Test | Specialized Levo : Mérite-t-il le titre de référence ?

Souvent cité comme l’une des références, le Specialized Levo est un modèle phare sur le marché des VTTAE. Chose rare par les temps qui courent, la marque américaine a annoncé une baisse de tarif significative sur la gamme Levo ! Une belle occasion de prendre les commandes du Specialized Levo dans sa version Comp Carbon pour voir s’il mérite ce titre honorifique de référence du segment !

Le Levo est le VTTAE typé enduro de la marque américaine Specialized. Il partage des similitudes avec son homonyme musculaire : le StumpJumper Evo. En effet, on retrouve sur ce Levo le fameux cadre asymétrique du Stump. Le débattement est de 150mm à l’arrière et 160mm à l’avant, le tout monté sur un cadre totalement en carbone et en format de roues Mullet ( 27.5″ à l’AR et 29″ à l’AV). Nous avons ici en essai, la version milieu de gamme des Levo Carbone.

La gamme Levo démarre à 5000 € avec le Levo Alloy (en cadre aluminium) et grimpe jusqu’au modèle d’exception S-WORKS, pour 15 000€ (seulement). L’assistance des Levo est assurée par un moteur Specialized étroitement développé avec le motoriste Brose. Il est couplé à une batterie SPECIALIZED de 700Wh.

L’équipement

Le montage proposé est cohérent et ne montre à première vue pas de grosse faille. La monte de pneus est en accord avec le programme du vélo. Les carcasses choisies sont des Trail/Enduro qui sont convenablement rigides pour rider dans à peu près n’importe quelles conditions sans se soucier d’ouvrir le pneu à chaque appui. On peut voir sur la taille S3 que la tige de selle est une 150mm, c’est peut être le seul léger point négatif de ce montage si vous êtes plutôt grand (ce qui n’est pas mon cas). Concernant la partie électrique, tout est dans la tendance actuelle : une batterie de 700Wh qui alimente le moteur Specialized 2.2 développé avec Brose. Ce dernier développe 90Nm de couple maximal. Globalement, le rapport prix/équipement n’est pas le mieux placé du marché, mais rappelons que l’équipement ne fait pas tout sur un vélo.

Les chiffres

Ne prenez pas peur par ce grand tableau complexe, je vais essayer de vous expliquer tout ça. Le Specialized Levo possède deux types de réglages qui permet d’ajuster la géométrie du vélo. Le premier se situe au niveau de la douille de direction et permet de faire varier l’inclinaison de la fourche. Le second est un FlipChip sur le triangle arrière qui propose deux positions et permet de faire varier la hauteur du boitier de pédalier. Si mes calculs sont exacts, c’est donc 6 configurations différentes qui s’offrent au pilote.

En fonction des configurations, l’inclinaison de la fourche peut varier de 63.5 degrés à 65.5 degrés. Couplé avec son FlipChip, cela permet au Levo de proposer une polyvalence hors norme, passant d’une géométrie plutôt neutre à une machine carrément extrême. Comme pour passer d’une balade le dimanche matin avec les copains à une manche d’e-EWS. Tout le monde sera capable d’en tirer profit et chacun pourra donc trouver SON Levo. Il faudra par contre passer quelques bonnes heures pour trouver et peaufiner votre configuration favorite.

Look et Finition

Look

Le Specialized Levo a un look assez atypique avec son cadre asymétrique. Il est disponible en deux couleurs, bleu ciel et noir. Nous avons eu la plus sobre : un ensemble composé d’un beau noir mat avec une déco blanche. C’est simple et efficace. Personnellement j’apprécie ce combo qui rend le vélo sobre, élégant et discret. Cela laisse même la place aux passionnés du « tuning » de rajouter quelques petites pièces colorées pour personnaliser un peu la machine !

Concernant les lignes, le tube inférieur parait assez fin pour un gros VTTAE. Lorsqu’on le regarde côté transmission, le moteur se montre très discret. Par contre lorsqu’on passe sur l’autre face, on constate une belle protubérance. Je trouve le Levo moins esthétique côté manivelle gauche mais il garde des lignes assez sveltes pour ce type de VTT électrique.

Finition

La finition du Specialized Levo Carbon est très soignée. c’est un vrai sans faute et je dois avouer qu’il est clairement difficile de lui trouver des défauts. La peinture noir mat demeure solide et très bien réalisée mais attention car lorsqu’on se déplace sur le vélo pour placer des appuis, les genoux peuvent facilement venir frotter contre le renfort asymétrique. En conditions boueuses, malgré une peinture résistante des petites micro rayures apparaissent à cet endroit.

Les passages de gaine sont bien étudiés, les sorties de celles-ci sont propres et accompagnées d’un petit cache plastique qui les maintient parfaitement. La marque américaine a également été généreuse sur les protections. On en retrouve sur tous les endroits exposés : une protection au niveau du point de pivot inférieur empêche la saleté de se glisser entre le triangle arrière et le triangle avant. Sur la base droite, une belle protection généreuse en caoutchouc empêche la chaîne de taper le cadre. Elle réduit par la même occasion le bruit en descente. Même le hauban hérite d’une petite protection. Pendant l’essai, nous n’avons déploré aucun décollement ni aucun défaut apparaître.

Concernant le sabot moteur, là aussi Specialized marque des points. Il est généreux mais peut-être un poil fragile ? Lors d’une sortie entre neige et cailloux, un retour de pierre a malheureusement croisé son chemin. J’ai donc justement cassé cette pièce. Pour la somme de 32€ vous pourrez la remplacer assez facilement. Cela se fait en 5 minutes et tout est bien pensé. Un vrai plus selon moi pour l’entretien du vélo sur le long terme. Le reste du tube inférieur est recouvert d’un film de protection.

SPECIALIZED Levo – Place à l’action

Avant de s’attaquer au test terrain, je trouve qu’il est important de notifier la simplicité de réglage des suspensions de ce montage Comp Carbone. Ce sont des suspensions entrée de gamme de chez Fox avec lesquelles il suffit d’ajuster son air, son réglage rebond et de partir rouler sans se poser trop de questions. Pour les « experts », il est vrai que les réglages du combo Fox peuvent se montrer légers. Mais je pense clairement qu’il vaut mieux avoir une fourche basique bien réglée et qui fonctionne bien plutôt qu’une fourche très haut de gamme mal réglée.

Comme tous les vélos que j’ai en test, j’ai beaucoup roulé ce Levo. J’ai souvent pour habitude de parler en dénivelé positif plutôt qu’en kilomètre d’ailleurs. Avec plus de 15 000m de D+ à son guidon, j’ai eu l’occasion de voir ce que ce Spé avait dans le ventre ! Ayant récemment déménagé sur Lyon, j’ai poncé les traces des Mont du Lyonnais (du côté de Pollionay pour les connaisseurs), ce spot permet d’avoir une variété de terrain très intéressante. Allant de la piste enduro très naturelle et peu marquée à de grosses lignes typées DH bien engagées et shapées. Le terrain de jeu idéal pour le test d’un VTTAE !

Position

La position est assez naturelle au guidon du bike. La prise en main est très facile, tu te sens rapidement comme à la maison. La position est centrée au dessus du boitier de pédalier, ce qui apporte du confort au pédalage et évite les douleurs au dos notamment sur les longues sorties. Rien n’est choquant, tout tombe sous la main, c’est plutôt agréable.

Ergonomie

Dans ce domaine, le Levo a clairement des attributs à faire valoir ! Tout d’abord, nous allons commencer par la partie électrique du bike. Pour contrôler ce nouveau moteur de chez Spé (le 2.2), il y a une petite commande très simple et discrète qui permet de changer de mode d’assistance, de naviguer dans les différentes infos affichées sur l’écran et aussi d’activer le mode marche. 4 boutons, c’est simple et efficace.

L’écran est quant à lui intégré directement dans le top tube, un vrai plus quand on apprécie la discrétion et puis ça évite clairement de l’abîmer en cas de mauvaise chute. Sur cet écran, il y a énormément d’informations que l’on peut afficher avec un choix de plusieurs écrans. Chaque « écran » est personnalisable via l’application dédiée. Cela permet de choisir les informations que l’on veut afficher, celles qui nous semblent les plus pertinentes.

Un point qui m’a beaucoup séduit est la possibilité d’afficher le dénivelé total de la sortie sans avoir besoin de connecter le vélo à son téléphone. C’est un vrai plus par rapport aux concurrents qui nécessitent souvent d’être connecté au vélo pendant la sortie pour avoir ce type d’information !

Un dernier atout de l’ergonomie électrique, la batterie est amovible. Cela se fait de plus en plus rare sur les gros VTTAE. C’est vraiment bien quand tu vis en appartement. Cela évite de devoir grimper au 3ème étage sans ascenseur avec 25kg sur le dos pour charger ton bike ! D’autant plus qu’avec le S.W.A.T dont je parle juste après, même pas besoin d’avoir une clef dans la voiture pour la démonter.

Attaquons maintenant la partie plus classique de l’ergonomie de ce Levo. Tout d’abord, le système S.W.A.T. intègre un petit multi-outils dans le pivot de fourche. il est accessible en une fraction de secondes, ça permet d’avoir un petit outil à portée de main. Un bon point quand on aime rider sans sac comme moi ! Le fonctionnement est très simple, il n’y a pas d’étoile dans le pivot de fourche, le jeu de direction est mis sous pression avec un contre écrou sous la fourche dans le bas du pivot. Un maillon rapide de chaîne est intégré dans le système. Il faudra alors le démonter pour y avoir accès mais ça pourrait sauver une sortie en cas de casse de chaîne.

Enfin, le cadre laisse assez de place pour accueillir un porte bidon classique avec dégagement latéral. De quoi embarquer assez d’eau pour une belle sortie de 3h voir plus !

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Dans le D+

Dans le D+, le montage mullet n’est souvent pas le meilleur quand on parle d’efficacité. Sur le Levo, le grip est étonnamment plutôt bon pour ce type de montage en tailles de roues différenciées. Attention, cela ne vaut pas une grande roue de 29″ à l’arrière. La puissance passe dans l’ensemble plutôt bien au sol. La qualité de la suspension arrière et le choix du pneu arrière y sont surement pour quelque chose.

Quand le sentier devient technique, le Specialized Levo se montre vif, dynamique et maniable. L’avant est plutôt très léger et souple. C’est agréable de voir à quel point il est facile de lever la roue avant du vélo pour réaliser des franchissements. Il n’a pas de fâcheuse tendance à cabrer mais il faut tout de même corriger légèrement sa position afin de conserver la roue avant au sol.

Côté motorisation, c’est la première fois que je roule au guidon d’un VTT électrique équipé d’un moteur Brose. J’ai été agréablement surpris par ce moteur. Au fonctionnement, je trouve qu’il est très naturel, progressif et coupleux. Il donne très peu d’à-coups et se montre souple à l’utilisation ! Pour rappel, il y a 3 modes d’assistances : Eco, Trail & Boost, gérés par une petite commande très discrète. Ils sont entièrement personnalisables sur l’application dédiée. Le moteur est alimenté par une batterie de 700Wh. Le moteur n’est pas gourmand en batterie, j’ai pu réaliser des sorties avec plus de 2200m de D+ sans me soucier du niveau de batterie restant. Attention tout de même l’autonomie de la batterie varie énormément en fonction du poids du pilote et de la condition physique. Il me semble important de souligner que je pèse 65kg et que je suis plutôt entrainé.

J’ai la plupart du temps roulé en mode Trail, ce qui permet de rouler à une vitesse moyenne impressionnante de 18-20 km/h. De quoi faire de belles boucles sur 3h, à fond et en ayant la banane ! Dernier point qu’il me paraît utile de souligner, le moteur est agréablement silencieux.

Dans le D-

Confort

Le Levo se montre très confortable. La cinématique travaille plutôt bien. Il ne demande pas trop d’engagement physique, ce qui permet de prendre rapidement confiance à la descente. On s’y sent bien, assez vite ! La Fox 36 apporte un peu de souplesse sur l’avant du vélo (en négligeant évidemment un petit peu de précision). La fourche consomme facilement du débattement, j’ai ressenti un manque de maintien hydraulique sur la Fox 36 Rythm. J’étais très souvent dans la fin du débattement dès qu’il y avait un peu de pente et surtout de la vitesse. Afin de ne pas trop talonner j’ai dû légèrement surgonfler la fourche. Le manque de maintien hydraulique se ressent moins sur l’amortisseur que l’on ne sent d’ailleurs pas talonner violemment en fin de course. Globalement, on travaille quand même pas mal dans le débattement mais ça ne m’a vraiment pas empêché de me jeter dans des parties très accidentées sans arrière-pensée.

Freinage

Comme vous le savez sans doute, le feeling avec les freins de la marque américaine Sram est une question de goût. Je ne suis pas forcément un grand fan du toucher Sram mais dans l’ensemble, ce combo Code RS accompagné de deux disques en 200mm permettent déjà de vraiment rouler fort et d’assumer le poids du vélo. Attention tout de même, sur les longues descentes avec pas mal de dénivelé et de pente, les freins manquent un poil de puissance et il m’est arrivé de bloquer la poignée contre le grip ! Niveau chassis, la roue arrière est quant à elle rivée au sol grâce au très bon travail de la cinématique de suspension.

Grip

L’angle se met très facilement et ça, peu importe la configuration de géométrie choisie. Le Levo s’ancre bien dans les virages et donne confiance pour pouvoir rouler sans crainte et ne pas dévier de sa trajectoire. Le pneu arrière ne glisse pas trop, comme dans le D+, le grip ne vaut pas un full 29″ mais j’ai été assez surpris par la volonté de l’Eliminator à garder du grip. J’ai pu noter une légère différence lorsqu’on roule le vélo en Slack et Low (la géo la plus extrême), il faut davantage charger la fourche pour bien l’ancrer dans le terrain. Cela demeure toutefois léger.

Maniabilité / Dynamisme

Bien évidemment, plus la config de géométrie du Levo est « raisonnable » et plus le vélo est maniable et dynamique. Mais même en configuration la plus extrême, le Levo se montre très maniable et dynamique sur des traces typées enduro. Il est très facile de tirer pour changer de direction. On peut vraiment s’amuser à jouer avec le terrain et faire des appels/contre appels à tout va ! Avec notre montage, j’ai par contre remarqué que sur des traces plutôt typées bikepark lisses avec beaucoup de vitesse que le bike a tendance à légèrement s’écraser et consommer énormément de débattement dès qu’on pousse sur les pédales.

Sur des terrains plus plats, il vaudra mieux choisir une configuration plus neutre car avec la position la plus ouverte et basse, le Levo se montrera un peu plus pataud que dans la pente. En relance, le moteur coupleux associé à la géométrie du bike permettent une vraie prise de vitesse à la relance. Sur des terrains montagneux, la petite roue de 27.5″ à l’arrière est un vrai plus, elle apporte un réel dynamisme lors des passages d’épingles notamment.

Stabilité / Franchissement

Lorsqu’on parle d’un VTTAE proposant 150mm de débattement, on s’attend à pouvoir l’emmener dans des terrains très accidentés et dans la pente. Bon point pour le Levo qui est très bon dans ce domaine ! Comme sur l’ensemble des terrains, le vélo permet d’avoir confiance et de rider sans arrière pensée. Il est stable et équilibré. La géométrie encaisse bien, même les gros impacts et la suspension arrière ne sature pas sur les successions de chocs.

Fun / Accessibilité

Alors dans ce domaine, le Levo excèle ! C’est un vrai petit jouet, à chaque sortie ce fut un réel plaisir de rouler au guidon de cette machine. Sa maniabilité et son dynamisme permettent de tout tirer, de se mettre en travers. Il se manie très bien pour un gros VTTAE de son acabit ! En l’air, sa bonne répartition des masses est un vrai plus, cela permet de s’envoyer sur de gros tirs sans trop se poser de question.

Le Levo n’est clairement pas un vélo qui nécessite un gros bagage technique ni physique. Il se montre très accessible et peut être roulé par tout le monde. Il a plutôt tendance à épargner son pilote afin de garder un max d’énergie pour prendre de grandes doses de plaisirs à son guidon sur chaque session de ride ! Avec sa géométrie ajustable à souhait, il convient vraiment à tous.

SPECIALIZED Levo Comp Carbon – c’est l’heure du bilan

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Le Test du Specialized Levo en vidéo

Les VTTAE concurrents testés précédemment

Cannondale Moterra – Moustache Game – Marin Alpine Trail E2 – Sunn Kern EL