S’il est sans conteste que les roues sont un des composants les plus importants d’un vélo, il n’est pas toujours simple de s’y retrouver dans l’offre actuelle. D’un côté, les grandes marques proposent à grand coup de marketing des produits « toujours plus aboutis et issus de longues recherches ». D’un autre, les artisans tablent sur des montages adaptés et personnalisés. Il existe aussi un entre-deux: à l’instar d’Astérion en France, la société belge Amaruq propose une gamme complète de roues, montées avec le plus grand soin selon des spécifications bien précises. J’ai testé pendant plusieurs mois les roues VTT en carbone d’enduro, les AMARUQ Adrenaline.

AMARUQ Adrenaline

Roues VTT Enduro en Carbone.
29 pouces / poids 1699g (Pesée avec scotch et valves)
Prix : 1799€

Look / Finition

Niveau look, ces roues jouent la carte de la sobriété, comme souvent sur ce segment. Au menu, une livrée « all black », simplement rehaussée par les stickers ainsi que des valves disponibles en de multiples coloris. Les roues sont livrées avec des housses siglées, bien pratiques pour les stocker ou les transporter. Première étape à la réception, vérifier la qualité du montage qui est très bonne : saut et voile contrôlés à quelques dixièmes de millimètre et surtout des tensions de rayon parfaitement homogènes. Mon seul reproche concerne le scotch tubeless. Si la pose est bien réalisée et l’étanchéité au rendez-vous, le bout était décollé. Un point de glue et l’affaire est réglée, mais j’ai trouvé ce détail décevant vu le prix et le positionnement haut de gamme de ces roues.

Après discussion avec la société, si les rayons (28 par roues) sont les très classiques sapim CX Ray, les moyeux sont (pour le moment) un modèle générique fabriqué en asie. En revanche, les roulements assez haut de gamme, sont montés dans les ateliers belges pour garantir un montage parfait, gage de meilleure durée de vie. Les jantes sont fabriquées à Taiwan dans une usine particulièrement réputée et surtout leur profil est unique à Amaruq. Ces jantes sont larges (32mm), basses pour plus de confort et asymétriques pour un meilleur équilibre des tensions. La marque belge est en cours de développement de ses propres moyeux qui seront fabriqués au plat pays.

Au niveau du SAV, Amaruq propose une garantie à vie sur les jantes et 2 ans pour tous les autres composants. Cette garantie couvre les défauts de fabrication et vices. En cas de casse accidentelle, la marque peut rapidement proposer un remplacement des pièces abimées, l’avantage d’avoir un interlocuteur situé dans le Benelux.

AMARUQ Adrenaline – Sur le terrain

Dynamisme et précision

Quelque soit leur poids, les roues carbone apportent toujours un gain de dynamisme notable et ces Adrénaline ne dérogent pas à la règle. Les appuis sont plus francs et un pilotage plus physique permet un grand gain de vitesse. Avec un poids relativement contenu, elles ont aussi bien trouvé place sur mon enduro que sur mon vélo de trail, un YT Izzo. Sans être particulièrement important, le nombre de points d’engagement est suffisant pour avoir une réponse rapide de la roue arrière en relance. Même si les jantes ne sont pas particulièrement légères (505gr annoncées) l’inertie ne se fait pas sentir.
Avec un montage bien soigné et un profil de jante étudié, la rigidité latérale est très bonne et permet une grande précision. Le pilotage peut se faire plus incisif et les changements de direction plus vifs.
Au delà des roues en elle-même, le pneu est bien maintenu et il faut vraiment descendre à des pressions très faibles pour perdre en maintien.
Lors d’un incident malheureux (plus de détails par la suite), j’ai roulé un maxxis dissector double down avec moins de 1bar de pression sans impact majeur sur le riding et surtout sans déjantage.

Confort et tolérance

Si le carbone apporte dynamisme et précision, il est bien plus difficile de le faire aussi confortable et tolérant. A ce petit jeu, j’ai trouvé ces Amaruq Adrénaline très bonnes. Sur mon enduro (qui n’est clairement pas le cadre le plus rigide), le mariage est vraiment bon. A aucun moment je n’ai eu à subir les inconvénients d’un ensemble trop rigide. En particulier dans les pierriers et champs de racines j’ai toujours eu suffisamment de tolérance pour que le vélo puisse « vivre » et suivre le terrain. Mieux, sur un weekend complet de bike park je n’ai pas eu mal aux mains comme souvent. Même si il est impossible d’en attribuer tout le mérite aux roues, il ne fait pour moi aucun doute qu’elles ont joué leur rôle.

Sur mon Izzo le bilan est un peu plus en demi-teinte. Le cadre est vraiment très rigide et la paire d’Amaruq apporte un petit peu trop de rigidité. A l’arrière notamment, le vélo tape et surtout le moindre imprévu est susceptible de faire changer la trajectoire. On reste malgré tout loin de la rigidité extrême des DT-Swiss EXC 1200 montées sur le Izzo Pro Race que nous avions testé.

Solidité et durabilité

Beaucoup de légendes et préjugés tournent sur le carbone. On lit bien souvent sur la toile que le carbone est plus fragile et surtout plus cassant, rendant l’aluminium plus adapté à une pratique engagée puisque plus à même de finir un ride/compétition. C’est probablement l’argument numéro un pour expliquer le choix de l’aluminium pour les roues chez les pro-pilotes. L’idée étant de pouvoir redresser ou bricoler une jante alu sans avoir à la changer (et donc ne pas subir de pénalité en compétition).

Depuis des années à rouler des jantes en carbone j’ai pu éliminer tout doute concernant la solidité de la fibre noire. Ceci dit, seuls les diamants sont éternels et il est tout à fait possible de casser des jantes carbone. C’est d’ailleurs ce qui m’est arrivé pendant notre trip à Gap. Lors d’un saut en aveugle j’ai reposé la roue arrière directement sur une pierre. Gros bruit et je me rends compte plus bas que j’ai pas mal perdu en pression. Malgré l’absence de mousse, la carcasse double-down n’a pas pincée et un coup de pompe devrait suffire à repartir. Arrivé au camion je découvre deux belles fissures… Je tente de regonfler, la pression tient et je repars pour essayer de sauver la fin de journée. Après quelques virages à rouler sur des œufs, rien ne semble bouger et je prends alors le parti de terminer la jante. Peine perdue, même en roulant sans retenue la jante a tenu bon. De retour au gite il faudra quelques « drop-to-flat » à pression quasi nulle pour enfin finir de détruire la jante et la rendre inroulable.

Si les accidents peuvent toujours arriver, la tenue de la jante après fissure a vraiment bluffé tout le monde et je n’ai eu aucune arrière pensée en remontant une roue neuve. Pour moi ces roues font preuve d’une belle solidité. Les moyeux n’ont pas non plus montré de signe d’usure après plusieurs mois de bon ride et la finition des jantes n’a pas souffert des différents trips dans les cailloux.

C’est l’heure du bilan !

Si le prix peut paraitre élevé pour une marque peu connue, ces Amaruq Adrénaline m’ont vraiment convaincu et tiennent le pavé face à la concurrence. Elles offrent la qualité de montage des roues artisanales et la pertinence d’une conception dédiée. Pour les pilotes actifs, c’est la garantie de sublimer le comportement du vélo !


Top
  • Qualité du montage et des jantes
  • Poids et dynamisme
  • Confort
  • Solidité

Flop
  • Prix
  • Moyeux « génériques »
  • Restent plus rigide que l’alu
  • Peuvent se montrer exigeantes selon le cadre

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Votre test en vidéo

Site Web AMARUQ

Rémi Poulain
Je suis le mécano fetichiste d'outillage de la team. Baroudeur dans l'âme, quand je ne suis pas derrière mon guidon à l'aventure sur les plus beaux trails, vous risquez de me trouver à l'atelier, une clé à la main et une petite mousse jamais loin.