Le précédent Jekyll, que nous avions d’ailleurs testé, commençait à accuser quelques rides. Un caractère plus efficace que fun et une géométrie plus vraiment dans l’air du temps. Il était temps pour Cannondale de repenser son modèle enduro. Je dois bien avouer que la marque américaine n’a pas fait dans la dentelle avec la nouvelle version 2022 du Jekyll que nous vous avons présenté il y a quelques semaines : Nouveauté – Le tout nouveau Cannondale Jekyll 2022. J’ai pu le mettre à l’épreuve du terrain à l’occasion du lancement presse organisé par la marque.

C’est donc un bike test un peu spécifique que nous vous présentons ici puisque j’ai été le seul de l’équipe à pouvoir rouler ce nouveau Jekyll. Une découverte et prise en main sur 3 jours plus courte qu’à l’accoutumé mais avec un beau programme vosgien et un guide de choix : Jérôme Clémentz. Place sans plus attendre au test…

Cannondale Jekyll 2022 – On fait connaissance

Cannondale Jekyll 1 | 170/165 mm
15,9 Kg | 6 499 €
Site Web Cannondale

Le nouveau Jekyll monte d’un cran et rentre dorénavant dans la case « Super Enduro » ! Son débattement passe à 170mm devant et 165mm à l’arrière. Le cadre est entièrement en carbone et la cinématique change du tout au tout. Cannondale a mis au point un châssis inédit en partant d’un système de suspension 4 bar linkage. Le cadre dispose donc de 4 points de pivot et d’un ancrage interne du bras arrière, appelé « Chainstay Garage ». Les bases arrières rentrent à l’intérieur du triangle avant pour apporter un maximum de rigidité au niveau de bloc pédalier. Le point de pivot principal est assez haut placé et nécessite une roulette de renvoie de chaine pour contrer l’effet de kick-back. Quand à l’amortisseur, il est directement logé dans le down-tube et donc au plus bas possible pour descendre au maximum les masses du vélo.

La gamme Jekyll est très simple, avec un prix d’appel à 4 599€ pour la version 2. La version 1est la plus haut de gamme, et est affichée à 6499€. Le Jekyll est également disponible en kit cadre à 3 499€ avec un amortisseur Fox Float X2 et un kit déco sympathique.

L’équipement

  • Fourche Fox Float Factory 38, 170mm, 15x110mm
  • Amortisseur Fox Float Factory X2, 205×65 Metric Trunnion
  • Dérailleur arrière SRAM XO1 Eagle
  • Shifter Sram GX Eagle
  • Cassette Sram GX 10/52
  • Pédalier Sram X1 30t
  • Chaîne Sram NX
  • Roues Moyeux Formula et jantes WTB KOM Trail i30 TCS
  • Pneus Maxxis Assegaï 3C Maxterra EXO+ 2.5″ / Maxxis DHR II 3C Maxterra EXO+ 2.4″
  • Freins Sram CODE RSC 220/200mm
  • Tige de selle Cannondale DownLow 150mm
  • Selle Fabric Scoop
  • Poste de pilotage Guidon carbone SAVE et potence Fabric

L’équipement de notre Jekyll 1 à l’essai est bien en phase avec le programme. On a clairement un gros bike de montagne équipé en suspensions haut de gamme Fox Factory avec une 38 Grip 2 aux avant-postes et un Float X2 pour couvrir les arrières. Cintre carbone, transmission qui mixe Sram XO1 / GX et freins Code RSC en 220 mm à l’avant, le montage est bien cohérent. Seule la chaîne est d’une gamme que l’on peut regretter de trouver sur ce type de montage et les roues ne sont pas des plus prestigieuses mais globalement le montage est astucieusement étudié pour garder un prix compétitif et attractif avec des équipements haut de gamme aux postes clés. Ce Jekyll 1 me paraît plutôt bien placé nouveau prix pour un gros enduro carbone mais cette version haut de gamme semble quand même destinée à une pratique confirmée voir compétition avec de nombreux réglages au niveau des suspensions. La version 2 est sans nul doute plus accessible sur ce point.

Les chiffres

Géo Cannondale Jekyll

La géométrie évolue de manière proportionnelle à la taille. Le triangle avant diffère pour chaque taille et même si le triangle arrière reste le même, l’ancrage dans le cadre est différent ce qui permet de faire évoluer la longueur des bases arrières pour maintenir un comportement identique quelque soit la taille du pilote !
4 tailles du S au XL sont disponibles et les chiffres de géométrie sont plutôt modernes sans pour autant tomber dans l’extrême. En taille M, l’empattement est de 1227mm et le reach de 450mm. L’angle de chasse est de 64° et les bases arrières font 435mm. Le tube de selle de 410mm est bien court et permettra d’installer des tiges de selle à grand débattement. En taille L, le reach passe à 475 mm et les bases à 442 mm. J’ai eu l’occasion de tester les tailles M et L et, bien que roulant habituellement sur du M, je me suis trouvé plus à mon aise sur le L avec mon 1m79 et mes grandes guibolles.

Look et Finition

Look

Niveau style, le nouveau Jekyll en jette un max ! Dans ce coloris Beetle Green et ses reflets cuivrés qui varient en fonction de l’angle et de la lumière, il ne laisse pas indifférent. Je l’ai trouvé encore plus beau dans son coloris Purple Haze d’un violet pailleté à tendance oil slick. Le cadre dispose d’une vraie identité visuelle et nous avons tous été séduit par l’originalité et le sex-appeal de ce nouveau Jekyll !

C’est du détail mais le logo Cannondale au niveau de la douille de direction est inscrit en relief. Cela ajoute un petit effet au look général déjà très réussi. Je n’ai pas peur de l’écrire et je ne crois pas être le seul à le penser : ce nouveau Cannondale Jekyll est canon !!

Finition

Le cadre a de belles finitions et un souci du détail assez poussé. La protection du bras arrière est très conséquente et remonte sur le hauban, ce qui est plutôt rare mais assez indispensable avec la poulie de renvoi. Le cadre est protégé au niveau des entrées et sorties de gaines qui sont d’ailleurs guidées en interne pour n’avoir aucun bruit parasite et faciliter le remplacement. Le galet de renvoi de chaîne est en métal et d’apparence qualitative. En plus de contrer l’effet de kick-back, il permet d’éloigner au max la chaîne de la base arrière et donc d’éviter ces satanés éclats de peinture présents en général derrière le plateau.

La copieuse et solide protection sous le down-tube est un peu ajourée sur les flancs ce qui est un peu moins harmonieux, mais on y entrevoit du coup le bel amortisseur Fox Kashima. Cette protection dispose d’un petit trou pour l’évacuation de la boue et je peux concéder que c’est assez efficace vu les conditions de roulage que nous avons eu pour tester la machine. Dernier point, la garantie à vie du cadre est un sacré plus !

Cannondale Jekyll 2022 – Place à l’action

Position

On se sent plutôt comme à la maison sur ce Jekyll ! Il n’est pas déroutant et on est plutôt bien assis sur la selle Fabric. Comme je le disais plus tôt, la longueur du tube de selle est plutôt courte et avec mes grandes jambes, j’aurais bien aimé une tige de selle avec encore plus de débattement. C’est peut être la raison pour laquelle j’ai été plus à mon aise sur la taille L ! Pour terminer sur ce point, le guidon est parfait en 780mm de large et les grips sont assez épais. On sent qu’on est assis sur un gros bébé avec un angle de direction bien ouvert.

Ergonomie

Les ingénieurs ont mis le paquet sur la cinématique, légèrement au détriment de l’ergonomie. S’il est tout de même possible d’utiliser un porte bidon, l’accès aux réglages de l’amortisseur peut s’avérer compliqué en fonction du modèle. Sur notre modèle d’essai équipé du rebond réglable à basse vitesse, il faut démonter la protection de cadre pour y accéder. Rien de bien méchant mais cela peut s’avérer plus compliqué pour les riders qui ont un peu de mal à régler leurs suspensions. Opter pour la version 2 et son amortisseur plus simple de conception peut alors être une solution.

Dans le D+

Le Jekyll est plutôt impressionnant dans les montées malgré son gabarit. Ce n’est pas le plus dynamique du haut de ses 15,9 kgs qui se font quand même sentir, mais le pompage est totalement inexistant et il ne se montre pas énergivore ! On sent l’excellent travail sur la cinématique. Il fait parti de ses vélos dont le blocage de l’amortisseur est clairement inutile et on se hisse facilement en haut des spéciales pour le grand plaisir des amateurs de sensations fortes que nous sommes !

Les montés techniques ne sont pas un problème avec un très bon grip de la part du combo cinématique/gomme 3C Maxterra des Maxxis. Le vélo est bien assis et passe sans problème les champs de racines et de caillasses mouillées que j’aurais rencontré lors de ce mini-trip sur les trails vosgiens.

Dans le D-

Confort

Sans être impressionnant, le confort sur ce Jekyll est très bon. On s’attend logiquement à être bien loti sur un gros bike en 170/165mm et c’est le cas. Malgré la technologie du guidon carbone spécialement étudié pour garder un peu de flex et de confort, on sent que la Fox 38 apporte par contre une grosse rigidité de l’avant qui peut s’avérer assez physique dans le détruit. Heureusement que les suspensions travaillent à la perfection et que l’arrière du vélo rattrape cette rigidité avant. L’apport de rigidité au niveau du boitier apporté par le « Chainstay Garage » ne semble par contre pas avoir d’impact sur le confort.

Freinage

La suspension arrière épouse bien le terrain et aux freins, le vélo garde bien la trajectoire. La 38 permet également de garder le cap même quand ça tabasse. Les Sram Code RSC sont puissants et suivent la cadence avec le fameux toucher Sram très progressif. Le disque en 220mm devant ne surprend pas, grâce notamment au toucher progressif. Avec des freins plus agressifs en termes de mordant, le disque en 220mm nécessiterait plus d’adaptation pour freiner correctement que sur ce Jekyll équipé des Code RSC.

Grip

Le Jekyll propose un grip de haute volée ! La cinématique travaille très efficacement et on est collé au sol en virage. Le centre de gravité au plus bas et l’ouverture générale du vélo viennent également jouer leur rôle sur ce point. Le combo Assegai / DHR2 très cramponnés dans leur version en gommes 3C Maxterra est impressionnant également et participe à river le vélo au sol. Revers de la médaille, leur usure est plutôt rapide, notamment à l’arrière qui a pas mal subit avec le speed et les gros freinages lors de cet essai du Jekyll.

Maniabilité / Dynamisme

Comme je le dis à plusieurs reprises à son guidon dans la vidéo que vous pouvez regarder en bas de l’article, le Jekyll a un super pop dans les suspensions pour un gros vélo. Il est agréable à tirer sur les petits appels, naturels ou non. Grâce à sa grande agilité, il virevolte facilement en l’air comme entre les arbres. Avec la taille L et ses quelques 1264mm d’empattement, je n’ai à aucun moment été gêné par le gabarit du vélo, bien au contraire… Le Jekyll cache bien son jeu ! En terme de dynamisme pur, on sent un peu le gabarit et le poids du vélo mais il montrerait presque la maniabilité et l’agilité d’un petit all-mountain. Les relances sont bonnes et d’autant plus efficace que l’on peut pédaler comme un goret même dans la caillasse, ça grip de partout !

Stabilité / Franchissement

Le Jekyll 2022 donne vraiment confiance et on a envie d’en découdre à son guidon ! On aborde les portions raides et techniques sans aucune arrière pensée. Ce n’est pas une surprise vu le gabarit du bike, le vélo est très stable à haute vitesse et permet des vitesses de passages assez folles. La Fox 38 vient aider sur ce point avec un châssis bien rigide et précis, top quand on a le physique qui suit pour aborder de la grosse pente !

Fun / Accessibilité

Cette nouvelle mouture fait parti de ces vélos avec lesquelles on ne se pose pas trop de question. On est vite bien et c’est tout ce qui compte ! Si la version 1 et son équipement un peu plus abouti ravira les fins adeptes du réglage, la version 2 ravira certainement les moins aguerris. Le bike a un comportement sain et ne devient exigent que lorsque l’on cherche à pousser fort et taquiner les limites. Il est aussi capable de procurer du plaisir sans aller trop vite, grâce à son agilité et son pop dans les suspensions.

On prend du plaisir à son bord, on se lance sur des beaux jumps et il rattrapera parfois les excès de confiance. S’il est rigoureux dans le défoncé, il est aussi fun sur de les pistes typées bike-park plus flowy.

Cannondale Jekyll 2022 – c’est l’heure du bilan

Synthèse

Ce nouveau Jekyll tranche littéralement avec la précédente mouture. Avec son look ravageur, sa cinématique originale et affûtée, il offre sur le terrain une prestation de haut vol ! Un Super Enduro bien polyvalent.


Top

+ Look ravageur
+ Efficace dans le D+
+ Rapport qualité/prix
+ Aptitudes dans le D-
+ Garantie à vie


Flop

– Accès aux réglages de l’amortisseur
– Usure rapide des pneus (arrière principalement)


Votre test en vidéo

Arthur Wettling
Peepooodo pour les intimes ! Profond déconneur dans l’âme, je sais être sérieux quand on commence à parler crampon et suspension. Je vais généralement à l’essentiel dans mes tests car la pratique du vélo est pour moi une chose simple et évidente !