Test Nouveauté | Specialized Turbo Levo 4 : En passe de redevenir la référence !?

Tout le monde s’en doutait après l’arrivée des nouveaux Levo SL et Stumpjumper, cette fois, c’est officiel : voici le tout nouveau Specialized Turbo Levo 4 ! Cette nouvelle génération apporte son lot d’évolutions majeures : une cinématique repensée, un moteur optimisé, une nouvelle conception du cadre, un placement revu de la batterie et une personnalisation ultra poussée. Autant dire que ce Levo 4 ne manque pas d’arguments !
Nous avons eu la chance de le tester en avant-première sur les sentiers techniques et engagés de Madère. Voici nos premières impressions.

Turbo Levo

Le Specialized Turbo Levo est l’un des modèles iconiques du monde du VTTAE. Lors de son lancement en 2015, il avait marqué les esprits avec un moteur et une batterie particulièrement bien intégrés pour l’époque. Depuis, Specialized n’a cessé de faire évoluer sa machine, repoussant les limites de la performance à travers trois générations. Aujourd’hui, la marque dévoile son ultime version : le tout nouveau Turbo Levo 4.

Nous avons été invités par Specialized sur les terres rouges de Madère. L’objectif : prendre en main cette toute nouvelle machine et vous donner nos premiers ressentis sur le Levo 4.

Un look pas si méconnu

Ce nouveau Levo 4 prend vie autour d’un nouveau châssis entièrement en carbone. Si vous avez suivi les dernières nouveautés Specialized, que vous pouvez retrouver ici pour le Stumpjumper et ici pour le Levo SL, ce cadre doit vous paraitre familier. En effet, la marque américaine reste dans la continuité de ce qu’ils nous ont proposé depuis mai 2023 et la sortie du Levo SL en dévoilant un cadre allégé du bras de renfort parallèle à l’amortisseur. Comme on l’avait souligné à l’époque sur le SL, ce cadre perd un peu son côté atypique, mais gagne largement en pureté et en simplicité avec des lignes plus droites et plus agressives.

Nouveau moteur Specialized 3.1

Avec l’arrivée de ce nouveau Levo, Specialized inaugure un moteur inédit : le Specialized 3.1.
Développé main dans la main avec Brose et exclusivement réservé à Specialized, les ingénieurs n’ont pas lésiné et nous proposent l’un des moteurs les plus puissants vendu en série.
Deux versions sont proposées, une classique et une S-Works bodybuildée. Dans sa version standard, le Specialized 3.1 développe un couple max de 101Nm et une puissance max de 666W alors que la version Specialized 3.1 S-Works développe 111Nm de couple max et 720W de puissance max. Pour arriver à ce résultat, rien d’incroyable dans le modèle S-Works par rapport au Specialized, juste une programmation un peu plus énervée.

À l’intérieur du moteur, un vrai travail de perfectionnement a été réalisé. Le moteur Specialized 2.2 n’avait pas la meilleure réputation niveau bruit et fiabilité, ils se sont donc attelé à faire mieux. Pour cela, ils ont décidé de faire une pignonnerie en acier deux fois plus large que la précédente afin de mieux contrôler la température. C’est amusant de voir ce choix par les équipes à contre-courant de ce que nous a proposé Bosch en novembre dernier avec une pignonnerie en composite. Ils annoncent également qu’ils ont travaillé sur le surfaçage de leurs pignons afin qu’ils soient le plus lisse possible pour réduire le bruit. On en reparlera dans la prise en main, c’est plutôt prometteur.

Ce moteur se veut également plus constant dans la gestion de la cadence. Le modèle 2.1 avait un pic de performance autour de 60rpm et perdait en capacité au-delà. Avec ce nouveau moteur, le pic se décale autour de 70rpm, tout en restant plus performant que l’ancienne version à 60rpm et surtout, ce moteur 3.1 garde des capacités constantes au-delà et ce jusqu’à 120rpm.

Un Turbo Levo 4 Turbo personnalisable

Le cadre

L’un des points forts de ce nouveau Turbo Levo, c’est sa personnalisation. Specialized a travaillé sur trois axes pour cela  : l’angle de direction, la hauteur du boitier de pédalier et la longueur des bases. Pour l’angle de direction, il est possible grâce à une bague excentrique d’ajuster son angle de chasse de +1° à -1° en passant par un middle qui est la version standard du vélo. Pour faire varier la hauteur du boîtier de pédalier, un flip chip est placé au pied de l’amortisseur, permettant de passer d’un mode high à low en perdant 6mm, et inversement. Enfin, les bases peuvent être rallongées de 9mm grâce à 2 autres flip chips placés à la jonction entre les bases et les haubans.

La batterie

Du côté de la batterie la marque offre plusieurs possibilités. Tout d’abord, 2 batteries sont disponibles : une de 600Wh et une de 840Wh. Il est également possible d’acheter un Range Extender de 280Wh. Là où ça devient intéressant, c’est qu’au-delà de la possibilité de bodybuilder votre batterie, ce Range Extender peut être utilisé seul. Cela offre certes une batterie très limitée, mais pour des petites sorties style lunch ride, journées en shuttle ou en station, ça permet de réduire considérablement le poids du vélo. On devrait donc retrouver des sensations plus proches d’un musculaire tout en gardant un peu de batterie pour les liaisons.

La géométrie du Specialized Turbo Levo 4

La gamme du Specialized Turbo Levo 4

La gamme de ce Levo 4 Carbon se décline en 4 versions et un kit cadre. Lors de notre prise en main, nous avons essayé le Levo dans sa configuration ultra haut de gamme S-Works. On devrait d’ici peu rouler une version un peu plus accessible que vous retrouverez dans un gros projet très rapidement. On n’oubliera pas de vous tenir au courant de ce qu’on en pense.

GENIE

On s’y attendait fortement : ce nouveau Levo débarque avec la technologie d’amortisseur GENIE. Nous en avions parlé à la sortie du Stumpjumper en juillet dernier, article que je vous invite à lire si vous voulez entrer dans les détails du fonctionnement de cet amortisseur. Pour faire simple, cet amortisseur a une gestion de l’air particulière, avec un volume de la chambre positive plus conséquent permettant une meilleure sensibilité. Cependant, lorsque l’on arrive en fin de course de l’amortisseur, le piston va venir bloquer l’entrée de la chambre additionnelle, ce qui va venir réduire le volume d’air et ainsi donner un comportement semblable à un token, faisant augmenter la pression plus rapidement et, par conséquent rendre la fin de course plus ferme pour éviter de talonner.
On retrouve un système similaire sur la fourche Vaia d’EXT, pour laquelle nous avons dédié un article fort instructif.

Finition et Praticité

Finition

La finition est digne de Specialized. Rien à redire, la peinture est propre et le vélo a l’air bien protégé. Nous l’avons roulé sur quelques jours en prise en main, il nous est donc impossible de vous dire précisément comment le vélo vieillit. Mais, de notre expérience avec les différents modèles Spe que nous avons eu à l’essai, nous n’avons pas véritablement de crainte sur ce point.

Ce nouveau Levo est correctement protégé avec un protège-base plutôt couvrant qui est associé à un pad sous le hauban pour protéger des impacts de chaine. On retrouve également un sabot moteur qui remonte légèrement sous le downtube ; rien de trop, mais ça devrait suffire à protéger des remontées de pierres. On retrouve un petit garde-boue couvrant la jonction des bases au triangle avant. Ça devrait limiter la pénétration d’eau dans les roulements et ainsi prolonger leur durée de vie. En parlant de roulement : comme chez Santa Cruz et Pivot, Specialized offre un remplacement gratuit des roulements à vie.

Coté Pratique

Tout d’abord, revenons sur la batterie. Specialized nous a habitués à avoir une batterie amovible sur le Levo et ce n’est pas aujourd’hui que ça va changer. Si sur l’ancienne version l’aspect amovible était ultra discret, le Levo 4 ne se cache pas d’avoir la possibilité de retirer sa batterie. En effet, dorénavant, la batterie s’enlève par le côté, un peu comme les Trek Rail+ gen 4.
C’est propre. C’est du Specialized, mais je pense que ca peut en freiner quelques un au niveau du style. Cependant, en faisant ça, la marque avait une petite idée derrière la tête. Cette ouverture latérale permet l’apparition d’une box, ce qui est plutôt pratique. En fonction de la batterie que vous choisissez, vous aurez plus ou moins de place. Avec une batterie de 840Wh, on a la place uniquement pour un simple petit coupe vent. Sur une sortie allégée avec simplement le Range Extender, vous pourrez emmener toute votre maison avec vous.

Si vous avez un Specialized ou qu’un gars dans votre groupe de potes en a un, vous le savez forcément  : le SWAT est votre meilleur ami. Le Swat, c’est le petit multioutil rangé dans la direction des vélos gravity de la marque. On a vu pas mal de systèmes chez d’autres marques pour intégrer un multi-outil sur le vélo, mais personne ne fait aussi bien que le Swat.

Ergonomie et électronique

L’interface électronique a particulièrement été retravaillée. On découvre une toute nouvelle manette qui permet de shifter les modes moteurs de 10% en 10% en mode Micro Tune. Elle ressemble à un petit joystick qu’il faut pousser vers l’avant pour augmenter de 10% ou vers l’arrière pour diminuer.

Pour les amoureux des gadgets, un nouvel écran voit le jour, la résolution est nettement améliorée et un gros travail d’intégration a été fait. On a l’impression d’avoir une Apple Watch sur le cadre. Cette unité de contrôle peut être connectée à votre smartphone par Bluetooth et est compatible avec de nombreuses applications. En parlant d’application, celle de Specialized permet de bloquer votre vélo à distance et, grâce à Apple Find, il est possible de localiser son vélo à tout moment. L’application permet également de personnaliser les modes moteurs, mais aussi d’enregistrer vos sorties et les rediriger sur vos réseaux comme Strava ou Garmin.

Enfin, dernier point sur l’électronique, il est possible de s’offrir en after market un chargeur ultra rapide. Ce Smart Charger a une capacité de 700W permettant de recharger 80% d’une batterie en 840Wh en moins d’une heure.

Le Specialized Turbo Levo 4 sur le terrain !

Prise en main

Pour cette prise en main, nous avons pris la direction d’une petite île au milieu de l’Atlantique, Madère ! Pouvions-nous rêver d’un meilleur endroit pour un lancement  ? C’était une première pour moi et j’ai été charmé par cette île ! Je reviendrai !
Nous avons roulé le nouveau Levo pendant 2 journées à la pédale avec plus de 3000m de dénivelé positif et négatif ! Cela laisse entrevoir les premiers traits de caractère de ce nouveau Levo !

Coté électrique

Le moteur est extrêmement puissant et ça se ressent dès les premiers tours de roues. Ça pousse tellement fort, qu’au départ j’ai eu du mal à maitriser la puissance dans les épingles serrées. Après quelques kilomètres, j’ai fait le choix de réduire la puissance à 80% max, c’était largement suffisant pour mon petit gabarit.

Je vous en ai déjà parlé, mais le nouvel écran de ce Levo est véritablement qualitatif et lisible. On est proche d’une Apple Watch en termes de qualité. La nouvelle commande est également différente de l’ancienne avec le petit joystick à actionner. Il y a un vrai coup de mains à prendre. Et si la manette est super pratique à l’arrêt. Sur les sentiers, on a bien plus de mal à être précis sur le nombre de modes que l’on passe.

Son caractrère

C’est simple : avec ce nouveau Levo, tu peux avoir un bike typé race parfait pour engager et rouler vite, comme avoir un bike compact facile à prendre en main et à bouger.

Dans les sections défoncées, le combo de suspension couplé à la nouvelle cinématique fonctionne à merveille. C’est super confortable et ça garde le cap sans devoir se battre. Du haut de mes 1,68m, j’ai roulé un taille S2 avec une tige de selle de 150mm, parfait pour mon gabarit. J’ai essayé diverses combinaisons de réglages et ma préférée est : un angle de direction slack (-1°) ;  le boîtier de pédalier en high (+6mm) ; les bases en long (+9mm).
Avec ce réglage, j’ai trouvé que c’était le bon compromis entre maniabilité et grip. Dans les airs, le nouveau Levo est stable et prévisible. Sachez qu’il ne vous prendra jamais en traître, vous pouvez vous envoyer en l’air comme vous ne l’aurez jamais fait pour atteindre des plaisirs encore inexplorés.

J’ai véritablement envie d’essayer un modèle plus accessible comme le pro, par exemple. Le modèle S-Works est très rigide, même peut-être trop pour monsieur tout le monde. Cela permet certes d’avoir un vélo dynamique et réactif, mais il ne faut pas s’endormir à son guidon et avoir un pilotage actif et plutôt agressif. Dans une version plus classique, il devrait se montrer un peu plus sage.

J’ai trouvé la cinématique de ce nouveau Levo nettement plus progressive que l’ancienne génération. Sur le Levo 3, je devais gonfler fort l’amortisseur pour que le bike ne s’écrase pas trop et reste dynamique. Le nouveau Genie n’y est d’ailleurs peut-être pas pour rien dans cette histoire. C’est pour moi l’un des meilleurs amortisseurs que j’ai pu rouler. On n’a jamais la sensation de talonner ; sur les petits chocs il reste extrêmement sensible et malgré tout il garde un bon maintien en milieu de course.

Le Levo uniquement avec l’extender

J’ai pu essayer durant ces deux jours le vélo avec uniquement l’extender. Les sensations sont assez proches de celles d’un VTT light assist avec un peu plus de répondant tout de même. La puissance du moteur est diminuée tout comme son poids. Il faudra donc penser à retoucher à ces réglages de suspension.
Dans cette configuration, le vélo devient moins stable, mais surtout plus vif et nettement moins collé au sol. C’est une solution qui s’envisage pour rouler en bike park de temps à autre. Personnellement, je préfère le vélo avec sa batterie, il donne plus de confiance, il est plus stable et il rebondit moins sur les obstacles.

J’ai pris énormément de plaisir sur les traces incroyables de Madère au guidon de ce nouveau Levo ! J’apprécie fortement le fait d’avoir un vélo super versatile permettant de l’adapter au mieux au terrain !

Conclusion

Ce nouveau Levo est une vraie réussite. L’apparition de ce nouveau moteur en deux versions standard et S-Works est intéressante. Selon moi, le moteur S-Works, un peu comme le Bosch CX Race, n’est pas à mettre dans les mains de tout le monde, il faudra apprendre à le connaître pour profiter de son plein potentiel. Il fonctionne super bien, mais reste à voir sa fiabilité dans le temps, en espérant qu’elle soit meilleure que la version précédente. Si, pour Specialized, le châssis de ce nouveau Levo est une révolution puisqu’ils sont partis d’une feuille blanche. Sur le terrain, j’aurais plutôt tendance à dire que c’est une évolution de la précédente version !
La vraie révolution se trouve plutôt dans le moteur et l’ergonomie qu’offre le Levo, qui devrait s’installer comme l’une références du marché !