Test | Ibis HD6 : Il a le mojo !

2024 marque un tournant pour la marque américaine Ibis avec l’arrivée d’une nouvelle plateforme, le HD6. Fini les anciens designs de cadres aux courbes arrondies. Aujourd’hui, les lignes se tendent, le look est agressif, le tout en conservant un des éléments clés de l’ADN Ibis, sa cinématique made in Dave Weagle.

Ibis, c’est peut-être une découverte pour certains de nos lecteurs. Pour autant, il s’agit d’une marque emblématique du segment Premium VTT. Mais à la différence de ses concurrents californiens, Ibis a fait le choix de rester une petite structure afin de garder son indépendance. Une marque créée et dirigée par des riders pour des riders, avec encore aujourd’hui son créateur aux commandes. C’est plaisant et ça mérite d’être souligné.

Le HD6 est le gros vélo enduro de la marque. Développant 180mm à l’avant et 165mm à l’arrière, il fait clairement partie des vélos avec le plus de débattement du segment.

La genèse du HD6 débute en 2023 avec le soutient de l’ex Ibis Enduro Team, sur les Enduro World Series. Les pilotes se sentaient limités avec le MOJO HD5, VTT enduro 27,5″ au tempérament de feu et le Ripmo ancienne génération, 29″ dont la géométrie all-mountain et le débattement modéré était trop limitant. C’est dans cette logique de performance qu’a été développé cette nouvelle plateforme, « Born to Race », le HD6 est né.

Assez étonnement pour un vélo avec ces ambitions, le Ibis HD6 est disponible qu’en montage Mulet (27,5/29). On aurait tendance à penser que le 29″ av/ar offrirait un meilleur rendement et moins de résistance sur les obstacles. Mais, il y a peut-être d’autres paramètres dans l’équation pour faire de cette plateforme une machine de guerre.

La gamme

La gamme du Ibis HD6 débute au tarif de 8 399€ avec le HD6 GX et se termine avec la version XX T-type : disponible au prix de 13 699€. Des tarifs certes très élevés, mais Ibis propose un cadre exotique à la finition irréprochable ainsi qu’une garantie à vie pour le 1er acheteur.
En France, c’est la même histoire que pour le Transition Spire, Sentinelle & Co. Les vélos ne sont pas disponibles en complet, il faudra commander le kit cadre d’un côté et le kit de montage de l’autre (petite particularité du distributeur français Race Company).

L’équipement

Coté équipement, Ibis a souhaité offrir une qualité de ride optimale quel que soit le niveau de gamme du HD6. On retrouvera donc un duo de suspensions Fox Factory sur tous les modèles avec le Float X2 à l’arrière et la 38 Grip2 à l’avant.
Dans notre version XT, on retrouve la classique transmission 12v Shimano XT ainsi que des freins Shimano XT 4 pistons. Simple et efficace ! Petite particularité du vélo que nous avions en test les freins XT avaient été remplacés par des XTR.
Les roues Ibis aluminium BlackBird sont très larges (35mm) et le guidon carbone a la particularité d’être ajustable en largeur via deux inserts vissables. Ces derniers nécessitent de démonter les poignées mais offrent deux possibilités : 800mm ou 750mm de large.

Géométrie du Ibis HD6

Afin de maintenir une position idéale du pilote au-dessus de la roue arrière, l’angle du tube de selle est variable selon les tailles. Sur notre modèle, ce dernier s’élève à 76°.
Pour finir, l’angle de direction reste modéré avec une valeur de 64° pour une bonne polyvalence. Il s’accompagne d’un stack de 625mm, relativement bas à la vue de la fourche de 180mm de débattement. C’était une demande lors de la création du vélo, un stack bas pour favoriser une position sur l’avant, prêt à charger la fourche. Esthétiquement, cela se traduit par une douille de direction particulièrement courte au-dessus d’une fourche particulièrement longue.

Look et Finition

S’il y a un vélo qui fait virer les regards sur son passage, c’est bien le Ibis HD6. Son look racé ne laisse personne indifférent. Pour tout vous dire, à la sortie du carton, nous avons été marqués par la couleur orange flashy que l’on sait être clivante parmi les riders, mais pour le reste, nous étions unanimes. Les tubes sont massifs, les lignes tendues, il en ressort l’impression d’une machine de guerre. Le HD6 se décline en deux autres couleurs : Violet lila / Gris, pour les hipsters ou Green forest / Noir pour un look plus sobre et passe partout. La qualité de peinture est très bonne. Les bases mates et le triangle avant brillant sont d’un très bel effet.

On notera la présence de biellettes usinées et les axes de serrages couleur magnésium dont le couple de serrage est gravé en surface. Très pratique au moment de faire la mécanique. Au-dessus du pédalier, le basculeur est monté sur une entretoise et non un roulement. Choix volontaire et assumé de la marque qui annonce une plus longue durée de vie qu’un roulement à cet endroit particulièrement. Pour les septiques, sachez qu’Ibis offre le remplacement sans frais à vie pour cette entretoise. 
Bref, sur le côté look et finition, c’est un franc succès.

Concernant les protections, elles sont très généreuses. On retrouve une protection de la base droite épaisse, courant sur l’intégralité de la base. Le downtube reçoit deux protections. Une première sous le boitier de pédalier qui est très couvrante. Une deuxième derrière la direction pour éviter les accrocs lors des chargements sur un pick-up. Encore un sans faute.

Est-ce pratique ou pas ?

Dans la rubrique pratique, on retrouve en première ligne le passage des gaines en interne et intégralement guidé. Quel plaisir de n’avoir qu’à introduire la durite et de la voir ressortir de l’autre côté du cadre. C’est un must pour un cadre Premium, que l’on voudrait voir sur tous les vélos.

On notera l’absence d’une box dans le cadre, alors qu’elle est sur les nouveaux Ripmo et Ripley. Pour se faire pardonner, Ibis a positionné deux vis pour fixer des outils et fournit une sacoche qui se loge dans le triangle avant, juste derrière la direction, pour un stockage volumineux. Toujours pratique, sur la zone du bidon, le cadre a été creusé pour recevoir un bidon de grand volume malgré son amortisseur placé à l’horizontale. Bien vu, car c’est souvent le souci sur ce design de cadre.

Pour finir cette rubrique pratique, d’un point de vue entretien, la forme du cadre a l’avantage de ne pas retenir la saleté comme le font les vélos avec l’amortisseurs qui passe au travers du cadre sous le tube de selle. Certes, on ne roule pas tous dans la boue, mais quand c’est le cas, c’est un argument bienvenu.

Ibis HD6 – L’essai Terrain

Aller c’est parti le HD6 voit enfin la couleur des chemins ! On en parlait en début d’article, le stack du HD6 est bas à 625mm. La position est donc chargée sur l’avant. On aime ou on aime pas, pour ma part c’est OK. Il faut aussi prendre en compte que la fourche est en 180mm. Lors de son enfoncement dans le débattement nous allons proportionnellement plus nous déplacer sur l’avant qu’avec une fourche en 160mm.

Et alors comment ça se règle ? C’est là que je voulais en venir. Je conseille de rouler plutôt ferme l’avant pour ne pas trop plonger et en parallèle rouler plutôt soft à l’arrière car la cinématique assez progressive de la suspension ne nécessite pas d’apporter particulièrement du support. Sur son site Ibis précise qu’au vu de la cinématique, les suspensions du HD6 sont préparées avec une hydraulique légère en rebond et compression afin de fournir un maximum de grip. Comme quoi, j’avais vu juste.
Ainsi dans un certain déséquilibre, j’ai trouvé un bon compromis, une position stable à l’avant et confortable à l’arrière.

Comment grimpe le Ibis HD6 ?

Nous le disions en début d’article, le HD6 s’appuie sur une cinématique DW Link. Cette cinématique est reconnue pour ses qualités au pédalage, et le IBIS HD6 ne fait pas exception. Je dirai même qu’il sublime cette dernière. Le premier coup de pédale est impressionnant, le vélo accélère d’une façon immédiate.

Alors oui ! On a une petite roue à l’arrière qui apporte ce dynamisme à l’accélération en départ arrêté. Je l’avais déjà remarqué sur d’autres vélos comme le Stumpjumper Evo Mulet. Il n’empêche qu’ici, c’est significativement le cas. Par contre, dès que l’on atteint la vitesse de croisière qui nous permet de grimper au sommet, cette sensation se perd au détriment d’un pédalage certes bon, mais plutôt classique.
Dans la réalité est-ce intéressant ? Oui, pour un pilote agressif qui aime les relances coup de cul en sortie de virage. Pour un pilote au style plus coulé, ça ne servira pas forcément plus que ça, sans pour autant être un défaut.

Lors des longues ascensions, le HD6 est très efficace. D’une part, le vélo est léger et nous sommes confortablement installés. J’ai régulièrement joué avec le blocage de l’amortisseur, très accessible, à cause de mon réglage assez mou. Ici, la possibilité de fermer l’amortisseur prend tout son sens pour les longues portions à la pédale. 
Dans les pentes plus raides, la motricité est très bonne avec cette petite roue arrière. La cinématique permet de bien coller au sol et offre une très bonne adhérence. Dans les passages sinueux, il est facile de bouger et placer le vélo. D’autant plus que la hauteur du poste de pilotage, assez basse, aide à bien gérer ces passages techniques.

Place à la descente !

Derrière son débattement très généreux de 180mm à l’avant et 165mm à l’arrière, on s’attend à être sur un vrai canapé. Un SuperEnduro qui demande de la pente pour s’exprimer. Et bien, ce n’est pas du tout le cas. Excellente surprise.
La première chose qui m’a marqué sur ce vélo est son agilité, sa vivacité. Rare sont les vélos qui changent de direction aussi facilement. C’est grâce à son angle de direction de seulement 64° mais également grâce à la petite roue arrière et à cette cinématique très dynamique. En tout cas, ça apporte beaucoup de fun au pilotage de cet Ibis HD6. Le fun est clairement un de ses traits de caractère. J’ai vraiment pris beaucoup de plaisir à élargir de nouvelles lignes, à tirer où habituellement je roule plutôt collé au sol. C’est un petit pouce au crime qui vous donne le smile et qui vous incite à jouer avec le terrain.

Dernier point positif du vélo, il génère beaucoup de vitesse. Quand on appuie sur le vélo dans une compression, il prend significativement plus de vitesse que la concurrence. Quand on relance dans un coup de cul, il vous rend efficacement l’énergie que vous lui transmettez et quand on lâche les freins, il accélère et ne bute pas sur les obstacles. Cela apporte un peu cette sensation d’être au-dessus du vélo plutôt que dans le vélo. On aime ou pas, mais en tout cas, il peut aller vraiment vite. Ou du moins, il donne la sensation d’aller vite.

Tout ça, c’est très beau, mais malheureusement, ça se paye ailleurs. J’ai trouvé le vélo plus dur à piloter que la moyenne au moment de mettre de la vitesse. Déjà en ligne droite, il faut le tenir. Il est certes confortable, mais il faut s’accrocher fermement à son guidon pour rester sur la trace. Lors des freinages, il n’est pas du tout posé. Au contraire, il faut encore une fois le plaquer au sol pour ne pas se faire embarquer. Après plusieurs sessions, j’ai réussi à apprivoiser ce tempérament et à en tirer profit. Mais au départ, c’est assez déroutant. À titre de comparaison, le Pivot Firebird a un peu de ça, mais d’une façon moins marquée.

À plus faible allure, cette vivacité s’atténue, permettant de tirer profit du gros débattement pour poser le vélo, freiner en souplesse, et exploiter pleinement le terrain. C’est l’une des particularités de ce modèle imposant : malgré ses caractéristiques de super-enduro, il reste très à l’aise sur des trails aux pentes modérées, grâce à sa réactivité, son efficacité au pédalage, et son poids relativement léger pour sa catégorie. Cependant, sur les pistes plus engagées, il ne sera pas dépassé non plus. Il sera même une vraie machine de race à condition d’être capable de rester sur le vélo.

Pour quel rider ?

Deux profils de pilotes pourraient vraiment tirer parti de ce vélo, chacun avec une approche différente du VTT :

Le premier profil est celui du pilote orienté performance, fort d’une solide technique et d’un bon physique. Il recherche la vitesse et les descentes typées course, appréciant l’efficacité en relance, la vivacité et les capacités du vélo à générer de la vitesse. Maîtrisant le freinage et le maintien de la trajectoire à haute vitesse, ce pilote pourra exploiter pleinement le potentiel du vélo sur terrain technique.

Le second profil est plus polyvalent, en quête d’un unique vélo capable de tout dans l’idée d’un gros All-mountain. Ce pilote aime explorer des trails variés avec un dénivelé modéré, sans pour autant sortir de sa zone de confort à chaque descente. Pour lui, le caractère fun, maniable et polyvalent du vélo, tant en montée qu’en descente, est un atout précieux. Il préfère un vélo agile pour les sorties tout-terrain, sans forcément pousser les limites. Cependant, si un jour il choisit de lâcher les freins en station, il pourrait se retrouver un peu surpris par la réactivité de l’engin.

Le Ibis HD6 : l’heure du bilan !

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