Test | LAPIERRE e-Zesty V2 : Une sacrée trempe !

La catégorie « VTTAE Light » existe depuis maintenant quelques années. Lapierre avait d’ailleurs fait parti des précurseurs en proposant il y a maintenant plus de 3 ans, son e-Zesty léger et à double facettes. Nous avions testé ce vélo d’un nouveau genre et trouvé le concept intéressant mais pas assez abouti. Nous voilà en 2023 avec un e-Zesty plus affûté et équipé du moteur Fazua plus coupleux et puissant. Exit le vélo 2 en 1, place à un vrai e-Bike light qui s’assume. Alors que donne ce vélo tricolore face aux cadors du segment que nous avons pu tester précédemment ? L’heure du Verdict a sonné pour le nouveau Lapierre e-Zesty !

Doté du moteur Fazua Ride 60 qui se veut compact et discret, le nouveau Lapierre e-Zesty s’inscrit dans la catégorie des VTTAE à assistance légère. Il a un châssis 29 pouces typé Trail/All Mountain entièrement en carbone proposant une toute nouvelle cinématique développant 140mm de débattement.

Avec 60Nm de couple maximum affiché, le nouveau moteur Fazua semble bien mieux armé que l’ancien Ride 50 qui équipait le Lapierre e-Zesty ancienne génération. On retrouve d’ailleurs une différence significative sur le terrain avec une bien meilleure prestation et expérience d’agrément. Le moteur Fazua Ride 60 est couplé à une batterie de 430Wh ce qui promet tout de même une belle autonomie sur un VTT à assistance électrique aussi léger !

Les poids annoncés sont de 1,96 kg pour le moteur et 2,2 kg pour la batterie soit un ensemble moteur/batterie d’environ 4,2 kg. Nous avons pesé ce Lapierre à 18,1 kg, ce qui est plus léger que la concurrence directe du Pivot Shuttle SL ou encore du Trek Fuel EXe.

L’unité de commande Fazua est assez simple avec une manette qui permet de switcher entre les 3 modes de fonctionnement : Breeze, River et Rocket. Un mode marche est également possible et on peut activer un Boost poussant la puissance 350 à 450 Watts pendant 4 ou 12 secondes suivant les conditions. L’unité centrale intégrée au Top-Tube propose un affichage Led qui change de couleur suivant le mode choisi. En relevant le bloc, il est possible de brancher un téléphone ou un accessoire via un prise Usb-c qui sert également pour connecter le vélo à un pc lors des opérations de maintenance.

Niveau interface, l’appli Fazua permet de configurer chaque mode d’assistance de manière très poussée. On peut ainsi choisir la progressivité de l’assistance, le degré d’assistance et la courbe en fonction de la force appliquée sur les pédales. Cela s’adapte également au profil du pilote (niveau physique, préférences…). J’ai trouvé l’application moderne et intuitive, mais parfois un peu capricieuse au niveau appairage avec le vélo.

L’équipement

Notre modèle d’essai est donc la version « petit bras » avec une Pike devant et un équipement optimisant sur le papier le pédalage. Il existe la version 9.4 un peu plus costaud pour ceux qui veulent un programme plus engagé. Quoi qu’il en soit, cette version LTD est plutôt équipée correctement pour le programme notamment avec cette paire de roues carbone maison ! Sympa à ce tarif. La transmission et les freins en Shimano XT font parti des références du segment et la monte pneumatique d’origine est dimensionnée pour un trail mais pas plus avec des carcasses assez légères. Au final, seule la tige de selle imitation Kashima nous aura un peu laissé perplexe.

Les chiffres

Un Flipchip présent sur l’ancrage inférieur de l’amortisseur permet d’avoir le choix entre 2 configurations de géométries différentes pour rouler soit en 29 pouces soit en mullet. Nous avons roulé le vélo en configuration d’origine en 29 pouces. Sur la taille L que nous avons roulé, le vélo présente des cotes plutôt classiques avec un Reach de 480mm et un empattement de 1246mm. L’angle de chasse ouvre à 65° et celui du tube de selle à 77°. Les bases arrières varient en fonction de la taille et font 440mm en L. La taille L est ainsi recommandée pour des pilotes d’1m76 à 1m86. Dans l’ensemble, les cotes de ce Lapierre sont plutôt standards et dans la moyenne de ce que l’on voit sur des bikes de trail ou petit all mountain.

LAPIERRE e-Zesty AM LTD – Look & Finition

Look

Comme pour tous les autres VTTAE légers, le e-Zesty cache bien son assistance et elle ne se voit qu’en y regardant de près. Le look est classe et épuré. La ligne globale apporte de la légèreté au vélo. Il est très réussi et présente un coloris mat original. On voit que le e-Zesty est un vélo polyvalent avec des angles pas trop agressifs mais cela lui va bien. La version 9.4 plus costaud dispose d’un coloris bleu que je trouve personnellement un peu moins sympa. Plus de choix dans les coloris aurait été un plus à mes yeux.

Finition

La finition du e-Zesty est bien supérieure à celle de la précédente version. On a pu cependant relever des points qui pourraient encore s’améliorer. Pour commencer, la peinture à la teinte assez belle, se trouve très salissante et s’incruste rapidement de traces de terres ou de gras qu’il est difficile de nettoyer. Notre modèle d’essai n’avait pas de kit de protection mais il peut être d’autant plus judicieux de penser à lui en mettre un si vous achetez ce vélo. Question solidité, celle de la peinture est tout de même bien au rendez-vous !

Les protections de cadre sont un peu minimalistes, que ce soit sur le triangle arrière côté chaîne ou sur le Down-tube. La protection de chaîne fait le job tout de même niveau bruit. Celle du Down-tube est très light pour un programme all-mountain. De plus, elle est évasée au milieu laissant apparentes des ailettes moteur. Top pour le refroidissement mais moins top en ce qui concerne la protection de cette pièce maîtresse qu’est le moteur. Ainsi exposée, il est facile de deviner que les cailloux se feront un plaisir de grignoter ces petites ailettes … Un petit point surprenant, Lapierre à positionné une protection « à l’américaine » pour ceux qui transportent leur vélo dans un pick-up.

La câblerie est quant à elle très bien intégrée au niveau du jeu de direction. Les câbles ressortent peu, l’ensemble est esthétique et fonctionnel. C’est juste un peu plus complexe lorsque vous voulez changer la fourche ou le jeu de direction en atelier.

La tige de selle imitation Kashima de chez Lapierre est assez étrange. Elle dispose de pas mal de frictions internes et le traitement de surface doré s’est usé prématurément. Disons que cet aspect doré semble n’être là que pour le look !

Côté électrique, du bon et du moins bon. La prise de recharge aimantée est très qualitative en plus d’être très pratique. L’afficheur Led intégré au Top-Tube fait aussi très propre, ce qui n’est pas le cas de la manette de commande faite dans un plastique dur qui tranche avec le reste. Elle demeure par contre très ergonomique et facile d’utilisation. Elle peut aussi s’ouvrir rapidement pour un nettoyage et c’est une bonne chose car lors d’un roulage en condition très boueuse, la commande avait une fâcheuse tendance à se bloquer avec la saleté qui se mettait dans le mécanisme. RIP à cette petite commande suite à mon OTB dans les cailloux du Semnoz… Tout en plastique, elle est exposée et fragile.

Ergonomie

Le côté pratique du cadre a été bien travaillé avec un emplacement de porte bidon assez vaste pour emmener toute l’eau dont vous avez besoin. Pas d’emplacement supplémentaire ni de box de rangement interne en revanche.

Concernant la partie assistance, pour moi qui roule assez peu en électrique, je n’ai pas ressenti le besoin d’avoir les informations de vitesse ou de kilométrage comme on peut les avoir sur les gros VTTAE. J’ai bien aimé ce côté simpliste avec les petites led de couleur pour ne pas encombrer le vélo. C’est cependant un point qui pourra gêner les férus de données en tout genre. Dernier point, la batterie n’est pas démontable en plug and play, ce qui peut être un critère décisif pour ceux qui habitent en appartement.

LAPIERRE e-Zesty AM LTD – Place à l’action

Avec Hugo, nous avons majoritairement roulé le vélo en configuration d’origine sur nos pistes habituelles. J’ai cependant « endurisé » la bête pour l’emmener en Haute-Savoie et dans le Var. Fourche en 150mm, grips plus épais et vraie paire de pneumatiques robustes (les Pirelli Scorpion Race Enduro M et leurs 1,260 kg par boudin). De quoi envisager du ride costaud au guidon du Lapierre !

Position

La prise en main du Lapierre est immédiate comme sur beaucoup de vélos à géométrie moderne. La hauteur du poste de pilotage est d’origine assez basse ce qui positionne le pilote un peu sur l’avant. Pour un L, le guidon en 760mm de largeur paraît presque court pour les amateurs de D- que nous sommes ! La tige de selle et ses 170mm de débattement sont bienvenus et suffisants pour moi et mes grandes jambes sur ce e-Zesty. La selle Fizik d’origine ne m’aura pas du tout convenu. Il est rare que je me trouve aussi mal sur une selle d’origine. Les grips d’origine sont également très fins. Un peu trop pour ceux qui ont de grosses paluches comme Hugo.

Dans le D+

Le vélo est vraiment efficace sous les coups de pédales et la cinématique pompe très peu. Le blocage d’amortisseur est inutile sauf à la limite si comme moi vous tapez une très longue ascension sur goudron pour monter en haut d’un col. Hugo qui a également testé le Pivot Shuttle SL équipé du même moteur Fazua a clairement ressenti un dynamisme supérieur à la montée. Aux commandes du Lapierre, l’avant paraît léger et le vélo se place très facilement avec une belle maniabilité. Dans le raide, on peut garder une position centrale sans que la roue avant ne cabre exagérément. Même en 150mm devant, le vélo s’est montré bon grimpeur et très maniable. La limite du vélo est dans le raide et le technique où on sent qu’il est même un peu trop vif et qu’il manque de motricité. Inutile dans ce cas d’enclencher le mode Rocket qui rend le e-Zesty encore plus difficile à maitriser.

Concernant les modes d’assistances, si le mode Breeze (vert) vous donne l’impression d’être très en forme aux commandes d’un VTT traditionnel, c’est dans le mode River (bleu) que j’ai préféré rouler le Lapierre e-Zesty sur les sorties en montagne avec beaucoup de dénivelé. La consommation est nettement plus importante, mais l’assistance également. Cela permet de passer de gros raidars là ou le mode Breeze ne vous le permettra pas (sauf si vous en avez gros sous la pédale). On peut régler la progressivité et la réactivité du moteur via l’application Fazua afin de personnaliser chaque mode selon ses goûts. L’assistance moteur se fait sans à-coups, que ce soit à l’enclenchement, quand l’assistance se coupe à 25 km/h ou à l’arrêt du pédalage. C’est plutôt très agréable à l’utilisation surtout qu’il reste assez discret pour les oreilles.

Globalement, le mode Vert a un intérêt si vous roulez avec des musculaires ou bien si vous devez gérer votre autonomie sur un trip ou une grosse sortie. Pour tout le reste, il y a le mode bleu bien plus sympa ou le violet si vous n’avez pas le temps ou que vous attaquez de la grosse pente pas trop technique !

Aux rayons des bonnes surprises, le duo moteur/batterie offre une très belle autonomie. Avec mes 82kgs j’ai pu boucler des sorties de 38km et 1200m de D+ en mode bleu et vert par alternance avec 20% de batterie restante. Si vous roulez en mode Breeze (vert), vous pouvez vraiment prévoir une grosse journée de ride. Lapierre propose en plus une batterie additionnelle qui pourra se fixer au niveau du bidon.

Dans le D-

Nous avons donc emmené ce petit Lapierre sur une belle variété de terrains. De quoi vous donner un ressenti terrain assez exhaustif !

Confort

Le confort est un élément relatif sur un vélo en carbone équipé de roues carbone et d’un guidon en carbone. Disons que le Lapierre s’en sort tout de même pas trop mal vu la fiche technique d’un vélo affûté ! On ressent les 140mm de débattement arrière mais pas plus. A l’avant j’ai trouvé la nouvelle Pike vraiment efficace et plus smooth que l’ancienne dans cette version e-bike. Elle est pour le coup assez agréable à l’utilisation. Elle dispose également de plus de maintien en fin de course sur la version Ultimate, ce qui permet de garder du confort à l’avant grâce à une pression plus basse. La suspension arrière est relativement linéaire mais on ne vient pas taper au fond facilement pour autant. En montagne, un amortisseur un peu plus costaud aurait pu être le bienvenu pour éviter qu’il ne chauffe trop. Reste que l’ensemble d’équipements en carbone vient apporter de la raideur au vélo qui pourrait offrir plus de confort avec un montage moins radical.

Freinage

Les Shimano XT M8120 sont des freins qui font référence en matière de qualité de freinage. L’ergonomie du levier est parfaite et la puissance est suffisante pour une pratique Trail. J’ai tout de même trouvé les limites des freins en montagne sur ce vélo un peu plus lourd qu’un musculaire. La puissance peut parfois être mise en défaut en plaquettes résine. Les plaquettes métalliques permettent normalement de garder la puissance plus longtemps. Autrement le vélo se comporte assez bien aux freins. C’est un vélo un peu dans le style fine lame où la précision est importante mais il fonctionne bien et ne dribble pas trop. Le Dissector à l’arrière fait office de référence pour ralentir la machine.

Grip

Les pneus d’origine du Lapierre sont pertinents et qualitatifs pour assurer du grip en virage. Ils sont meilleurs sur sec que sur mouillé mais restent tout de même polyvalents et bien dans le programme. Le vélo est assez naturel sur l’angle et on trouve le grip facilement sans mettre à mal les carcasses légères des boudins. En version 150mm devant, il gagne encore un peu sur ce point grâce à une position un peu plus sur l’arrière et un avant un peu mieux dimensionné pour attaquer en descente.

Maniabilité / Dynamisme

Le petit guidon en 760mm est un peu déroutant au début mais ce qui est sûr, c’est que la maniabilité s’en trouve améliorée. Le vélo est de base très dynamique sur les changements d’angles grâce notamment à des roues ultra légères qui virevoltent sans rechigner. Quand au dynamisme, il n’en manque pas ! Pour un VTTAE, c’est assez sympa d’avoir un vélo aussi popy ! Il peut d’ailleurs l’être un peu trop car même en réglant le rebond de l’amortisseur au minimum, le vélo garde pas mal de rebond. Avec la Pike en 140mm d’origine c’est vraiment un petit All Mountain super sympa en petite forêt pour s’amuser à pousser sur la machine pour passer d’un appui à l’autre. Le surpoids lié à l’assistance ne se ressent absolument pas.

Stabilité / Franchissement

Si la maniabilité est grande sur le eZesty, la stabilité s’en trouve un peu entâchée. On ne peut pas tout avoir ! Le petit Lapierre s’en sort mais n’apporte pas vraiment de sensation de rail quand ça va vite. On se fait un peu brasser et il faut contrôler la fougue de cette petite bombinette. Pour le franchissement, on ressent le côté petit bike exigeant et il n’inspire pas une confiance absolue de prime abord. Dans le cassant avec des marches ou épingles, il paraît un peu frêle et la roue avant aura du mal à corriger une trajectoire mal choisie. Il pardonne un peu mieux avec la fourche en 150mm mais reste quand même plus délicat que ses concurrents sur cet aspect.

Fun / Accessibilité

Le Lapierre réussi son pari de faire oublier son assistance en descente. Le vélo est une belle réussite et on prend vraiment un grand plaisir à son guidon. Je me suis régalé avec ce petit bike au tempérament bien pimenté. Pour moi qui ne roule jamais en VTTAE, c’est un très bon point. J’avais même du mal à le lâcher. Hugo a été un peu plus réservé. Il l’a trouvé assez délicat à maitriser sur des spots avec plus de vitesses et de largeur de pistes. Disons que c’est un vélo accessible et fun dans son segment mais que le pilote qui voudra l’emmener à vive allure sur des pistes engagées aura besoin d’un certain niveau technique et physique pour dompter la bête. Une accessibilité qu’on pourrait qualifier de double face.

LAPIERRE eZesty LTD – c’est l’heure du bilan

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Test du LAPIERRE e-Zesty en vidéo

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