Dégainez vos katanas, le nouveau YT Industries Izzo Pro Race débarque dans les Bike-Tests enDHurobike et ce nouveau Trail n’a laissé personne indifférent !

YT Izzo Pro Race | 130/130 mm
12,35 Kg | 5299 €
Site Web YT Industries
Young Talent c’est un peu le bad boy de la VPC. Il s’agit de ces marques qui ne vendent qu’en direct via un site internet et proposent souvent des rapports prix/équipement très intéressants. Ce fonctionnement est un peu une spécialité allemande où ces compagnies fleurissent à l’instar de Canyon, Radon, Rose, ou encore Propain.
En revanche chez YT, aucune trace de droiture allemande. La marque dégage une ambiance très cool, très à l’américaine et résolument tournée Gravity.
J’ai testé ce petit Izzo avec Hugo, qui a joué le rôle de second shuriken. Nous l’avons roulé pendant l’été, sur un terrain bien sec, sur nos pistes habituelles mais aussi dans le Morbihan où le terrain offre un peu moins de pente et de dénivelé, mais de beaux singles assez variés.
YT Izzo Pro Race – On fait connaissance

Le Izzo est la nouveauté de cette année 2020 chez YT et le marketing fait la part belle à la culture japonaise avec un clip de lancement façon manga annonçant un trail bike affuté comme la célèbre épée Nipponne !! Des allemands qui se la jouent à l’américaine avec des katanas ? Ça sent bon le scénario de nanar direct to VHS, ou tout au moins ça brouille bien les cartes.
Ce petit nouveau est à la fois le premier vélo de trail, le plus petit, le premier à n’être disponible qu’en cadre carbone et le premier à ne proposer que du 29″ parmi les vélo de la marque… Une toute nouvelle architecture pour un VTT qui s’adresse à un nouveau public chez YT tout en gardant les gênes qui font le succès des bikes de la marque.

On retrouve donc un cadre full carbone (biellette incluse) sur toute la gamme, de même qu’un débattement en 130 mm avant comme arrière. Le passage des gaines se fait intégralement en interne et comme d’habitude chez YT, chaque niveau de gamme possède son propre coloris.
La gamme s’étend du modèle Comp à 2999 € annoncé à 13,1kg, à la version Pro Race ici en test à 5299€ que nous avons pesé à 12,35 kg en taille L. Pour le lancement du modèle, YT propose une édition limitée Launch ultra luxueuse (Sram Eagle AXS, Fox Factory…) annoncée 11,8 kg pour 6499 €.
L’équipement
- Fourche: Fox 34 Float Factory (130mm, déport 44mm)
- Amortisseur Fox Float DPS Factory (210x55mm, blocage au guidon)
- Transmission Sram X01 Eagle 12v
- Roues Dt Swiss XMC 1200 Spline
- Pneus Maxxis Forecaster Exo 2.35
- Freins Sram G2 RSC (disques 200/180 mm)
- Tige de selle Fox Transfer Factory (150 mm en L)
- Selle SDG Radar MNT YT custom
- Poste de pilotage Race face Next Carbone 760mm rise 20 mm + potence RF Turbine (60mm en L)
L’équipement proposé sur cette version Pro Race est au top, rien n’est à jeter et à ce prix (important mais justifié) il n’y a que peu de marques qui peuvent rivaliser. Le carbone est omniprésent à commencer par le pédalier Sram XO1 qui complète l’excellent groupe Eagle 12 vitesses du même nom. Le poste de pilotage Race Face Next et les roues carbone DT Swiss XMC1200 viennent compléter ce montage luxueux. On s’interroge par contre sur le choix des pneumatiques qui semblent peu cramponnés pour le programme.
Les chiffres

Sur le papier, YT propose une géométrie plutôt agressive pour un Trail, avec notamment un angle de direction à 66° et un angle de tube de selle à 77°. Les bases très courtes de 432 mm devraient apporter une bonne dose de fun et de maniabilité. Pour le reste, la géométrie laisse présager un vélo assez équilibré et d’une bonne longueur : 472 mm de reach pour notre modèle d’essai en taille L (sur les conseils de la marque).
Le Izzo est équipé d’un « flip chip » qui redresse les angles de 0,5° et remonte le boitier de pédalier de 5 mm en position haute. Si nous avons essayé la position High, nous lui avons préféré la position Low…
Look et Finition
Look

Il suffit de jeter un coup d’œil au Izzo pour comprendre la raison du marketing version samurai. A l’image d’un katana, le cadre offre des lignes très tranchées et tirées, avec des arrêtes qui se fondent en douceurs pour offrir un rendu racé mais léger visuellement. Le style est moderne et j’aime beaucoup la ligne de ce Trail, à la fois sobre et anguleuse.

Tous les Izzo des différentes gammes jouent la carte de la sobriété avec des couleurs douces. Ce Pro Race est livré en noir mat, rehaussé de touches argentées et le résultat final nous a tous bien emballés.
Finition

La finition est vraiment excellente. La peinture est parfaitement exécutée, les passages de gaines sont protégés en sortie par des petits caoutchoucs. Le passage interne n’a d’ailleurs crée aucune nuisance sonore à l’essai car les gaines sont maintenues et guidées.
Petite touche de raffinement avec une visserie de cadre siglée YT et rappelant le couple de serrage. Niveau protection, le protège-base est généreusement dimensionné et réhausse la sensation de qualité d’ensemble. Un film transparent assez épais fait office de protection de Down-Tube. Je préfère personnellement voir à cet endroit une protection plus conséquente.


Autre point à noter, le cadre dispose de deux vis type porte bidon sous le top tube. Impossible d’y monter une gourde supplémentaire, mais le but est de toute manière de pouvoir installer un porte pompe ou une petite platine porte chambre, etc.
Si la finition est très propre, la peinture noir mat est assez difficile à maintenir propre et se marque assez facilement. Quelques tours sur le porte vélo et des rayures apparaissent sur le cadre. Une gourde qui ballote un peu quand le terrain devient chaotique et voilà de nouvelles traces. Idem pour les genouillères qui viennent toucher et rayer le Top-Tube.
Bref, si vous voulez garder ce Izzo propre il faudra impérativement le protéger, mais comme n’importe quel vélo finalement.
YT Izzo Pro Race – Place à l’action
Position
Avec mon 1,75 m, je tombe juste à la limite M et L sur cet Izzo. Sur le L de test il m’a fallu mettre une potence de 45 (au lieu de la 60 d’origine) pour retrouver une position qui me convienne bien, mais globalement on n’a pas cette impression de longueur que pouvait nous laisser présager les 472 mm de Reach.
Le cintre en 760 correspond à ce que je roule habituellement et il m’a fallu mettre la tige de selle tout au fond pour être (de justesse) à la bonne hauteur. En revanche même si je suis vraiment à la limite des réglages j’ai trouvé la position très agréable. Je me sens bien centré sur le vélo, ni trop haut ni trop bas non plus.

Hugo, qui fait quelques centimètres de plus, n’a pas eu de problème avec la potence mais a un peu plus cherché ses réglages pour se sentir bien posé en montée.
Ergonomie
On a parlé des lignes très épurées du Izzo et le porte bidon Fidlock dédié y participe. En effet une fois la gourde de 835mL (une quantité fort agréable) retirée, c’est à peine si deux petits plots dépassent. C’est bien plus propre qu’un porte bidon traditionnel mais le coût de ce système est notable : 49€90. L’utilisation ne m’a pas plus convaincu qu’un porte gourde à sortie latérale classique mais Hugo a été beaucoup plus séduit par ce système de bidon aimanté qu’il a d’ailleurs adopté à titre personnel depuis plusieurs années.


Au poste de pilotage, YT n’hésite pas à mixer les marques pour proposer la meilleure ergonomie possible. C’est le cas de la commande Race Face pour la tige de selle Fox Transfer. Pour le blocage de l’amortisseur on retrouve un Twistlock Sram monté sur le Fox DPS. La solution est nettement plus propre que d’ajouter une commande à gâchette supplémentaire, en revanche le fonctionnement est quelque peu contre-intuitif. Il faut tourner le Twistlock pour débloquer l’amortisseur et le bouton poussoir permet lui de le bloquer. A l’utilisation nous avons rapidement apprivoisé ce système sans jamais avoir de mauvaise surprise. Mon principal reproche reste la sortie de câble pas évidente à caser entre la poignée de frein et la commande de la tige de selle.


Dans le D+
Pas de suspens, ce vélo est une bombe au pédalage. Entre le cadre rigide, la cinématique bien efficace et le train roulant très léger et dynamique, chaque coup de pédale est un coup de fouet. Dans cette configuration on n’a qu’une envie, tartiner copieusement à chaque coup de cul, ou même sur le plat et atteindre des vitesses pas toujours raisonnables.
Quand la pente s’accentue et que le terrain se fait cassant l’Izzo ne bronche pas. Il grimpe efficacement sans jamais prendre en traître et les deux roues restent au contact du sol dans la limite des Maxxis Forecaster d’origine qui aident au dynamisme mais pêchent un peu en grip quand le terrain devient cassant ou gras.

En revanche attention au coup de mou ! Avec ses DT XMC 1200, cet Izzo n’offre aucun compromis et est plutôt demandant physiquement.
Le blocage de l’amortisseur n’apporte à mon sens que peu ou pas d’intérêt. En effet, il est total (et pas un simple durcissement de la compression) et la perte de grip qui l’accompagne le rend contre-productif. C’est uniquement sur route ou piste ultra-lisse qu’il peut présenter un intérêt avec un petit gain d’efficacité car ce Izzo pompe très peu et est déjà ultra efficace sans blocage !
Dans le D-
Confort
Dans le D- ce vélo se montre très bon. Sur des circuits plus plats et lisses il prend très facilement de la vitesse et donne envie de jouer avec chaque replis de terrain. Quand les choses se corsent, il sait rester gaillard et bien utiliser ses 130mm de débattement. Si on commence à lorgner vers des pistes plus engagées, il secoue un peu sans pour autant se montrer traître.
Les roues carbone le rendent très précis mais se montrent trop rigides à mon goût. Un caillou ou une racine peut facilement faire dévier tout le vélo en l’absence de souplesse et on perd finalement en confiance et en confort. En revanche les Maxxis Forecaster en 2.35 participent activement au confort en offrant un bon coussin d’air.

Du coté des suspensions, la Fox 34 m’a agréablement surpris. J’en avais gardé un souvenir mitigé il y a quelques années. Je constate qu’une fois correctement réglé, ce millésime fonctionne parfaitement. Elle offre un bon compromis entre confort et maintien. Il en va de même pour l’amortisseur qui demande un réglage assez fin de la pression (il ne faut pas hésiter à avoir un SAG assez important) mais donne ensuite un bon confort sans manger trop de débattement.
Freinage
Équipé de freins G2 RSC en disque 200/180 le freinage est excellent. Facile à doser, la puissance est au rendez-vous. Le mordant est moins net que chez certains concurrents (Magura ou Shimano par exemple) mais le freinage ne m’a jamais fait défaut. Du coté des pneus c’est une autre histoire. Les Forecaster d’origine sont un peu léger sur le grip au freinage, en particulier pour le pneu avant qui a rapidement été remplacé par un boudin plus cramponné.

Grip
Le grip sur l’angle est bon, en particulier pour un vélo de ce gabarit et il est possible de bien pousser en virage. En réalité le facteur réellement limitant est encore une fois la monte de pneus, et tout particulièrement le Forecaster avant qui ne demande qu’à décrocher. Cet aspect est pour moi renforcé par les roues DT Swiss très rigides. En revanche avec un « vrai » pneu à l’avant, nous avons récupéré un bon niveau de grip. A l’arrière le Forecaster est suffisant, à moins de vraiment pousser fort.

Maniabilité / Dynamisme
Le vélo est très dynamique, bien aidé par son poids plume et la rigidité globale. La géométrie est vraiment réussie et permet un excellent compromis entre maniabilité et stabilité. Si cet Izzo récompense un pilotage agressif, il sait aussi se montrer docile avec des pilotes plus calmes et est tout à fait à son aise sur des parcours plus lents et tortueux. Il est très facile à faire tourner et renvoie les appuis avec un dynamisme jouissif… Un régal !!

Stabilité / Franchissement
Dans cette taille L assez longue, l’Izzo a montré une bonne stabilité et donne confiance. Le fonctionnement des suspensions aide largement à maitriser l’assiette du vélo dans la pente. Tant que l’on reste dans son programme je n’ai pas vraiment de reproche à lui donner. En revanche attention à ne pas se laisser emporter avec la monte de pneus d’origine. La crevaison pointe rapidement le bout de son nez malgré une carcasse EXO qui, sur le papier, paraissait bien coller au programme. En même temps, difficile de résister à la tentation vu le potentiel que ce trail révèle car même si on ne parle pas ici de mini-enduro, ce Izzo invite copieusement à l’arsouille et dévoile de bonnes capacités pour attaquer dans D-.

Fun / Accessibilité
Le Izzo possède une géométrie moderne, assez ouverte. Venant de l’enduro et de vélos nettement plus agressifs, je me suis tout de suite senti à l’aise, en particulier avec la potence courte. Si Hugo a mis un peu de temps à trouver ses marques dans le D+, la prise en main en descente s’est faite très rapidement.
Entre sa légèreté et le dynamisme apporté par son cadre et ses suspensions, cet Izzo est un vrai jouet. Dès que le terrain le permettait il m’a donné envie de prendre l’air, d’aller chercher les appuis les uns après les autres ou tout simplement de le mettre en travers. Un trail qui vous laisse un grand sourire en bas de chaque descente mais attention aux roues carbones qui le rendent certes ultra dynamique et très précis mais plus délicat et physique à piloter quand le terrain devient chaotique !

YT Izzo Pro Race – c’est l’heure du bilan

Ce Izzo n’est ni un gros XC ni un petit enduro, ou alors si, c’est un peu de deux … Un vélo de trail qui offre une polyvalence redoutable. Une bombe dans le D+ qui reste très joueur et bien capable quand la pente s’inverse. Les roues de ce montage Pro Race n’offrent par contre aucun compromis et font perdre en confort et en tolérance ce que cet Izzo gagne en dynamisme.

+ Super dynamique
+ Excellent compromis monté/descente
+ Prix
+ Finition
+ Ultra fun

– Pneus trop light
– Peinture fragile
– Roues trop rigides
Plus d’infos sur YT-industries.com