Le Process est un modèle phare chez Kona. Il a su évoluer au fur et à mesure des années. Le Process se décline actuellement en plusieurs versions allant de l’enduro pour le Process X, du All-Mountain pour le Process 153, à la version Trail baptisée Process 134. Nous avons goûté au Process X lors de notre battle 29 vs Mullet et c’est au tour de sa déclinaison Trail Bike : le Kona Process 134 de passer sur le grill.
J’ai roulé le Process 134 durant plus d’un mois avec Hugo qui m’a secondé dans ce test. Cela nous a permis de le tester sur une belle variété de spots différents et surtout de bien faire le tour du propriétaire…
KONA Process 134 – On fait connaissance
Kona Process 134 CR/DL 29 | 140/134 mm
poids Kg | 6 999 €
Site Web Kona
Le Process 134 CR/DL est donc le trail de la marque canadienne, équipé de roues de 29 pouces et d’un cadre full carbone avec 134 mm de débattement à l’arrière et 140 mm à l’avant. Le ticket d’entrée est de 2599€ pour la première version en aluminium et la version carbone la plus haut de gamme est baptisée Suprême et atteint un coquet tarif de 10999€ ! Le Process 134 que nous avons testé est le CR/DL (Carbone, Deluxe) affichée à 6999€. Le Process est également disponible en 27,5′ mais uniquement en cadre Aluminium.
L’équipement
- Fourche RockShox Pike Ultimate RC2 Charger 2 DebonAir
- Amortisseur RockShox Super Deluxe Ultimate
- Transmission SRAM X01 Eagle 12spd
- Pédalier SRAM GX Carbon Eagle
- Roues WTB KOM Light i30 TCS 29” avec moyeux DT Swiss 350 18T
- Pneus Maxxis Minion DHF EXO TR 3C 29×2.5″ WT / Maxxis Dissector EXO TR 3C 29×2.4″ WT
- Freins SRAM G2 RSC 200mm AV/180mm ARR
- Tige de selle RockShox Reverb 150 mm
- Selle WTB Volt
- Poste de pilotage Cintre Kona XC/BC 35mm / Potence XC/BC 35 / Grips Kona Lock-on Key
Un équipement plutôt costaud pour un Trail avec des trains roulants en 2.5, un combo DHF/Dissector qu’on peut trouver sur des gros vélos style enduro et un poste de pilotage assez large. Le combo de suspensions Rockshox Pike et Super Deluxe est ici dans la version haut de gamme Ultimate. La Pike est donc dotée de la cartouche Charger RC2 et des réglages de compression basses et hautes vitesses. Pour le tarif, on aurait aimé voir quelques composants plus haut de gamme au niveau du poste de pilotage ou des roues par exemple qui sont montées sur des moyeu DT350, certes de très bonne qualité mais avec seulement 18 points d’engagement dans la roue libre. Côté transmission, l’excellent groupe Sram XO1 Eagle est mixé avec une chaîne et un pédalier GX Carbone.
Les chiffres
Niveau géométrie, les chiffres de ce « petit » Process 134 évoquent les enduro d’il y a quelques années. En taille M, le 134 présente un Reach assez généreux de 450mm mais l’empattement reste contenu avec 1186 mm qui s’explique par le fait que ce Kona dispose de bases ultra compactes !! Seulement 427 mm avec un angle de direction qui ouvre à 66°. Ce qui promet un vélo bien agile et joueur de l’arrière et au global, la géométrie, sans être extrême, titille l’amateur de descente que je suis !
Attention à la longueur du tube de selle de 410mm qui est également assez court sur le M recommandé pour des riders de 168 à 178mm. Pour moi qui suis entre 2 tailles et qui aie de grandes guibolles, la tige de selle sort énormément.
Look et Finition
Look
Le look du Kona ne laisse pas indifférent, tout en sobriété avec un peu de peps ! Etant assez fan des couleurs vives, j’adore le dégradé qui va du rose au jaune à l’intérieur du cadre. Cela égaye l’ensemble et l’intégration au sein du cadre couleur Graphite mat est réussie. L’effet mat/brillant a comme une petite saveur de sucré salé et c’est parfaitement exécuté.
La douille de direction est assez courte ce qui allège la ligne générale du vélo qui reste sobre et assez passe-partout.
Finition
La finition du Kona est soignée. Les raccords noir mat/peinture flashy sont nets, les passages de câble en interne également. Le passage du câble de frein arrière est un peu étrange au niveau de la fixation de la biellette arrière mais ce n’est pas bruyant et ça ne bouge pas. On dispose d’une belle protection de base arrière et du tube diagonale parfaitement intégrés. L’ensemble des composants respire la qualité.
En termes d’usure, rien à signaler, la peinture mate n’a aucune marque ni rayure et le vélo paraît comme neuf après 1 mois de test intensif chacun. Concernant la garantie, chez Kona c’est tout simplement à vie pour le cadre. Un petit point à noter, l’axe inférieur de l’amortisseur s’est dévissé lors des premières sessions. Ce n’est pas rare sur les vélos neufs et il faut généralement checker les serrages après quelques sorties. Après un resserrage en règle, il n’a plus bougé.
KONA Process 134 – Place à l’action !
Position
On est bien accueilli à bord du Process. Tout d’abord, la selle WTB dispose d’un revêtement et d’une forme très confortable. Elle est bien moelleuse et Hugo comme moi l’avons bien apprécié. Ensuite vient le poste de pilotage avec des grips assez confortables sans être trop épais. L’ensemble potence et guidon Kona en 35 mm de section pour 780mm de largeur ont galbe et une largeur parfait pour mon gabarit. J’ai vraiment trouvé mes marques très rapidement.
Seul petit point de vigilance comme je le disais plus tôt, la longueur du tube de selle est assez courte et malgré les 150 mm de débattement, la hauteur m’a un peu gêné. Une tige de selle à fort débattement aurait été un must car quand on goûte à des tiges de selle de plus de 180 mm, il devient difficile de redescendre.
Ergonomie
Un gros porte bidon pourra prendre place à bord du Kona grâce à des tubes assez fins et une géométrie qui lui laisse de la place. Le système de verrouillage de l’amortisseur est simple puisqu’il n’y a que 2 positions et reste accessible facilement durant le ride.
Dans le D+
Le Process 134 avance plutôt bien avec son poids contenu ! On sent une certaine nervosité générale assez appréciable et en relance, il se montre bien punchy. Quand la pente se fait plus raide, on sent que les trains roulants affectent un peu le rendement pure. Les roues un peu lourdes et les pneus en 2.5 de large avec des profils plutôt enduro n’aident pas. Avec une paire de roues plus légères et des pneus plus roulant on pourrait bien faire de ce Process 134, une arme de D+ car on sent que les coups de jarret sont retransmis sans aucune perte et la suspension ne pompe pas d’un poil. Nous paraissons peut-être un peu exigeant mais il s’agit d’un trail et non d’un enduro.
Dans le technique, on sent que l’empattement est un poil court et il faut parfois jouer de sa position pour compenser l’effet des bases ultra courtes et garder le grip. Le poids de la bête permet tout de même de bien forcer sur les jambes pour compenser. La maniabilité excellente permet d’aider également au franchissement. Je conseillerais par contre d’upgrader les « Ratchets » de la roue libre en les passant à 36 dents minimum car l’angle d’attaque est assez important avec la 18t fournie d’origine dans le moyeu DT350.
Dans le D-
Un bike Canadien, c’est souvent une philosophie tournée vers la dégringolade ! Et ce Process n’y fait pas exception…
Confort
Premier point, pour un trail bike de seulement 134 mm de débattement, le confort est très bon avec une sensation d’être sur un vélo plus généreux en débattement ! Les pneus assez cossus ajoutent un plus niveau confort car on peu baisser un peu en pression. On ne sent pas de raideur particulière du cadre full carbone qui semble avoir un excellent compromis de rigidité / tolérance et les suspensions travaillent super bien une fois bien réglées. Livré d’origine avec un seul Token dans la Pike, il m’a fallu en ajouter 2 pour trouver un fonctionnement optimal et ne pas taper au fond trop rapidement et garder une pression raisonnable.
Freinage
Le grip des pneumatiques sur la bande de roulement est top et la suspension travaille efficacement au freinage. Les G2 RSC avec les disques en 200/180mm sont sur le papier assez puissants pour équiper un Trail Bike. Sur le terrain, ce sont des freins bien progressifs assez facile à doser mais qui manquent cruellement de puissance pour un Process 134 ! Car on verra plus bas que ce Kona est un pousse au crime avec lequel on va vite, très vite !! On a donc besoin de planter les freins assez souvent et les G2 se montrent du coup bien light et assez peu enclin aux gros freinages de trappeur… C’est d’autant plus vrai que le rider est lourd.
Grip
Le niveau de grip est impressionnant avec le Process 134. A tel point qu’il faut vraiment se méfier de la pression que l’on met dans le pneu arrière. En fait, le bike permet tellement d’envoyer qu’on oublie que l’on est sur un trail et je me suis fait surprendre à plusieurs reprise à déjanter sur de gros appuis, malgré que je ne sois pas du tout un adepte du « schralp » (Pacôme rpz). En gonflant l’arrière un peu plus que d’habitude, le problème fût réglé. On ne sent pas la limite de débattement arrière et on a toujours envie d’aller plus vite avec ce bike. Du coup ça passe fort en virage et on surprend les copains ! C’est là où le Process 134 fait la différence avec d’autres trails, grâce à des trains roulant bien dimensionnés pour la descente.
La monte pneumatique d’origine est cohérente et permet une vraie polyvalence, y compris sur sol mouillé où le comportement du vélo reste très sain. C’est plus le dissector qui aura un peu de mal en grip latéral, mais sous la pluie il n’existe pas vraiment de miracle donc on lui pardonne !
Maniabilité / Dynamisme
Ce petit Kona est un régal de dynamisme. On se surprend à faire des bunnys partout en tirant sur le guidon à la moindre occasion. L’ensemble de suspensions fonctionne très bien et fait preuve d’une vraie sensation de réactivité. Il répond du tac au tac.
Niveau maniabilité, rien à redire, les bases courtes et le gabarit global ne posent absolument aucun problème. Les roues un peu lourdes ne m’auront pas non plus gênées sur ce point. Un vrai petit play-bike ultra maniable.
Stabilité / Franchissement
Le bike n’a pas de prédispositions à être ultra stable avec des chiffres peu extrêmes et des bases ultra courtes. Même si ce Process 134 met bien en confiance, son empattement relativement court et ses bases ultra compactes viennent ramener un peu à l’ordre. On sent bien quand la vitesse augmente et dans les sections très rapides, il faut bien le tenir. Il avoue là un peu de fébrilité, ce qui est plutôt normal pour un trail… C’est d’autant plus marqué que ce vélo incite à rouler vite tout le temps. Enfin, il est plutôt sécurisant pour engager dans la pente et les sections techniques.
Fun / Accessibilité
Clairement, le Process 134 est un vélo super joueur qui donne la banane. On joue avec le terrain en pompant à la moindre occasion pour prendre les airs. Sur les sauts, il se révèle être un vrai joujou avec lequel on fait ce qu’on veut. J’ai pris du plaisir à m’envoyer en l’air à son guidon malgré que je ne sois pas spécialiste en la matière.
Le vélo est accessible mais gare aux excès de confiance car on a une fâcheuse tendance à chercher ses limites, plutôt haut perchées pour un trail. On se prend vite au jeu et il faudra un peu de physique tout de même pour le mener à un rythme soutenu et compenser son petit gabarit. Pour le reste, il est super maniable, sain et rassurant en descente, ce qui le rend vraiment facile à vivre.
KONA Process 134 – C’est l’heure du bilan
Synthèse
Vous l’aurez compris, dans les veines du Kona coulent des gènes purement canadiens avec un trail musclé et fait pour jouer. Franchement, c’est une belle réussite et on ne s’attend pas à un vélo qui envoie autant avec si peu de débattement. Reste qu’à ce tarif, on aurait aimé un peu plus d’exclusivité et de raffinement au niveau composants.
+ Finition
+ Dynamisme
+ Comportement de petit enduro en descente
+ Gros smile à bord
– Prix/équipement
– Roues un peu lourdes
– Roue libre avec peu de points d’engagement.
