Test nouveauté | Lapierre Spicy : La surprise du chef !

En 2019, le Lapierre Spicy c’était un peu une petite révolution dans le monde du VTT enduro ! Une des premières plateformes développée en 29 pouces et en 27’5. Le Spicy a légèrement évolué au fil du temps mais sans changements majeurs. Le segment a lui aussi beaucoup évolué et le Spicy tenait plus d’un gros VTT All-Moutain que d’un enduro. Le nouveau Lapierre Spicy était donc très attendu. Aperçu aux mains des pilotes du team Lapierre Zipp Collective depuis de nombreux mois, le nouveau Spicy est enfin dévoilé ! Est-il aussi à la hauteur des attentes ? Nous l’avons roulé pendant plus de 2 mois et c’est aujourd’hui l’heure du verdict :

Le Spicy c’est le VTT Enduro de la marque française. Auparavant, il partageait sa plateforme avec son petit frère All-Mountain : le Zesty. Lui aussi d’ailleurs renouvelé cette année, on vous le présente ici dans un article dédié. L’arrivée du tout nouveau Spicy marque la fin de cette plateforme partagée entre les deux modèles. Il bénéficie désormais de sa propre plateforme bien plus radicale. Ce qui permet d’avoir un VRAI VTT All-mountain et un VRAI VTT Enduro au sein du catalogue de la marque française.

La nouvelle plateforme du Spicy est innovante et pourrait sans aucun doute révolutionner le monde du VTT enduro. Son concept est très simple : proposer un VTT Enduro 2 en 1. Le nouveau Spicy comporte deux configurations de cinématique. Celui-ci peut être roulé dans une configuration en point de pivot bas de type Horst Link (plutôt classique) mais il peut aussi se transformer et offrir une cinématique à point de pivot haut. La manipulation nécessite le changement de la biellette, le rajout d’une poulie de renvoie à la place de l’anti-dérailleur et de changer le point de fixation du point de pivot ainsi que le montage ou démontage d’un des garde boue. Il ne faudra également ne pas oublier de rallonger ou raccourcir sa chaine en fonction de la cinématique utilisée (116 maillons en pivot bas et 122 maillons en pivot haut). L’idéal est d’avoir deux chaînes. Le changement se fait seul à l’atelier mais n’est pas à faire sur un coup de tête puisque la manipulation demande entre 30min et 1 heure. Tout le nécessaire pour le changement de cinématique est fourni d’origine avec le nouveau Spicy.

Deux cinématiques, mais quelles sont les différences ? La différence principale entre les deux cinématiques se trouve au niveau de la trajectoire de la roue arrière. En point de pivot haut, la roue arrière à tendance à reculer à l’impact (plus qu’un point de pivot bas) ce qui sur le terrain permet d’avoir un vélo qui bloque moins sur les obstacles et donc qui conserve mieux la vitesse. En contrepartie, souvent le kick back est réduit ou annulé sur certains vélos. Ce qui rend le vélo moins dynamique mais beaucoup plus efficace. Ici, Lapierre n’a pas souhaité annihilé complètement le kick back en point de pivot haut afin de conserver un léger dynamisme. Les cinématiques à point de pivot haut sont généralement utilisées sur des vélos destinés à être perfomant en descente.

Le nouveau cadre du Spicy développe désormais environ 170mm de débattement arrière (174mm en High Pivot) et on retrouve aux avants postes une fourche en 180mm. C’est tout simplement énorme ! En plus d’avoir la possibilité de changer sa cinématique, il offre la possibilité de choisir son format de roue arrière via un flipchip. D’origine, le nouveau Spicy est livré en version la plus radicale : point de pivot haut et montage MX (avec tout le nécessaire fourni pour le passer en point de pivot bas).

Au catalogue, nous retrouvons 4 Spicy et un kit cadre. Les nouveaux Lapierre sont uniquement disponible en cadre carbone. Le premier modèle de la gamme, le 6.9 est disponible au tarif de 5 499€ et la version premium le CF Team est affiché au prix public de 10 000€ tout rond. Il faudra débourser 3 699€ pour s’offrir le magnifique kit cadre du CF Team dans une version bleue racing. Nous avons pu avoir à l’essai le Spicy CF 8.9 disponible au tarif de 6 999€.

L’équipement du Spicy CF 8.9

Dès les premiers coup d’œil sur notre Spicy 8.9, on remarque rapidement que ses composants sont assez premiums ce qui offre un rapport prix/équipement très correct. Il n’y a rien à changer, notre Spicy est prêt à rouler sur les sentiers les plus exigeants. Sans crainte d’exploser du matos. On retrouve un duo de suspensions Factory de chez Fox, un ensemble freins & transmission Shimano XT et une bonne paire de roues DT Swiss EX1700 chaussée de très bons pneus Schwalbe. Il est clairement race ready ! Voici le détails de l’équipement :

Géométrie du Lapierre Spicy CF

Le nouveau Lapierre Spicy est disponbile en 5 tailles bien distinctes allant de XS à XL. On peut noter l’apparition de la taille XS (Isabeau Courdurier ne doit pas y être pour rien). Sa géométrie se voit modernisée et ça lui fait un bien fou ! Sa précédente version s’est vue, avec le temps, repositionnée plutôt comme un gros all-mountain qu’un enduro taillé pour la race et le bikepark. En configuration d’origine (Mullet et High Pivot), le Reach du nouveau Spicy s’allonge de 20mm par rapport à son prédécesseur pour désormais afficher 460mm en taille M). On retrouve des bases arrières courtes de 440mm sur notre taille M ( 440mm de XS à M, 445mm en L et 450mm en XL). Son angle de direction s’ouvre d’1,5° supplémentaire pour afficher 63,5° et l’angle de tube de selle se redresse à 78° (3° supplémentaire par rapport à l’ancien Spicy).

Aspects pratiques et finition

La finition du nouveau Spicy est dans l’ensemble très bonne mais nous avons pu constater quelques petits défauts qui viennent légèrement ternir ce bilan ultra positif. Commençons par ce qui est super : la peinture. En plus d’être bien réalisée, elle s’est montrée très robuste et même après presque deux mois d’essais intensifs, elle n’a pas bougé. On est forcé de constater que la peinture n’a pas un seul éclat ni une seule micro rayure (ce n’est pas faute d’avoir rouler à 80% dans le gras). Le seul défaut que nous avons pu lui trouver c’est au lavage, il faut un peu d’huile de coude pour enlever les taches de boues sur les parties claires de cette belle peinture mat. Avec ce coloris, un simple coup de jet ne suffit pas, il faut au moins avoir une brosse et un nettoyant afin d’enlever la terre qui s’accroche à la peinture.

Les protections du nouveau Spicy sont à la hauteur des attentes que l’on peut avoir sur un super enduro fait pour encaisser. Au niveau du down tube on retrouve un premier pad en caoutchouc entre la box et le pédalier qui est complété par cette même box qui fait office de protection. Ce qui permet de pouvoir remplacer facilement la protection en cas de casse. En revanche, la trappe de la box est en plastique dur et a tendance à se rayer facilement. Pour les plus américains d’entre vous, on retrouve en haut du down tube un autre pad en caoutchouc permettant de protéger son Spicy lors des transports en pick-up.

Au niveau du triangle arrière, le bilan est plus mitigé. On retrouve des protections généreuses au niveau du passage de chaine sur le hauban et sur la base arrière. Cette dernière remonte d’ailleurs assez haut jusqu’au pédalier mais est malheureusement trop mince. En config point de pivot bas, la chaine vient heurter le cadre et abîme la peinture et le carbone.

Le cadre du Spicy CF est équipé de garde-boues permettant de protéger l’amortisseur et la cinématique des projections. En configuration Low Pivot, il n’a pas un mais bien deux garde-boues. Lorsque l’on roule le vélo en High Pivot seul le garde-boue supérieur demeure sur le cadre.

Un peu plus haut, je vous parlais de la box, celle-ci offre un large accès à l’intérieur du cadre. Elle est d’origine est fournie avec une sacoche de rangement permettant d’éviter les bruits parasites. Au vu de la largeur du cadre et de la profondeur du logement, c’est super facile d’embarquer le nécessaire de réparation. Pour ceux qui aiment crapahuter en montagne cela permet d’avoir un fond de sac (euh.. de cadre) avec une petite veste coupe vent qu’on peut venir glisser quasiment jusqu’à la douille de direction. Seul point négatif, la manipulation de la trappe n’est pas très bien finie et il est parfois difficile de la verrouiller. D’autant plus, que sur notre modèle de pré série, il n’y avait pas de joint d’étanchéité et la boue se fait un malin plaisir à venir s’agglomérer dans la boite. Après confirmation de l’équipe Lapierre, les modèles vendus au grand public bénéficieront d’un petit joint d’étanchéité permettant d’éviter ces infiltrations et de garder la box au sec.

Passons au changement de cinématique et à sa manipulation. Disons le clairement, nous ne sommes pas parvenus à faire l’opération à cause d’une vis capricieuse… Lorsqu’on a souhaité changer la biellette, l’une des vis en Torx 25 serrée à 12Nm avec de la patte de montage n’a pas voulu coopérer ! Malgré un bon embout Facom et en étant précautionneux, la vis nous a résisté et l’empreinte de la vis a fini ronde. Une belle vis de 6mm Allen comme l’on retrouve sur beaucoup de bike aurait été selon nous plus opportune.

Pour clôturer cette rubrique, l’intégration des câbles et des gaines est proprement réalisée. Comme sur son GLP3, Lapierre a pensé à proposer une solution plus simple si besoin. On sait que les jeux de direction intégrés sont moins pratiques lorsqu’il faut passer à l’atelier. Le Spicy CF hérite du Race Ready Routing. Des inserts au niveau de la douille direction permettant de faire passer les gaines et durites de façon plus classique.

Lapierre Spicy CF 8.9 – L’essai Terrain

Nous avons eu l’occasion de rouler le Spicy 8.9 pendant quasiment deux mois. Il fait d’ailleurs parti des participants de notre grand comparatif de VTT enduro qui sera prochainement publié. Beaucoup de testeurs enDHuroBike l’ont roulé mais je suis sans aucun doute celui qui a le plus roulé avec. Je l’ai emmené partout ! J’ai fait du bike Park, de la montagne et du VTT enduro à la pédale. Morzine, Samoëns, les 7 Laux, Chartreuse… Une chose est sûre : notre Spicy CF 8.9 a vu du territoire ! Avec Hugo, nous l’avons roulé en Low et High Pivot tout en conservant sa roue arrière en 27,5″. Nous n’avons pas eu l’occasion de le rouler en full 29 pouces.

Le D+

Nous avons commencé à rouler notre Lapierre Spicy CF 8.9 en Low Pivot pour réaliser des sorties à la pédale. Une chose est sûre, en cette configuration, on se voit sans soucis partir à la journée à la pédale sur des sorties type enduro ou bien même crapahuter en montagne. Ne vous attendez pas à un foudre de guerre dans le D+. Il pédale convenablement et finalement assez bien pour un vélo de ce gabarit. C’est génial de se dire que désormais on pédale avec des VTT qui ont les débattements qu’avaient les anciens VTT freeride !

Son tube de selle bien redressé offre une position au pédalage très confortable. On est bien installé à son guidon. Le Spicy pédale bien au train mais il est inutile d’essayer de relancer en force sur les pédales. Au guidon du Spicy l’objectif est clair, monter à son rythme pour profiter un maximum de la descente.

Je l’ai trouvé assez agile et plutôt bon dans les sentiers sinueux de montagne. Le mullet est un vrai avantage lorsqu’il y a des changements de rythmes sur le sentier. La petite roue arrière offre de la réactivité et permet d’accélérer rapidement. Le Spicy tourne bien malgré son grand débattement. Avec une roue de 29 pouces à l’arrière, ses capacités au pédalage seront certainement améliorées. Avec l’expérience, on constate régulièrement que les VTT full 29″ ont un meilleur rendement et plus de grip et de motricité.

Les sessions bike Park approchant, nous avons récupéré un autre Spicy 8.9 High Pivot. Dans cette configuration, ce n’est plus le même vélo, même en montée. Dès que tu poses tes fesses sur sa selle, tu comprends vite qu’il n’a pas pas le même rendement. On sent pas mal la friction au niveau de la poulie de renvoie, surtout par nos conditions grasses en Rhone-Alpes. En High Pivot, on perd donc en polyvalence.

Le D-

C’est en descente que nous attendions ce nouveau Lapierre Spicy ! Deux cinématiques, deux VTT différents qui sont proches sur certains points. Dès sa prise en main, j’ai été légèrement gêné par la selle. Le tube de selle est très court et l’insertion de la tige de selle télescopique est limitée. Sur des franchissements d’obstacles et dans les virages, on ressent pas mal la selle entre les cuisses. C’est assez léger et ça n’altère en rien le très bon fonctionnement du nouveau Spicy mais on pourrait avoir plus de liberté de mouvements.

Dès qu’on attaque la descente, on ressent une sensation de confort incroyable. C’est un vrai canapé ! Le Spicy donne l’impression d’avoir du débattement à l’infini. Même quand c’est très accidenté et que l’on consomme tout le débattement, on ne sent pas le vélo venir en butée, ça ne claque jamais. La position accentue ce sentiment de confort et ce, même dans la pente. Le poste de pilotage est assez haut, ce qui donne confiance au pilote même dans des pentes très raides. Seule inconvénient : la roue avant est plus difficile à charger. Une fois l’avant bien chargé, la Fox 38 Factory fonctionne à merveille le Spicy se montre également très précis.

Le nouveau Lapierre donne confiance, l’angle se met facilement à son guidon et on arrive à se pencher dans les appuis sans se poser de questions. (Toujours à condition d’avoir la bonne position). Car nous avons pu remarquer qu’avec son angle assez ouvert, sur des traces relativement plates comme des bleues avec virages relevés, le Lapierre Spicy a un peu plus de mal à s’exprimer. Si on est trop sur l’arrière, on a la sensation de peiné à refermer ses virages. On ressent qu’il a besoin de vitesse pour vivre! Dans les deux configurations, le Spicy est étonnamment maniable. Avec son gabarit, nous avions peur d’avoir à piloter un char d’assaut. Au final, c’est un énorme enduro qui offre des sensations de pilotage légères et se montre super agile.

Mine de rien, le Spicy est un VTT qui incite à sauter ! Il a du pop, c’est remarquable ! On a confiance et on a toujours envie de sauter plus loin et plus haut ! Son comportement en l’air est assez sain et prévisible. Ce qui fait de lui le bon copain, même pour ceux qui ne sont pas trop à l’aise sur les sauts.

En Low Pivot, le Spicy se veut encore plus maniable et dynamique. J’ai adoré cette configuration pour rouler des sentiers sinueux où l’on roule à vitesse modérée pour prendre les nombreuses épingles. Il tourne aisément et offre une très bonne réactivité. J’ai ressenti les même sensations qu’avec le GLP3, on sent le vélo bien équilibré. On prend appui très facilement avant son épingle puis c’est facile de basculer son poids sur l’avant afin de remettre sa roue arrière dans le bon axe.

En High Pivot, dès les premiers tours de roues, on sent que le vélo nous propulse vers l’avant pour prendre de la vitesse, c’est bluffant. Plus on pousse sur le Spicy, plus il renvoie de l’énergie et donne l’envie de rouler toujours plus vite. Son point fort en High Pivot, c’est clairement la vitesse et la performance. Il est un peu moins maniable et dynamique qu’en Low Pivot mais cela reste très bon au vu de la stabilité qu’il offre dans cette configuration. Le confort et le grip sont eux aussi accrus.

Nous avons également remarqué qu’en High Pivot, on ressentait plus la souplesse du triangle arrière qu’en Low Pivot. Au point même sur certains appuis d’avoir la sensation d’un pneu arrière légèrement dégonflé. Ce n’est pas un point négatif puisque cela permet d’apporter de la tolérance, du grip et du confort. Mais ceux qui aiment les vélos hyper rigide préfèreront le mode Low Pivot. Lapierre indique d’ailleurs avoir travaillé la rigidité du triangle arrière de sorte qu’il soit plus fiable que son prédécesseur. Les ingés ont rajouté un renfort (un pontet) au niveau des haubans afin de fiabiliser la machine.

Que ce soit en High Pivot ou en Low Pivot, nous avons pris énormément de plaisir au guidon de ce nouveau Lapierre Spicy. Un plaisir qui est différent selon la cinématique utilisée. En Low Pivot, c’est un vrai petit jouet vif et dynamique permettant de jouer avec le terrain, excellent sur des sentiers alpins. En High Pivot, c’est une vraie machine de race et à bike Park, sur lequel on prend toujours plus de plaisir à pousser pour prendre de la vitesse et rouler vite à son guidon, même lorsque le terrain est très accidenté ! Et vous l’aurez compris, il est tolérant et plutôt clément avec son pilote en pardonnant ses erreurs de pilotage.

Lapierre Spicy CF 8.9 : C’est l’heure du bilan !

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Test du Lapierre Spicy CF 8.9 en vidéo