Quel passionné de belles pièces ne connait pas Hope ? Réputé pour ces pièces en aluminium usiné fabriquées au Royaume-Uni, la marque Britannique est moins connue pour ces VTT. A tord peut-être puisque nous avions essayé il y a quelques années le Hope HB130 qui nous avait franchement séduit. Et si ce dernier est toujours au catalogue, c’est la toute nouvelle plateforme enduro, qui suscite aujourd’hui notre intérêt ! Véritable pièce d’orfèvre faite à la main de l’autre côté de la Manche, ce gros enduro peut en faire rêver plus d’un. Voyons comment le côté bestial du Hope HB916 se dompte sur le terrain…
HOPE HB916
VTT enduro/super-enduro
débattement de 170 /160 mm
poids 14.78 Kg | prix du montage à la carte présenté 10 500 € // Kit cadre 5000€
Testé par Nathan et Arthur
Le Hope HB916 est une toute nouvelle plateforme chez le constructeur anglais. Il ne s’agit donc pas d’un remplaçant du précédent HB160 mais d’un tout nouveau bike développé autour des exigences et prérequis des vélos d’enduro modernes. La ligne de conduite pour le développement du HB916 est simple : la race. C’est un enduro en carbone avec basculeur en aluminium usiné, en roues de 29 pouces et en 170/160mm de débattement. Il est disponible en kit cadre ou en vélo complet et existe en 3 coloris différents avec 3 niveaux de prix. Le kit cadre avec amortisseur Ohlins TTX22 est à 4700€ en coloris noir carbone, 5000€ pour le coloris « Neutral » présenté ici. Et le magnifique coloris violet caméléon se facture quant à lui 5300€. Le vélo est également proposé en montage complet avec une version GX et une XX1 AXS et en montage hors transmission avec un ensemble de composants et périphériques Hope.
Le HB916 utilise une cinématique de suspension à point de pivot haut comme on peut en voir de plus en plus sur les Super enduro. Il dispose ainsi d’un galet de chaîne supplémentaire, appelé poulie de renvoi pour contrer les effets de chaîne produit par ce type de cinématique. Une nouveauté pour Hope qui n’utilisait pas ce type de géométrie par le passé.
Les chiffres
La géométrie du Hope est plutôt agressive. Nous sommes en présence d’une taille H3 recommandée à partir d’1m82. Le HB dispose d’un angleset permettant de faire varier la géométrie soit en standard soit en mode slack. En mode standard, le reach est généreux avec 490mm, l’empattement global se porte à 1278,5mm. L’angle de chasse est de 64°. Ce n’est pas le plus ouvert des bikes mais ça commence à être respectable ! L’angle du tube de selle paraît super droit en visu et cela se confirme sur le papier avec 77,9° en effectif. Un vrai XC, ou pas… En mode slack, l’empattement s’allonge un peu (+8mm), le reach diminue (-3mm) et la chasse gagne 0,8°, ce qui devient carrément ouvert. Les bases arrières du Hope sont plutôt dans la moyenne avec 440mm. Globalement la géométrie du Hope laisse peu de doute sur ses appétences pour la pente et la vitesse. Reste que cet angle de selle bien droit vient titiller ma curiosité et je me demande si cela peut aider ce Hope qui part avec des équipements bien lourds.
L’équipement
HOPE HB916
- Fourche Ohlins RXF 38 M2 170mm
- Amortisseur Ohlins TTX22
- Dérailleur SRAM X01
- Shifter SRAM X01
- Cassette SRAM GX
- Pédalier HOPE M375 manivelles 165mm
- Roues Montage carte I9 Hydra/DT EX511
- Pneus Continental Kryptotal Fr/Re
- Freins TRP DHR EVO
- Disques TRP 203 mm / 203 mm
- Tige de selle Bike Yoke Revive 213mm
- Selle WTB Volt Cromoly
- Cintre On-up carbone 770mm
- Potence Hope 35/35mm
Le Hope HB916 est produit en petite série. Exceptionnellement, ce n’est donc pas un vélo fourni par la marque que nous avons roulé, mais un vélo monté à la carte et donc au goûts de son propriétaire (ce qui peut expliquer certains choix du montage). Ce montage fait clairement le choix du radicalisme pour la pente négative avec un compromis très orienté. On retrouve donc une superbe öhlins RXF 38 à l’avant, gage de stabilité et de contrôle pour un bike bestial ! Les gros freins TRP sont pour le coup parfaitement dimensionnés pour le gabarit du bike, c’est un choix plutôt surprenant puisque Hope propose également des puissants Tech4 V4 à son catalogues, mais les DHR Evo sont également surpuissants et proposent une ergonomie des leviers un peu plus au goût du propriétaire de ce vélo. Les roues artisanales et les moyeux hydra promettent une belle sonorité et les rayons ronds un max de solidité. Le pédalier Hope avec ses manivelles en 165mm font bizarre sur la fiche technique et sont normalement synonymes d’une meilleure agilité, au détriment de la puissance retransmise au pédalage. Enfin les Continental Kryptotal en version Enduro sont parés pour la pente. Vous l’aurez compris, le montage est aux petits oignons pour attaquer du sale ! Mais qu’en est-il de la polyvalence à l’heure ou certains gros enduro montent comme des flèches ? (comme le Scor 4060 LT…)
Look et Finition
Look
Le HB916 ne laisse personne indifférent, quelle que soit sa livrée de couleur. D’abord parce que c’est un Hope et qu’on en voit peu, mais surtout parce qu’il en jette un max. Dans cette version Neutral à suspensions Ohlins, le vélo respire la qualité de fabrication et fait tourner les têtes. Nathan avaient monté les suspensions EXT dessus, pour les essayer, ça lui donnait un côté encore plus exotique que j’ai adoré !
Le badge en acier brossé est magnifique, la peinture est d’une belle qualité et l’alliance du mat et du brillant rend un bel effet esthétique. Un autre bon point est ce coloris mat un peu sable qui est très peu salissant et peu sensible aux rayures, contrairement à du noir brillant.
La géométrie à point de pivot haut et le gros galet supérieur du Hope lui donnent un look racé et agressif. Un super enduro là pour en découdre, et ça se voit !
Finition
Comme à l’habitude chez Hope, spécialiste de la petite série et du matériel de qualité, la finition est au rendez-vous. C’est magnifique, le carbone est d’une qualité et d’une solidité impressionnante. Le cadre ne résonne pas de la même manière que la plupart des cadres carbone du marché. Rappelons que le vélo et les pièces Hope sont produits en Angleterre. Le cadre est fait et peint à la main. On remarque la netteté du travail quand on regarde au niveau des raccords, sous les passages de gaines et au niveau de la box de rangement (spoiler alert !!!). D’ailleurs, la trappe ainsi que le basculeur central sont en aluminium usiné dans la masse et anodisé en noir brillant… De très belles pièces. Tout est impeccable et ajusté sur le vélo. On a un vélo tout en carbone avec un emmanchement au niveau du basculeur pour se raccorder aux bases arrières carbone. L’axe de roue s’enfile parfaitement au millimètre près tant l’ajustement est net et sans bavure. Du très beau travail Made in UK !!
Le downtube est protégé généreusement ainsi que la base arrière sous la chaîne. Pour titiller, les seuls points de finition qu’on a pu relever sont l’emmanchement arrière entre le basculeur alu et les bases en carbone qui peut laisser percevoir des mini écarts. Le système de passage des gaines dans le cadre est lui très propre et silencieux mais il a tendances à cisailler ces dernières dans le temps.
HOPE HB916 – Place à l’action
Position
Fini le blabla et l’astiquage à tout va sur cette belle bête. On commence avec la position sur le Hope qui est quelque peu déroutante au premier abord. La prise en main prend un peu de temps car le vélo à une géométrie très moderne et un train avant assez haut. Après quelques roulages on finit par trouver sa position. Avec mon 1m79, j’ai de grandes jambes et je dois dire que je suis souvent mieux sur des tailles L. Avec le Hope, je me sens bien positionné grâce à la tige de selle en 213mm qui permet de monter bien haut tout en ayant de la place une fois la tige de selle en bas. Quant à Nathan avec son 1m83, il possède le gabarit parfait pour cette taille L. Le vélo paraît d’ailleurs étonnamment court au pédalage, ce qui est dû à cet angle de chasse bien ouvert et ce tube de selle bien droit. Mais une fois que la pente s’inverse, l’histoire n’est plus la même…
Ergonomie
Le Hope HB916 propose une boîte de rangement dans le downtube, un peu à la manière de la Swat Box de chez Specialized. Le vélo est vendu avec une petite pochette faite pour se loger à l’intérieur. C’est assez pratique et on peut aisément y mettre un kit de réparation tubeless, un multi outil et une ou deux barres de céréales. Sur le capot de la box, on dispose d’un beau dégagement pour mettre un bidon d’hydratation généreux.
Le tube de selle bien que très bas, permet de rentrer une tige de 213mm de débattement complètement. Un must pour ceux qui aiment sauter comme Nathan, mais également pour ceux qui, comme moi, ont de grandes jambes. La tige de 213mm a même limite un poil trop de débattement pour l’enduro car on arrive très très bas au niveau de l’entre-jambes ce qui complique le pédalage assis. Pour sauter en revanche, le débat est clos !
Le HOPE HB916 dans le D+
Après lecture de la fiche technique et de la géométrie, on s’intérroge donc sur les aptitudes du Hope dans les montées. Et bien, ça grimpe sans souci, mais il ne faut pas être pressé ! Le Hope n’est pas très lourd à la pesée mais le ressenti sur le terrain est différent. Avec le galet supplémentaires, ce pédalier en 165mm et ce petit plateau oval, on à l’impression de manquer de force dans les mollets.
Le Hope est donc plutôt usant à emmener et consomme de la calorie. On pédale mais on avance pas très vite. Cela se ressent particulièrement sur de la forêt avec de longues côtes où on enquille les kms. Quand c’est bien sec et raide, le gap est moins important. Notons que la boue vient ajouter des frottement dans le galet supérieur et le côté énergivore du Hope n’en est qu’accentué. Le HB 916 nécessite donc une bonne condition physique. Nous l’avons testé avec des pneus un peu plus roulant mais la encore, on a cette drôle de sensation. Peut-être qu’un pédalier en 170mm viendrait rectifier un peu le tir.
La motricité est excellente à la roue arrière et la suspension pompe peu. L’avant très haut a tendance à cabrer en côte très raide. Il suffira de corriger légèrement votre position au guidon pour contrer le phénomène. Enfin, il faudra proscrire les montées en danseuse car dans cette position le pompage est très important sans blocage de suspension.
Le HOPE HB916 dans le D–
Disons le sans sourciller, ce Hope HB916 est un véritable missile ! Nathan s’est lancé le challenge de refaire le chrono de la noire du Pleney de Morzine au guidon du Hope. Pour rappel, c’est la piste qui nous a servit de référence pour la battle DH vs Super Enduro. Le résultat est sans appel, le Hope HB916 est plus rapide… beaucoup plus rapide !! Sur les 3 chronos au guidon de l’enduro Britannique, c’est une moyenne de 14 secondes de moins sur une durée d’environ 3 minutes 30, l’écart est gargantuesque !!
Confort
Attaquons maintenant le bon sens de la pente avec ce gros vélo qui ne demande que ça. Premier point, le confort ! Si le châssis du Hope est rigide et précis, la cinématique et le duo de suspensions Ohlins font des merveilles. On a une hydraulique avec du volume et des suspensions qui absorbent tout. Du coup, le vélo reste confortable malgré tout et l’amortissement assez progressif. Il en faut beaucoup au Hope pour talloner. On a le sentiment d’avoir toujours plus de débattement.
Freinage
Niveau freinage, la puissance TRP n’est plus à démonter et ils sont des plus agréables sur ce Hope qui roule vite, très vite. Ces gros freins en 203/203 deviennent dociles sur une telle machine et le dosage est facilité. Le Hope avale les phases de freinage et déchire les pistes dans tous les sens. Il vous faudra de bons pneus bien calibrés pour tirer partie de l’excellente cinématique du Hope. La limite aux freins sera surtout celles des pneus.
Grip
Le grip est dantesque avec le Hope. En plus du grip aux freins qui arrache tout, celui en virage met vraiment à mal les pneumatiques. Le vélo va très vite et charge fort. Du coup, ce sont les pneus qui prennent tout dans la tronche et les Kryptotal Enduro montés sur le Hope parraissent même léger sur une telle bête. Ils marchent bien tout de même car ce sont des pneus qui sont précis et sont fait pour aller vite mais la carcasse se déforme beaucoup sous les assauts de la bête. Les suspensions Ohlins ne sont pas les plus faciles à régler car on a moins l’habitude (enfin pour ma part), mais avec le manuel et une fois que c’est réglé ça marche très fort et va comme un gant à ce vélo. Vous l’aurez compris, sur un tel vélo le choix des pneumatiques est des plus importants et mêmes si vous cherchez des pneus bon pédaleurs, privilégiez des carcasses solides et rigides.
Enfin, ce vélo vous fait passer plus fort qu’à votre habitude et il faut savoir rester humble sous peine d’un manque de contrôle. J’ai pu prendre la pleine mesure de l’efficacité du Hope en battant tous mes temps sur les spéciales à coté de la maison.
Maniabilité / Dynamisme
Concernant la maniabilité, le Hope m’aura plutôt surpris. C’est une grosse machine qui s’emmène facilement dans les enfilades et virevolte au doigt et à l’œil à condition d’avoir de la pente ! Même dans les épingles serrées, il inspire confiance et se laisse positionner comme il faut. Le pédalier en 165mm est un choix intéressant niveau maniabilité car il rend le vélo plus nerveux sur les phases de changement d’angle. Le Hope dans cette taille L notamment par rapport à mon gabarit, paraît cependant pataud et peu à l’aise dans des portions moins pentues et sinueuses. Un vélo en M pour moi qui jongle entre 2 tailles aurait permis de conjuguer avec ça au détriment de la stabilité.
Le dynamisme quant à lui est moins évident. Ce vélo est assez élitiste et n’est pas dynamique d’entrée de jeu. Il faut lui faire violence, et se faire violence par la même occasion pour le rendre dynamique et profiter de ses excellentes qualités. Quand on a la forme et qu’on le bouge, on se régale et le vélo donne du pop et saute partout. Mais si on veut chiller tranquille dessus, il se montre alors peu docile et peu dynamique. Un vrai vélo de caractère qui se sied parfaitement d’un pilotage physique.
Stabilité / Franchissement
La stabilité est grande à bord du Hope. Il faudra tout de même un peu de place pour qu’il s’exprime mais son gabarit et sa cinématique à point de pivot haut lui confèrent une appétence à la vitesse pure, que peu de vélos peuvent égaler. Le franchissement est un critère relatif avec un tel vélo. On est sur ce qui s’approche le plus d’un DH donc on aborde les phases de franchissement avec un grand smile. Le vélo inspire et donne confiance pour passer les difficultés. La 38 donne des ailes aux pilotes et on se lance sur les passages les plus difficiles sans arrière-pensée.
Fun / Accessibilité
Le Hope HB916 est un vélo qui m’aura procuré un grand plaisir de pilotage. Bon… quelques gouttes de sueur au passage mais le ressenti final est un vélo vraiment surprenant et ultra rapide. On ne s’attend pas à autant de dynamisme de prime abord et quand on tape dedans, le vélo se transfigure et devient vraiment top. La maniabilité est aussi impressionnante pour un tel vélo. Au final, on prend plaisir avec ce Hope mais toujours en utilisant une bonne quantité d’énergie et sur des spots qui penchent un peu. Comme dit plus haut, ce n’est pas un bon compagnon pour de la rando. Globalement, c’est un vélo physique qu’il faudra violenter et amener à des vitesses élevées pour en tirer ses meilleures qualités. L’accessibilité n’est donc pas son fort et on rejoint un peu le leitmotiv du développement de la plateforme HB916 : la race.
HOPE HB916 – C’est l’heure du bilan
Le test du Hope HB916 nous aura permis de révéler au grand jour ce gros vélo unique à la fabrication à la main. Un vélo pour des pilotes physiques en quête du plus rapide en descente quitte à sacrifier un peu d’aptitudes dans le D+. Il existe des modèles plus polyvalents sur le segment des gros enduro mais aucun qui dispose de l’aura du Hope, de sa qualité de fabrication et de son tempérament rageur. Un vélo unique assurément pas fait pour tous mais qui nous aura vraiment plus que séduit.
+ Grip en virage
+ Pop de suspension
+ Look
+ Qualité de fabrication
+ Vitesses de passages hallucinantes
– Energivore en montée
– Tarif élitiste
– Machine virile à piloter