou curieux, qui cherche une base saine pour découvrir le trail sans exploser son budget. Ensuite à un rider plus expérimenté, mais avec un budget serré, qui veut continuer à rouler sérieusement sans pour autant casser sa tirelire.Oui, il a ses limites : un peu rigide à haute vitesse, un amortissement perfectible, des roues qui plombent un peu le rendement… Mais aucun de ces défauts ne gâche le plaisir qu’il procure sur les sentiers.

Rockrider FEEL 700S : Le Verdict

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